Plaidoyer à la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies, descente à l’Hôtel Interncontinental de Genève où réside en ce moment Paul Biya, Moïse Essoh et Brice Nitcheu ont frappé fort et ensemble à Genève ces 24 et 25 février 2012, montrant la voie de l’unité.

M. Essoh (gauche) et B. Nitcheu
Photo: © CODE
Plaidoyer à la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies, descente à l’Hôtel Interncontinental de Genève où réside en ce moment Paul Biya, Moïse Essoh et Brice Nitcheu ont frappé fort et ensemble à Genève ces 24 et 25 février 2012, montrant la voie de l’unité. Une unité qui apparaît non seulement comme un prélude au regroupement de toutes les forces patriotiques et démocratiques de la diaspora camerounaise mais aussi des forces de l’opposition véritable et patriotique de l’intérieur.
Ce week-end sera à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire politique de la diaspora camerounaise. En effet, le principal mouvement actif au sein de cette diaspora, à savoir le CODE a effectué une mutation spectaculaire.
A l’occasion de la commémoration des massacres de février 2008 dont ils ont fait une de leurs dates incontournables, et profitant de la présence, comme très souvent du président camerounais Paul Biya à Genève, les deux groupes du CODE dirigés par Moïse Essoh et Brice Nitcheu, ont mené ensemble deux actions, le vendredi et le samedi 24 et 25 février 2012 à Genève.

M. Essoh (gauche) et B. Nitcheu
Photo: © CODE
Le vendredi 24 février, l’axe diplomatique et politique a été mené le vendredi par une interpellation de la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies à Genève sur l’absence de commission d’enquête indépendante sur ces massacres, malgré les rappels à l’ordre de l’ONU au régime de M. Paul Biya. Lors de l’entretien entre le secrétariat de la Commission des Droits de l’Homme et le Dr Moïse Essoh, délégué des deux groupes pour cette action, la situation des droits humains a été largement abordée, avec l’évocation des tracasseries faites aux défenseurs des droits humains au Cameroun, des affaires Enoh Meyomesse, Vanessa Tchatchou, Michel Thierry Atangana, Paul Eric Kingué, les zones de non droit dans le Nord Cameroun, etc. La Commission des Droits de l’Homme de l’ONU publiera à ce sujet une communication sur son site internet.
Le samedi 25 février, avec des affiches et une poussette pour symboliser l’affaire du bébé volé de Vanessa Tchatchou, Brice Nitcheu et Moïse Essoh ont investi le hall de l’hôtel Intercontinental de Genève, où le chef de l’Etat réside plus de la moitié de l’année. Ils y ont dénoncé la présence de M. Biya dans cet hôtel, fustigé la dilapidation des deniers publics dans ces suites présidentielles louées à l’année, et exigé la résolution des affaires que M. Biya laisse pourrir au Cameroun pour venir se « reposer » en Suisse. Loin du palais présidentiel où il est censé résider pour gérer son pays.

