Cameroun - Emploi: L’assurance volontaire pour tous peine à convaincre les travailleurs du secteur informel

Par | Cameroon-Info.Net
- 06-May-2015 - 16h42   51001                      
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Sans une revalorisation conséquente du SMIG (Salaire minimum interprofessionnel garanti), il sera très difficile pour le ministère du travail et de la sécurité sociale (Mintss) et la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) de convaincre les travailleurs de l’ombre ou ceux issus du secteur formel paupérisé que l’on qualifie de gagne-petit, de la nécessité pour eux de se faire volontairement assurer.

Les derniers chiffres de l’Institut national de la statistique (Ins) font état de seulement 10% de la population qui bénéficie d’une couverture sociale. Ce chiffre très bas voire insignifiant rappelle celui de 600 000 camerounais seulement ayant accès à un emploi salarié décent, sur une population active de près de 5 millions d’individus exerçant en majorité dans le secteur informel.

Si l’on tient compte du fait que seul 10% des 600 000 travailleurs camerounais supposés avoir un emploi salarié décent sont assurés à la Cnps, alors il serait difficile de croire que les travailleurs du secteur informel, les plus nombreux, viendraient volontairement se faire assurer en raison d’une part du maigre revenu des vrais débrouillards du secteur informel qui suffit à peine à satisfaire les besoins élémentaires de l’être humain à savoir se nourrir, s’éduquer, se loger, se soigner, se vêtir ; et d’autre part des revenus consistant des travailleurs qui brassent des sommes importantes d’argent à travers les activités comme le négoce, le commerce, la distribution, mais choisissent volontairement de s’enfermer dans l’informel pour isoler leur business des impôts et taxes.

D’ailleurs le gouvernement partage le même avis, du moins pour ce qui est des gagne-petit que sont par exemple les callboxeurs, benskineurs, boy, domestiques, bonnes, jardiniers, vigiles, chauffeurs, motor boy, secrétaire, commercial de rue, laveur de voiture, pousseurs, brouettiers, etc. en effet, dans une sortie sur la Crtv 24h après la célébration de la 22ème journée mondiale de la liberté de la presse célébrée le dimanche 03 mai dernier, le ministre du travail et de la sécurité sociale (Mintss) Grégoire Owona a déclaré que «  Aujourd’hui lorsqu’un inspecteur du travail arrive dans un chantier, il est bon que les manœuvres aient leurs tenues de travail sinon on pénalise l’employeur. Lorsque le boy comme les appellent, la cuisinière, le blanchisseur sont dans leurs lieux de travail, ils ont besoin d’un minimum de choses qu’ils doivent absolument avoir et nous exigeons qu’ils les aient actuellement. L’employeur doit veiller à ce que ce soit comme ça. Mais au-delà de cela, vous avez les mécanismes qui ont été mis en place par la Cnps où le travailleur peut se déclarer au cas où son employeur ne l’a pas déclaré et est-ce que les travailleurs eux-mêmes, bien qu’ils sachent que nous les protégeons, vont-ils prendre le risque de dénoncer leurs employeurs ? C’est encore un gros problème, et puis seulement cinq six mois, l’assurance volontaire pour certains risques traite les accidents de travail ou les décès est en marche ? C’est vrai que si quelqu’un ne gagne que 25 000 frs CFA, ce qui est déjà anormal puisque le SMIG est à 36 000 frs CFA, il aura du mal à mettre de côté quelque chose. Mais il est bon que les gens ne s’arrêtent pas à cette première difficulté. Il faut qu’ils acceptent de commencer à cotiser et dans le cadre de l’assurance volontaire, le montant de la cotisation est fixé par soi-même. Donc je crois que nous sommes en train d’avancer très lentement, mais très surement ».

Comment en effet dégager de l’argent à verser chaque mois dans le cadre de l’assurance volontaire si on gagne juste assez pour à nouveau tout dépenser en frais de bouche, taxi, téléphone et à peine loyer ou santé ? Il est vrai le ministre Grégoire Owona s’est trompé, ça peut arriver, en déclarant « Il faut qu’ils acceptent de commencer à cotiser et dans le cadre de l’assurance volontaire, le montant de la cotisation est fixé par soi-même ».

La réalité c’est qu’il y a un taux minimum de cotisation pour l’assurance volontaire fixé par la Cnps, dont le Directeur général Noël Alain Olivier Mekulu Mvondo Akame déclarait le 25 mars 2015 sur le campus de l’Université de Yaoundé II à Soa : « Il suffit pour cela que chacun d’entre eux consente à cotiser un minimum de 2 000 FCFA chaque mois pendant une dure de 15 ans, pour être couvert en cas de retraite, d’invalidité ou de décès ». Il s’y trouvait pour vendre le produit « Assurance volontaire » aux 27 000 étudiants de cette institution académique.

Patrick Dongo

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