La compagnie privée camerounaise débute ses vols à l’intérieur du pays ce jeudi, 6 octobre.
A l’unanimité, les opérateurs économiques rencontrés pendant le week-end dernier dans la partie septentrionale du pays, poussent un ouf de soulagement. Selon eux, l’avènement de la National Airways Cameroon (Nacam) dans le ciel de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord arrive à point nommé. C’est ce que confirme M. Ladang Palou, directeur administratif et financier dans une société opérant dans le secteur des vaccins. «La Nacam constituera un relais utile pour le transport de nos importations du Port autonome de Douala vers Garoua. La compagnie vient également résoudre le problème des annulations fréquentes de vols Camair en direction du Grand Nord, dont souffrent énormément les opérateurs économiques de cette région du pays», se satisfait-il. La compagnie aérienne privée, dirigée par le député Jean Marie Assene Nkou, démarre en effet ses activités jeudi 6 octobre 2005. Et, hormis les dessertes de Yaoundé et Douala, ses avions atterriront principalement à Maroua, Ngaoundéré et Garoua.
Le vol inaugural de la Nacam a d’ailleurs eu lieu samedi, 1er octobre dernier, sur l’axe Yaoundé-Garoua-Yaoundé, à bord d’un airbus de type Jak 40. Un avion à réacteur de 24 places et d’origine Russe, dans lequel se sont installés différents partenaires du promoteur, les responsables d’agence de voyage basées à Yaoundé, quelques opérateurs économiques et des journalistes. Une excursion aérienne particulièrement plaisante, tant à l’aller qu’au retour. Des randonnées d’une étonnante brièveté aussi, puisque les membres de l’équipage, un sympathique groupe de techniciens en provenance de la Russie et du Kurdistan, sont parvenus à boucler chaque voyage en 1 heure 40 minutes !
A leurs côtés, dans le cockpit, un invité surprise: le très connu commandant Jean Louis Angounou ! A la retraite depuis l’année 2002, l’ancien pilote du Boeing 747 Combi de la Cameroon Airlines (Camair) a en effet été enrôlé dans l’équipe de la Nacam, en qualité de… parrain. Comme l’explique le concerné lui-même, il n’y est pas question de reprendre les commandes d’un quelconque avion. «J’apporterai toute ma disponibilité et mes conseils dans le domaine technique. C'est-à-dire: la formation des jeunes, la structure des opérations aériennes, le respect de la réglementation concernant l’aviation et la sécurité…», explique-t-il. Appréciant à sa juste valeur l’initiative du député Jean Marie Assene Nkou, le commandant ajoute qu’il prendra très souvent place dans le cockpit des avions de la Nacam, «pour donner certaines directives aux jeunes».
Tarifs
Selon diverss témoignages, la création d’une compagnie aérienne privée nécessite cependant d’énormes moyens, en termes de «suivi des moteurs et maintenance générale». Des éléments qui ont un lien direct avec la sécurité, pour laquelle l’aviation internationale est particulièrement regardante ces derniers temps. «Je ne peut pas m’engager dans une compagnie où ce côté n’est pas respecté. Il y va de ma responsabilité et de ma notoriété», rassure le vieux briscard, comme pour dire que la Nacam propose un service répondant aux normes internationales de sécurité.
Pour le démarrage de ses activités commerciales prévu ce mercredi, la Nacam va ainsi lancer des vols réguliers, au moins une fois par jour, en direction des deux capitales (Yaoundé et Douala) et du Grand Nord (Maroua, Garoua et Ngaoundéré). Qu’en est-il du prix du voyage? Le Pdg de la Nacam, Jean Marie Assene Nkou, annonce que les coûts seront assez démocratiques, malgré la crise pétrolière que vit le monde en ce moment, et qui a une incidence directe sur les compagnies aériennes, grandes consommatrices de carburant. «Nous allons essayer de mettre les tarifs à la portée de tout le monde, mais ce n’est pas facile», a-t-il souligné. Surtout que, en dépit de l’intérêt public du service offert par la Nacam, le gouvernement camerounais n’a pas encore envisagé la possibilité de subventionner le secteur de l’aviation.
