Undp: Tu m’exclus, je t’exclus

Par Jacques Doo Bell | Le Messager
- 09-Aug-2004 - 08h30   59269                      
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Maïgari Bello Bouba, président national de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) et Célestin Bedzigui, vice-président s’excluent mutuellement du parti.
Le 4 août 2004, Maïgari Bello Bouba, président national de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) a notifié au vice-président du parti une décision d’exclusion de ce dernier qui date du 10 mai 2002. Réponse du berger à la bergère, hier 8 août 2004, Célestin Bedzigui a signé de son côté une décision excluant le président. M. Bello reproche à Célestin Bedzigui d’avoir “posé un acte déviationniste et refusé d’appliquer les décisions prises par les organes du parti, le tout caractérisé par : la dénonciation de la plate-forme d’action gouvernementale conclue entre le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) et l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp), et l’engagement de pourparlers avec d’autres partis politiques susceptibles de mettre en cause la crédibilité et les engagements du parti, alors que le congrès de l’Undp réuni à Maroua les 5 et 6 janvier 2002 a réaffirmé l’attachement du parti au respect de ses engagements.” On se souvient en effet qu’en 2002, Célestin Bedzigui et Maïdadi Saïdou à l’époque vice-président du Sdf avaient entrepris des discussions, sans l’engagement formel de leurs partis respectifs pour trouver les voies et moyens de parvenir à l’alternance démocratique au Cameroun. Des discussions qui se sont élargies à d’autres formations politiques et qui ont pris fin dès la convocation du corps électoral en vue du double scrutin de juin 2002. Hémorragie Par ailleurs, les prises de position publiques de Célestin Bedzigui contre la conduite de la plate-forme gouvernementale Undp-Rdpc étaient également embarrassantes pour le président national qui est entré dans le gouvernement en qualité de ministre d’Etat. Pour tout dire, rien n’allait plus, non seulement entre MM. Bello et Bedzigui, mais le malaise dans le parti est aussi visible que le nez au milieu du visage. Depuis, le parti est presque paralysé et a vu bon nombre de ses cadres claquer la porte ou se tenir à l’écart. C’est notamment le cas de Issa Tchiroma qui anime depuis un peu plus d’un an ce qu’on appelle la dynamique du Nord qu’il représente lui aussi au sein de la Cnrr. C’est aussi le cas du ministre du Tourisme, M. Hélé Pierre démissionnaire de l’Undp, mais qui reste dans le gouvernement, on ne sait très bien sur quelle entente avec Paul Biya. Chez les contestataires, on parle de la démission des 3/4 des membres du Comité central et du bureau politique. L’autre fait marquant est que l’Undp, partenaire du Rdpc dans la plate-forme gouvernementale n’est pas à l’abri des manoeuvres frauduleuses de celui qui contrôle toute la machine électorale par le truchement des autorités administratives. Ainsi, l’Undp qui jouissait d’une bonne couverture nationale avec 68 députés en 1992 ne dispose plus que d’un singleton depuis 2002 à l’Assemblée. Qui plus est, les instances dirigeantes du parti ne se réunissent même plus. Certains cadres du parti vont jusqu’à accuser le président et le secrétaire général Pierre-Flambeau Ngayap de falsifier les statuts du parti pour les besoins de leurs propres causes. Une action en justice contre les deux hommes seraient également imminentes. En attendant, le vice-président du parti s’appuie sur “les circonstances exceptionnelles qui commandent une clarification du jeu politique” pour exclure définitivement de l’Undp Maïgari Bello Bouba pour “haute trahison, incompétence notoire et personnalisme exacerbé.” Comme on peut le voir, l’Undp qui n’a cessé de s’effriter depuis 1994 est aujourd’hui à l’image de l’Upc qui a donné le jour à de nombreuses excroissances. L’Undp compte elle aussi l’Andp de Hamadou Moustapha, la Dynamique du Nord animé par Issa Tchiroma, en attendant de voir la trajectoire réelle de Hélé Pierre. A quelques semaines de la présidentielle, on verra sans doute d’autres car le moment est fort propice pour les adversaires de Maïgari Bello Bouba de montrer qu’il contrôle peu ou prou la formation politique qu’il revendique et qui en réalité a fusionné avec le parti de l’Alliance libérale de Célestin Bedzigui.




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