...Pour revenir aux arrestations de Haman Adama, Marafa et Iya Mohammed, c'est douloureux surtout pour les familles pour lesquelles j'ai une pensée particulière. Ces arrestations sont aussi la conséquence logique du cadre réglementaire mis en place en 2001 pour promouvoir la bonne gouvernance et lutter contre la corruption...

Bayero Fadil
Photo: © Archives
Vous êtes membre du Comité Central du Rdpc. Vous avez été et vous êtes encore un pilier du parti au pouvoir à Douala. Mais depuis peu, vous semblez particulièrement actif à Garoua. Qu'est-ce qui justifie ce come-back?
Je voudrais au préalable apporter une clarification sur l'un des volets de votre question ayant trait à ce que vous appelez activisme à Garoua. C'est contraire à la vérité des faits. La réalité, c'est que je ne me suis pas rendu à Garoua depuis pratiquement un an. Si vous voulez faire une liaison entre ma nomination par le chef de l'Etat au poste de Sénateur suppléant de la région du Nord, et ce comeback dont vous faites allusion, je crois que c'est dans l'ordre normal des choses. La décision prise par le Président de la République a été un honneur pour moi; et je pense que c'est le couronnement logique d'un certain nombre de faits et de gestes qui ont été transposés dans la ville de Garoua.
Il reste que certains de vos camarades vous soupçonnent de vouloir profiter du vide laissé Par Marafa Hamidou Yaya depuis son arrestation...
Quel vide? Je tiens à le rappeler, pour ceux qui ne le savent pas, que depuis 1996, je coordonne le suivi des activités du Rdpc dans la ville de Douala; que je suis membre du Comité Central désigné de cette formation politique ayant bénéficié de la confiance de son Président. Il faut prendre en compte deux évidences. La première, c'est que le Rdpc est un parti politique très organisé de la base au sommet; la seconde, ceux qui y militent pour défendre régulièrement son idéologie sur le terrain de la conquête de l'électorat sont appelés à servir dans toutes les circonscriptions politiques que compte le triangle national afin d'apporter leur expertise pour consolider les acquis. Le chef de ce parti estime que je peux être utile ailleurs qu’à Garoua. C'est pour cette raison qu'il m'a confiées plusieurs missions délicates dans les régions de l'Ouest, de l'Est et de l'Extrême-Nord. Je ne peux en aucun cas être considéré comme un militant opportuniste qui ne peut émerger que sur les malheurs des autres.
Votre nom est souvent associé à celui de l'ex-Ministre d'Etat dont on dit que vous lui vouez une inimitié particulière. Sur quoi repose votre différend? Est-il d'ordre politique ou privé?
Hamidou Yaya est un aîné. Et parce qu'il l'est justement, nous ne saurions avoir les mêmes fréquentations. Il a une classe d'amis qui ne sont pas les miens. Ceci dit, j'ai toujours respecté les hautes fonctions que le Président de la République a bien voulu lui confier pour servir le peuple camerounais et non des intérêts qui n'ont aucun rapport avec la notion du bien commun. Et c'est pour cette raison que je n'ai jamais été à l'un de ses domiciles privés ou dans ses services pendant tout son passage dans l'administration camerounaise pour solliciter une quelconque faveur. Il faut éviter de faire la confusion entre une promotion politique et une totale allégeance. Tout ceci ne signifie pas que j'ai un problème particulier avec l'ex-ministre d'Etat. Vous pouvez d'ailleurs lui renvoyer la question en utilisant les canaux traditionnels qui donnent accès à sa personne.
Quelle est votre analyse de la situation politique aujourd'hui dans la Bénoué? Est-ce que l'affaire Marafa n'impactera pas sur les capacités de mobilisation et donc de succès de votre formation politique lors des pro¬chaines échéances du 30 septembre?
Tout naturellement, actualité oblige, la situation politique dans la circonscription de la Bénoué est caractérisée par l'attentisme et la confusion par rapport aux dernières arrestations.
Maintenant, si une certaine opinion pense que les affaires liées à l'Opération épervier pourraient aboutir à un vote-sanction contre le Rdpc lors des prochaines consultations électorales, alors laissons parler les urnes le 30 septembre. De mon point de vue, je mets quiconque au défi que les élections législatives et municipales qui arrivent démontreront la mobilisation et la capacité de notre parti à briser l'adversité chaque fois que l'occasion se présente. Le Rdpc ne fonctionne pas sur la base des individus. C'est une machine fortement organisée pour gagner les élections sur toutes ses composantes: cellules, bureaux, sous-sections et sections animés par des responsables engagés qui n'ont qu'un seul objectif, se maintenir au pouvoir par des voies démocratiques.
