Zoétélé (Sud): Le sous-préfet, le guérisseur et les villageois

Par Albert NNA | La Nouvelle Expression
- 11-Jun-2005 - 08h30   73286                      
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Une séance d’exorcisme interrompue par le sous-préfet met le village de Ngolbang en ébullition. Après l’arrestation du guérisseur et d’une vingtaine de villageois, molestés et déférés à Sangmelima, la population exige le départ du chef de terre.
Vendredi 27 mai 2005, la communauté de Ngolbang, (bled de 500 âmes environ, situé à 13 km de l’arrondissement de Zoétélé) est dans l’émoi lorsque que le nommé Minkama, guérisseur exorciste, convoqué pour une séance de purification du village, débusque plusieurs maléfices dans la maison du chef Afa’a. Deux petites bouteilles, l’une contenant du sang humain et l’autre de l’eau ayant servi à laver des cadavres, à en croire les propres révélations du guérisseur. Autres objets, une vieille chemise “qui servait de pare balle au chef de village en sorcellerie " (Sic) soutient un villageois avec sarcasme et ironie. La pire des découvertes survient quelques instants après, lorsqu’une vieille femme, la nommée Ntyam Naomie se fait démasquer à son tour par le guérisseur, qui vient de s’emparer de son "avion mystique et maléfique". Une vieille lance en fer, rongée par la rouille et coiffée de deux plumes de hiboux. L’objet est soutenu à chaque bout par un gros cadenas noir. “C’est avec cet arsenal quelle assassinait les gens du village, bloquait l'intelligence des élèves et même les jeunes hommes et femmes qui n’arrivaient pas à contracter les mariages“, confie un disciple de l’exorciste. Toujours parmi les malfaiteurs de l’ombre, quatre Jeunes gens : Nkili Abessolo, Tengue, Pemba et Abossolo, tous en service aux Impôts à Yaoundé, sont accusés d’être les fidèles lieutenants du chef de village dans les activités nocturnes. A en croire une villageoise, “ce sont eux qui pourrissent mystiquement le village de Ngolbang“, la séance d’exorcisme va se poursuivre le matin du samedi 28 mai. Bérets rouges Dans la nuit de ce samedi, aux environs de 22 h. le sous-préfet de Zoétélé, Isaac Mboundja, descend sur les lieux (en état d’ébriété, à en croire des témoignages). Le chef de terre, informé que les villageois et le guérisseur avaient molesté puis cassé la maison du chef de village (accusé de sorcellerie), demande aux gendarmes qui l’accompagnent de faire le ménage. Dans la confusion totale, les villageois et le guérisseur exorciste, tenus en respect par les bérets rouges, sont molestés, puis embarqués dans des camions et Jetés dans les cellules de la brigade de Zoétélé. Avant cette rafle, le sous-préfet de Zoétélé venait de mordre le bras d’une vieille veuve qu’il avait tentée de gifler dans la mêlée. Dimanche matin, 30 mai, une trentaine de villageois sont toujours détenus dans les cellules de la gendarmerie de Zoétélé. Sous la haute surveillance de plusieurs autres bérets rouges, venus en renfort de Sangmelima. Mais, les conditions de détention de ces villageois ne sont pas des plus humaines. A en croire un jeune détenu, libéré 24 heures après , "les gendarmes ont arraché l’argent et les téléphones portables des détenus pour les empêcher de communiquer avec l’extérieur. En outre, un jour et demi, nous sommes restés affamés. Impossible d’aller faire nos besoins. Les gendarmes nous ont demandé de faire nos besoins dans les cellules. Le commandant ne voulait pas qu’on nous rende visite“. Toujours dans cette atmosphère de confusion, qui accroît le courroux des habitants de Zoétélé, un ancien député de l’arrondissement, Valère Afa’a, est molesté dans la journée du mercredi 1er juin par le commandant de brigade et ses éléments. Enveloppe. Grâce à l’intervention d’un homme d’église de la contrée, la victime est conduite de toute urgence à l’hôpital central de Yaoundé. Une série d’arrestations et de tortures commanditées pour d’aucuns par le sous-préfet, avec les manigances de Tengue et Nkili Abessolo (ce dernier serait un ancien camarade de banc du chef de terre) et que les villageois accusent d’avoir remis une enveloppe de 200.000 F Cfa au sous-préfet pour lui demander de torpiller la séance d’exorcisme. Ce que Isaac Mbondja réfute en bloc, soutenant mordicus que, les villageois et le guérisseur ont molesté, puis cassé la maison du chef de village. Il fallait intervenir pour remettre de l’ordre dans le village. Pour le moment, parmi les villageois arrêtés et déférés à Sangmelima. 15 sont toujours en détention, y compris le guérisseur exorciste Mlkama. Les populations de Zoétélé et de Ngolbang exigent purement et simplement la destitution de Isaac Mboundja qui, après avoir donné son accord pour la séance d’exorcisme, l’a par la suite interrompue. Comme le soupçonne l’un des villageois en colère. “il soutient les sorciers du village et surtout le chef que la communauté villageoise lui a demandé de destituer. Sans suite.”




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