Code: Geneve, Suisse
Photo: © CODE
Au-delà des actions proprement dites, qui méritent en elles-mêmes des analyses particulières, ce qui retient l’attention de ce week-end d’actions du CODE, c’est l’indéniable abnégation des leaders du CODE, et plus encore leur capacité à transcender leurs divergences pour se concentrer sur leurs convergences et la complémentarité de leurs talents. Cette évolution spectaculaire est un fait majeur dans la lutte que ces deux groupes menaient séparément depuis plus de quatre ans.
C’est aussi un formidable message d’humilité, de patriotisme et un exemple politique pour les leaders de l’opposition camerounaise à l’intérieur du pays.
Loin de remettre au placard leurs fortes personnalités et leurs ambitions de participer au redressement du pays, ces deux responsables ont surtout démontré que l’intérêt commun prime sur les intérêts particuliers. Si pour le Dr Moïse Essoh, qui appartient à l’une des organisations politiques les plus collégiales au Cameroun, à savoir l’UPC des fidèles, cet exercice pouvait paraître moins difficile, pour Brice Nitcheu, souvent accusé à tort de rouler pour ses propres intérêts personnels, c’est donc un signal fort en direction du peuple camerounais. A travers cette ferme collaboration sur les actions de Genève, qui n’est qu’une première étape dans le chemin de convergence qui a commencé depuis bientôt 9 mois, ces deux groupes et leurs leaders respectifs ont clairement envoyé deux messages clairs.
Au peuple camerounais, ils ont dit : « Nous vous aimons, vos intérêts sont au dessus de tout, et nous mourrons pour vous, même s’il faut y laisser nos égos personnels et nos intérêts particuliers ».
Au dictateur Paul Biya et à son régime, ils ont dit : « Désormais, nous voici ensemble contre vous. La stratégie de division ne passera plus par nous. Vos jours à la tête de notre pays sont comptés ».
Il reste maintenant aux CODES à confirmer que cette collaboration, qui a été très fructueuse n’était pas un feu de paille, mais qu’au contraire, elle constitue effectivement une étape capitale vers le regroupement des forces politiques démocratiques et patriotiques de la diaspora camerounaise, bien au-delà même des simples membres des groupes désormais convergents du CODE.
Nul doute que les prochaines semaines nous édifierons davantage dans cette perspective.
Il était temps !
Par ESSAMA Benoît Joël,
Correspondant spécial à Genève.
Encart : CODE - La longue marche vers l’unité, mûrissement naturel d’un mouvement patriotique.
Le CODE a été créé en 2003 et regroupait alors pratiquement les principales organisations qui étaient actives au sein de la diaspora, mais qui agissaient aussi de manière éparpillée.
Sous la conduite de TENE SOP, le CODE avait alors organisé les 14-15 mai 2005 un Forum International de la Diaspora Camerounaise, qui avait rassemblé les ténors de la diaspora camerounaise tels que Tene Sop lui-même, Albert Moutoudou, Talla Corentin, Brice Nitcheu, Miaffeu Djonkam, Moïse Essoh, avec des invités de marque tels que Odile Tobner, veuve Mongo Beti, Anicet Ekane, Dr Guerandi Mbara, ou encore Frank Garbely, le réalisateur du film sur l’assassinat de Félix Roland Moumié.
Suite à ce forum, la notoriété du CODE et son renforcement furent aussi les causes de sa fragilité. En 2007, une divergence administrative et stratégique fractionna le mouvement en deux groupes qui, pendant plus de quatre ans, montreront chacun leurs preuves sur le terrain. Si les populations camerounaises et la diaspora appréciaient sans aucun doute les actions de chacun des groupes, elles déploraient cependant la concurrence instaurée de facto. Une concurrence qui par moments, devenait un sérieux handicap pour l’efficacité et la portée de leurs actions individuelles.
Cependant un tournant sera opéré à l’occasion des élections présidentielles d’octobre 2011. En juin et en juillet, on observe déjà des rapprochements entre les leaders des deux groupes. Dr Moïse Essoh et Brice Nitcheu semblent avoir pris langue entre eux. Ils signent ainsi ensemble des communications adressées aux autres responsables politiques de la diaspora, s’activent pour rédiger une prise de position collective par rapport à l’élection présidentielle truquée qui se pointait à l’horizon, et appellent ensemble, avec d’autres organisations, au boycott actif par la diaspora camerounaise de cette mascarade.
Tout au long de la campagne de boycott actif, on sent déjà, dans leurs interventions respectives, un changement significatif démontrant sans aucun doute un rapprochement probable. Si auparavant, ils s’étaient donnés pour consigne de ne pas s’attaquer en public, là, ils parlaient sans retenue de convergence ou de front commun. Pour des leaders de cette trempe, qu’on était habitués à voir se disputer le leadership du CODE, le changement de cap est interpellant. D’ailleurs, ils ne s’arrêteront pas là. En partenariat avec quelques autres militants politiques actifs en de la diaspora, ils travaillent à la création d’un Front de la diaspora camerounaise dans lequel, le CODE réunifié travaillerait avec d’autres organisations ou militants et responsables politiques.
L’action de Genève vient donc confirmer que ces rapprochements et ces convergences n’étaient pas tactiques, mais véritablement stratégiques. D’ailleurs, la portée des deux actions du week-end du 24-25 février 2012 à Genève relève de cette convergence stratégique. D’une part, l’action menée en avril 2010 auprès de la Commission des Droits de l’Homme par le Dr Moïse Essoh et son groupe a été répétée, avec cette fois-ci la collaboration de Brice Nitcheu et son groupe, et d’autre part l’action menée en décembre 2010 à l’Hôtel Intercontinental par Brice Nitcheu et son groupe, a été répétée, avec cette fois-ci, la collaboration du Dr Essoh et de son groupe. Les deux types de stratégies, auparavant concurrentes, sont désormais complémentaires, concordantes et communes.