Des observateurs affirment que la nouvelle stratégie de votre parti à Garoua, consistant à médiatiser les démissions de l'Undp comme au début des années 90, masque votre fébrilité. Le Rdpc est-il vraiment serein dans la Bénoué après les incarcérations de Marafa, Mme Haman et Iya Mohammed?
Je crois avoir déjà répondu cette préoccupation. La Bénoué est sereine et le restera jusqu'au bout. Je vais vous dire que nous ne sommes responsables de ces départs en cascade. Les démissions se justifient par une insatisfaction par rapport aux attentes des militants. Le temps n'a pas fait son travail et la vérité commence par triompher.
Cet esprit d'illusions que beaucoup ont fait croire aux autres ne marche plus aujourd'hui. Les gens devraient se rendre à l'évidence de la plate-forme gouvernementale qui a scellé l'alliance entre l'Undp et le Rdpc avec en prime des portefeuilles ministériels. Alors, est-ce que les militants qui quittent le navire Undp aujourd'hui sont satisfaits de la gestion de cette plate-forme? Je pense sincèrement que le débat devrait être orienté à ce niveau au lieu d'accuser les autres.
Pour revenir aux arrestations de Haman Adama, Marafa et Iya Mohammed, c'est douloureux surtout pour les familles pour lesquelles j'ai une pensée particulière. Ces arrestations sont aussi la conséquence logique du cadre réglementaire mis en place en 2001 pour promouvoir la bonne gouvernance et lutter contre la corruption. Des personnalités aujourd'hui aux arrêts ont présidé où étaient membres de cette commission à l'instar de l'ex-Premier ministre Inoni Ephraïm. J'ai personnellement fait partie de cet organe de promotion de la bonne gouvernance qui réunissait des membres du secteur privé et de la société civile.
L'atmosphère est lourde dans la Bénoué. A la moindre occasion, des tracts sont distribués à Garoua et dans d'autres villes exigeant plus ou moins la libération de l'ex-Minatd. Qu'est-ce que vous pensez de ces tracts?
Les tracts ne sont pas seulement l'apanage de la seule ville de Garoua. On les retrouve un peu partout dans les autres cités du Cameroun. Il faut tout simplement s'interroger sur les auteurs de ces actions. Qui est derrière et pour quelle finalité? Je considère la présence de ces tracts comme un acte de lâcheté et d'irresponsabilité. A-t-on vraiment encore besoin de se cacher derrière les tracts pour exprimer ses points de vue dans un environnement où la manifestation de la démocratie pluraliste est réelle?
Est-ce que le retour de la fille d'Ahidjo ne donne pas du grain à moudre au Rdpc dans la Bénoué? Que vous inspire, vous, ce retour auprès de l'actuel chef de l'Etat?
Il faut admettre que ce retour juste avant les élections permettra de définir Un nouveau cadre politique qui va renforcer la position du Rdpc, qui va faire bouger les lignes en faveur de notre parti.
Que m'inspire son retour? Pour ma part, Aminatou a pris la bonne décision. Elle rentre et adhère à un projet de société prôné par le Président de la République, Paul Biya. Par cet acte, elle se reconnaît dans les idéaux du Rdpc qui sont les mêmes que ceux de l'UNC puisque c'est justement l'UNC qui est devenue le Rdpc au Congrès de Bamenda. Bien que je n'aie contribué en aucune façon à son retour, c'est une personne que j'ai connue et avec qui j'ai gardé des contacts depuis plus de 17 ans aujourd'hui. Croyez-moi, elle est intelligente et peut soutenir la pression médiatique que j'observe autour d'elle puisque justement elle a fait communication.
Donc, je suis content de ce retour non seulement parce qu'il va concilier les Camerounais autour d'un Abat qui a cours depuis des années sur la transition politique survenue en 1982 mais parce qu'Aminatou elle-même retrouve ses racines, son environnement naturel, ses amies, sa famille et un cadre dans lequel elle va certainement s'épanouir...
Le seul et grand artisan de ce retour reste le Président Paul Biya lui-même et nous devons être fiers de cela.
Que répondez-vous à ceux qui pensent que la victoire de votre parti aux élections locales dans la Bénoué est un impératif politique parce qu'elle doit symboliser le peu de popularité de l'ex-Minatd?