En attendant, la Nacam pourra minorer ses dépenses en ce qui concerne la maintenance de ses avions, grâce à un accord signé en fin de semaine dernière Samara Aviation Corporation (Aviacor), une société russe qui entend installer, dans les prochains jours, une base de maintenance permanente à Douala. Un projet qui, indique Sergey Likharev, DG de Aviacor, pourra d’ailleurs servir à d’autres compagnies aériennes de la sous-région Afrique Centrale.
En prévision au très probable flux de clients dans ses différentes dessertes, les responsables de la Nacam annoncent l’acquisition en leasing de deux avions de type Jak 40 de 24 places chacun (18 places en classe éco + 6 places en classe affaire); et, à court terme, de six autres appareils neufs et un peu plus spacieux. Pour maximiser la rentabilités des voyages, la compagnie privée envisage par ailleurs, dans les années à venir, de s’équiper de deux avions cargo de 40 et 50 tonnes ; ainsi que d’un autre de 10 tonnes, pour survoler la sous-région Cemac.
Jean Marie Assene Nkou: 2006 et 2007 seront des années décisives pour la flotte de la NacamLe PDG de la Nacam explique les contours de son partenariat avec les Russes.
A l’occasion du vol inaugural de la Nacam, le 1er octobre doit représenter tout un symbole pour vous…
C’est une grande fierté et un soulagement pour cet aboutissement, après plusieurs mois, voire plusieurs années d’efforts. Je crois qu’avec le concours de tous, nous mettrons en place une flotte importante pour desservir toutes les villes dotées d’infrastructures aéroportuaires au Cameroun, dans la sous-région et, plus tard, en Afrique et au-delà.
Pour réussir un tel challenge, vous devez avoir pleins de partenaires, quels sont-ils, et quelle est la nature des contrats qui vous lient?
Les partenariats que je tisse sont toujours liés aux types d’appareils que j’utilise. Chaque fois que j’ai un appareil, j’essaye d’avoir le partenariat technique de ceux qui maîtrisent le plus cet appareil, ceux qui l’utilisent, ou ceux qui l’ont fabriqué. Et là, nous avons un Jak 40, donc un équipage qui vient de Russie et du Kurdistan, le pays d’immatriculation. Et la maintenance vient aussi de la maison-mère qui fabrique ces avions. Ce qui assure un maximum de sécurité dans la conduite des vols et dans la maintenance.
Après le vol inaugural, Quand débutent concrètement les vols commerciaux en direction des différentes villes retenues pour ce lancement? La flotte de la Nacam est-elle prête?
Ns nous organisons pour que les vols réguliers débutent jeudi prochain (6 octobre 2005, Ndlr). Raison pour laquelle le deuxième avion va être mis en place dans quelques jours ; et, jusqu’en fin d’année, nous osons croire que si tout marche bien, il y aura un troisième. A partir du second trimestre 2006, nous allons entamer la composition durable de notre réelle flotte. Aujourd’hui, nous avons une flotte juste pour l’ouverture des routes, pour redonner l’habitude aux gens de prendre l’avion à l’heure. Je pense que 2006 et 2007 seront des années décisives pour la flotte définitive de la Nacam.
Avec la flambée des prix du carburant, ne redoutez-vous pas des prix prohibitifs pour une certaine clientèle?
Il faut qu’il y ait des efforts conjugués des pouvoirs publics, de l’opérateur économique que je suis et de la clientèle. C'est-à-dire que l’Etat devrait savoir qu’envoyer l’avion dans certaines zones du Cameroun contribue à leur désenclavement ; et que, par conséquent, il y a un service public que nous rendons. A ce titre, il faudrait trouver les voies et moyens pour alléger les charges, afin que le passager ne soit pas le seul à supporter tout ce poids, qui rendra peut-être l’avion prohibitif pour le commun des Camerounais qui, comme vous le savez, ont un pouvoir d’achat qui n’est pas très important.
Donc, autant nous voulons faire un effort en réduisant nos marges bénéficiaires, qui sont déjà infimes, autant il faudrait que l’Etat joue son rôle. Toutefois, les prix ne peuvent pas être figés. Ils évoluent forcément avec les fluctuations des cours du pétrole sur le marché international.
Propos recueillis par E. D.