C’est une mesure qui vise à réduire, voire éradiquer le virus responsable notamment de l’hépatite B au sein de la population camerounaise où le taux de prévalence est estimée à 10% pour cette affection. Tandis que 13% sont affectés par l’hépatite C.
« Exceptionnellement pour les enfants de moins de cinq ans qui ont manqué à leur vaccination, des mesures ont été prises pour que ceux-ci soient rattrapés dans le cadre du Pev [Programme élargi de vaccination, Ndlr] ». Extrait de l’exposé liminaire du ministre de la Santé publique face à la presse lundi 29 juillet 2013. André Mama Fouda donnait dans la salle des conférences de son département ministériel, un point de presse relatif à la lutte contre les hépatites virales au Cameroun. Encore appelée « tueuse silencieuse » ou, selon l’Organisation mondiale de la santé (Oms) « épidémie silencieuse » parce qu’elle évolue de manière sournoise et insidieuse, et fait beaucoup de ravages au sein de la population, l’hépatite virale est une inflammation du foie, le plus souvent provoquée par une infection virale. Il existe cinq principaux virus de l’hépatite que l’on appelle A, B, C, D, E. « Maladie virulente, l'hépatite est plus contagieuse que le Sida », soutient dans certains médias Pr. Njoya Oudou, président de la Société camerounaise de la gastroentérologie et des hépatites (Scgh).
« La plupart des porteurs ignorent qu’ils sont atteints et l’infection évolue lentement, pendant plusieurs dizaines d’années, en maladie du foie ». Nommant les symptômes de l’hépatite que sont la fièvre, ictère (jaunissement de la peau et des yeux), urines foncées, grande fatigue, nausées, vomissements et douleurs abdominales, André Mama Fouda a cette conclusion peu engageante : « quelques fois, les victimes ne présentent aucun symptôme visible ». Pourtant au niveau mondial, ce sont environ deux milliards de personnes qui sont infectées tandis que près de 350 millions vivent avec une atteinte hépatique chronique. Au Cameroun, selon les chiffres de la Scgh, 13 personnes sur 100 souffrent de l’hépatite C et 10 sur 100 de l’hépatite B. Soit globalement, 4,5 millions de Camerounais. On lui impute d’être à l’origine de 10 000 morts par an. L’ignorance des populations, l’exposition à des pratiques et comportements à risques exposent, d’après le patron de la santé, à ces affections. Qui, précise l’Oms, sont transmises en fonction du type. Par exemple, si les hépatites A et E sont transmises par l’eau et les aliments, les hépatites B, C, et D sont transmises par les liquides biologiques contaminés comme le sang, le contact sexuel, de la mère à l’enfant à l’accouchement ou encore par du matériel médical contaminé.
Les hépatites B et C entraînent, toujours d’après l’Oms, une charge plus lourde en termes de mortalité car elles peuvent provoquer une infection à vie ou infection chronique susceptible d’évoluer en cirrhose et en cancer de foie. L’hépatite chronique est d’ailleurs la première cause de cirrhose et cancer de foie. Le traitement reste long et coûteux, en dépit de la réduction du prix de l’une des molécules. L’interféron est passé de 159 000 Fcfa à 104 000 Fcfa. Malgré la gratuité de la Ribavirine, une autre molécule.
10 000 décès par an au Cameroun
Au regard de cette situation alarmante aussi bien au niveau mondial que nationaux, du 20 au 22 juillet 2013, l'Initiative panafricaine de lutte contre les hépatites (Iplh) a organisé la conférence « Consensus de Dakar » pour l'Afrique francophone à Dakar, au Sénégal. Rencontre au cours de laquelle, les experts sont arrivés à un consensus pour accroître la prévention, la prise de conscience, la recherche et le traitement des hépatites grâce à des plans nationaux dans les pays participants. Le Cameroun, partie prenante à cette rencontre, marquant son engagement « a pris acte de la gravité des hépatites virales en tant que problème de santé publique dans notre pays et de la nécessité de sensibiliser toutes les parties prenantes pour que soient prises des mesures efficaces de prévention de ces infections ».
D’où le point de presse du ministre de la Santé publique. Selon lui, la mobilisation en faveur du combat contre les hépatites est une interpellation de tous. A ce propos, il martèle que le vaccin est le pilier de la prévention contre l’hépatite B. Aussi, le Cameroun engagé sur la voie d’une génération sans hépatite B, fait gratuitement administrer, dans le cadre du Pev, ce vaccin aux enfants de moins d’un an. Et exceptionnellement, des mesures ont été prises pour permettre aux enfants plus âgés (jusqu’à cinq ans) qui l’ont manqué, de bénéficier de cette gratuité. André Mama Fouda invite les uns et les autres à se faire dépister. Aux personnes testées négatif, il recommande pour se protéger, la prise des trois doses de vaccin en deux mois à raison de 7 000 Fcfa la dose. Dans le cas où l’on est testé positif, « un traitement adapté est aujourd’hui disponible, même comme il peut être à vie ».
Contre l’hépatite C prévient l’Oms, il n’existe pas de vaccin. Cependant, l’infection peut être évitée en prenant des mesures de protection contre la transmission du virus de la mère à l’enfant, en veillant à la sécurité du sang, des services de transfusion, des dons d’organes et des injections. Pour ce qui est des hépatites A et B, il faudra veiller à ce que l’eau et les aliments ne soient pas contaminés.
Nadège Christelle BOWA