Cameroun - Affaire «Lettre à Tita»: L'Harmattan perd le procès

Par Olivier A. Ndenkop | L'Actu
Yaoundé - 11-Dec-2013 - 15h47   50512                      
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Le Tribunal de première instance d'Ekounou a donné raison à l'auteure, Jeanne Rosette Abou, le 26 novembre dernier.
Tout s'est passé comme dans une blitzkrieg, une guerre-éclair. Saisi il y a juste quelques mois, le Tribunal de première instance (TPI) d'Ekounou a rendu son verdict dans l'affaire de saisie-contrefaçon qui opposait l'auteure de Lettre à Tita, Jeanne Rosette Abou'ou, et la maison d'édition l'Harmattan. Madame Abou'ou ayant procédé par voie d'huissier à la saisie des livres contrefaits par l'Harmattan. La décision est tombée le 26 novembre dernier et est exprimée en ces termes: Nous «rejetons comme non justifiée l'exception d'incompétence (…), nous déclarons compétents à statuer». Sur le fond, les juges se veulent clairs: nous «condamnons Harmattan Cameroun Sarl et Harmattan France aux dépens solidaires dont distraction au profit de Me Evindi Jean-Claude, avocat aux offres de droit». Il n'est pas superflu de rappeler que Me Jean-Claude Evindi est l'avocat de Mme Abou'ou. Au terme de cette procédure en référé, l'avocat ne cache pas sa satisfaction: «C'est une excellente décision dont je me félicite et qui vient récompenser les multiples efforts déployés au cours de ce procès marathon». La loi accorde à l'Harmattan un délai de 15 jours à compter du prononcé du verdict pour faire appel. En attendant, ce qu'on peut déjà dire c'est que la justice vient mettre un terme à un véritable capharnaüm éditorial et commercial opposant dame Abou'ou et sieur Mondoué. La première est auteure d'un livre, «Lettre à Tita», publié en deux tomes et en deux versions. Le second est responsable de la maison d'édition Harmattan Cameroun: La brouille entre les deux amis d'hier et ennemis d'aujourd'hui part d'un contrat d'édition non respecté. En fait, pour rejoindre le cercle très restreint des «immortels», Jeanne Rosette Abou'ou se rapproche de l'Harmattan Cameroun. Un accord est trouvé entre les deux parties. Quelques temps après, «Lettre à Tita» est inscrit au programme scolaire. Selon dame Abou'ou, l'Harmattan se montre défaillant à produire les livres en quantité suffisante et surtout à temps. C'est-à-dire avant la rentrée 2013-2014. Faux, répond Roger Mondoué. Très ouvert pour parler du dossier, ce philosophe et éditeur interroge: «qui doit constater la défaillance d'une maison d'édition, Madame Abou'ou ou le gouvernement camerounais?» «Dès que le livre est entré au programme, elle a voulu tout faire seule. Elle est devenue l'auteure, l'éditeur, la commerciale, etc.», indique Roger Mondoué qui n'exclut pas une possibilité pour les responsables de l'Harmattan Paris de saisir les tribunaux français afin, dit-il, de prouver à Madame Abou'ou qu'on ne décide pas de rompre arbitrairement un contrat signé. Pour l'instant, il reste que la légalité est désormais du côté de Jeanne Rosette Abou'ou. Ce qui revient à dire que les versions de «Lettre à Tita» portant le logo Harmattan Cameroun sont le fruit de la contrefaçon. Mais, comme l'oiseau de minerve, le philosophe Roger Mondoné ne prendra-t-il pas son envol après la tombée de cette décision du TPI d'Ekounou, ceci en saisissant la Cour d'appel?




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