Cameroun - Joseph Béti Assomo, Gouverneur du Littoral: Le Chevalier de Bolounga

Par PIERRE CÉLESTIN ATANGANA | Mutations
Yaoundé - 13-Sep-2013 - 15h31   53328                      
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Le Gouverneur du Littoral n'a pas hésité à revêtir les habits de Zorro pour retrouver les neuf disparus de Mouanko.
Lundi dernier, alors que les populations du petit village de Bolounga, dans l'arrondissement de Mouanko, hurlent de douleur depuis la disparition subite de neufs enfants, dont trois appartenant à une seule mère de famille, le Gouverneur de la région du Littoral, Joseph Béti Assomo, débarque sous la pluie, rentre dans la forêt pendant des heures avec les équipes du Colonel Robert Pilo. Quelques heures plus tard, huit des neuf enfants disparus, font irruption de la forêt, au grand bonheur des familles. Mais, cette euphorie faisait suite à des jours sans sommeil, passés par le Gouverneur et ses équipes de recherches depuis la disparition de ces infortunés. A peine était-il revenu d'un voyage en Chine le week-end, que le lendemain, il a organisé les battues pour retrouver les enfants de Bolounga. Descentes sur le terrain avec des équipes de gendarmes du général Sali, commandées par le Colonel Robert Pilo, le Gouverneur du Littoral, de concertations en partie de chasse aux sorciers, dans une région où le phénomène semble faire partie des mœurs quotidiennes des populations, va mettre la pression sur les villageois en ordonnant après enquête, l'interpellation de quelques personnes suspectées de pratiques de sorcellerie. A plusieurs reprises, l'ancien Préfet du Mfoundi qui maîtrisa aussi bien les mouvements d'humeur des étudiants de l'Université de Yaoundé II et des gardiens de prison de la prison centrale de Kondengui, rentrera de battue à plus de 22 h. Si les recherches sont infructueuses les premiers jours, l'administrateur civil ne se laisse pas conter. Sa détermination à retrouver ces innocents, n'aura d'égale que son sens élevé des valeurs qui encadrent la vie. C'est ainsi qu'au dernier jour, lorsque, après un énième retour bredouille de la forêt hostile de Bolounga la veille, huit enfants et une dame âgée sortent du bois. La joie des parents et des populations est indescriptible. Joseph Béti Assomo gardera ses premiers mots pour ces derniers qu'il fait conduire à l'hôpital d'Edéa. Mais pour lui, la chasse n'est pas terminée tant que le dernier enfant n'est pas retrouvé. Grève Cette hargne à résoudre les questions sensibles et délicates, celui qui est sorti de l’École nationale d'administration et de magistrature, l'a forgée au contact des difficultés les plus incommensurables dans la préfectorale. L'on peut ainsi citer la grève des étudiants de Yaoundé II, celle des gardiens de prison à Yaoundé, les mouvements d'humeur des vendeurs à la sauvette du marché central de Yaoundé, les nuisances sonores causées par les ventes à emporter qu'il décide de fermer en décembre 2010 pendant qu'il est Préfet du département du Mfoundi. Devenu Gouverneur de la région de l'Extrême Nord, sa gestion des épidémies de choléra et bien d'autres questions sensibles, aura laissé des empreintes indélébiles dans cette partie du pays où, selon ses proches, il n'avait de cesse de recevoir et de conseiller. A 54 ans, (il est né le 17 août 1959 à Ayos dans le Nyong et Mfoumou), celui qui a failli exercer le plus beau métier du monde, parce qu'ayant été reçu au concours de l’École supérieur de journalisme de Yaoundé (Esijy) en même temps que celui de l'Enam, a fait ses armes à la préfectorale dans la région du Sud dès sa sortie de l'Ecole en 1983 comme chef de cabinet du Gouverneur. Il y restera 7 ans, le temps de servir trois gouverneurs (Luc Loé, Paul Omgba et Maïdadi Sadou). En 1990, il est nommé Sous-préfet de Ma'an dans l'ancien département du Ntem (actuelle Vallée du Ntem), avant d'être muté aux mêmes fonctions à Mbankomo dans l'ancienne Mefou, avant son premier contact avec la capitale qu'il rejoint plus tard comme sous-préfet de Yaoundé III. L'homme qui sert la République et qui a indiqué aux étudiants en grève que l'on ne galvaude pas les symboles républicains comme l'hymne national alors que ceux-ci réclamaient de meilleures conditions de transport sur la ligne de Soa, va sévir avec la dernière énergie, lors des troubles survenus pendant le renouvellement des organes de la Fécafoot. Pour récompenser ses efforts dans la préfectorale, il est promu Préfet du Dja et Lobo en 1998 avant d'arriver dans le Mfoundi en octobre 2005. Aujourd'hui, avec l'expérience accumulée dans la préfectorale, le chevalier de Bolounga a encore de beaux exploits à réaliser.




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