Ce sera la victoire du Rdpc dans tout le Cameroun; pas seulement la Bénoué. Les échos favorables qui nous parviennent des quatre coins de la République nous font croire que le Rdpc améliorera son score par rapport aux derniers scrutins. Le programme politique du Chef de l'Etat, Président national du Rdpc, axé sur les grandes réalisations reçoit quotidiennement l'adhésion de tous les Camerounais. Et malgré les éclats de voix qui se sont fait entendre après les investitures, un travail de mobilisation et d'explication est en cours pour expliquer aux militants les décisions qui ont été prises dans l'intérêt supérieur du parti. Beaucoup l'ont compris ; et d'autres le feront avant les élections. Mais comme je l'ai dit, le Rdpc est une grande famille, qui se reconnaît par les couleurs et les symboles. Et il est difficile dans ces conditions d'aller à l'encontre des décisions et des instructions arrêtées par ta haute hiérarchie du parti.
Je tenais à faire la précision selon laquelle pour les élections locales à Garoua, nous prenons position pour la liste conduite par Mamadou Ali et je lance un appel à Vendre de tous les militants afin qu'ils soutiennent cette liste pour le bien du Rdpc.
Revenons à vous M. Fadil. Votre frère est maire à Douala, l'autre est député de la Bénoué-Est. Finalement, la Bénoué c'est une affaire de famille. La famille Hayatou, la famille Ahidjo, la famille Fadil...Est-ce qu'il n'y a pas une confiscation de la politique par ces familles là?
Vous avez oublié que je suis aussi sénateur. Mais, il n'est pas question uniquement de la Bénoué puisque l'un est maire dans l'arrondissement de Douala 3ème; la plus grande ville du pays en termes de superficie et de potentialités économiques. Depuis 20 ans, je suis impliqué dans la politique dans le Wouri au sein de la coordination. Le Président de la République a pris la décision de me nommer sénateur à Garoua, ma ville d'origine. C'est un clin d'œil qui m'honore et je suis entièrement satisfait et reconnaissant comme d'autres actes qu'il a pris en ma faveur en me nommant PCA de l'Agence des Normes et de Qualité.
Nous sommes là pour servir le parti, apporter à la structure notre savoir-faire. La plupart des erreurs viennent du fait que des individus, lorsqu'ils arrivent à un certain niveau de responsabilités, pensent que le système existe parce qu'ils sont là, alors que c'est le contraire. C'est une association de plusieurs piliers qui tiennent la structure. Pour ce qui nous concerne, nous faisons notre travail avec fierté dans le strict respect des valeurs de la République. J'ose croire que ce sont ces mêmes valeurs qui ont guidé avec fermeté la famille Hayatou, grand serviteur de l'Etat. Il n'y a absolument rien à dire par rapport à l'implication et au rôle joué par l'illustre prédécesseur du Président Paul Biya dans la conduite des affaires de cette nation. Reste maintenant aux progénitures de poursuivre le boulot.
Les lecteurs ne me pardonneront pas l'oubli de cette question. Que reste-t-il aujourd'hui de l'empire que votre père a laissé de sa mort?
Je m'attendais à cette question et je vais satisfaire vos lecteurs. Eh bien, depuis 7 à 8 ans, je joue un rôle de Président du conseil d'administration avec délégation de pouvoirs dans plusieurs secteurs comme la savonnerie. En dépit du déficit de production de l'huile de palme, plus de 60%, notre principale matière première, les parts de marché se maintiennent et une restructuration est en vue. Nous étudions dans quelle mesure le Complexe Chimique Camerounais (CCC) peut s'intégrer dans les grandes valeurs ajoutées. Donc, d'un côté il y a une formation qui est faite pour le suivi des affaires familiales. Je suis fier du parcours politique de mes deux petits frères que j'ai eu le plaisir d'inscrire dans les meilleures universités.
Je me consacre sur un tout autre plan à l'international et la politique. J'ai accompagné le chef de l'Etat lors de ses derniers voyages à l'étranger dans sa vision des grandes ambitions. Je me suis aussi déployé ces dernières semaines dans le domaine du lobbying économique en faisant venir à Yaoundé de grands consortiums internationaux à l'instar du Groupe ABBA et Knailf-Prékons spécialisés dans la Construction des aéroports, des logements sociaux, le secteur minier et bien d'autres investissements. Les premiers contacts ont été fructueux et des engagements pris seront bénéfiques pour le Cameroun.
Je suis préoccupé sur un tout autre plan par deux de mes passions que j'ai mises en place. Un groupe multimédia dont le journal Dikalo est le produit phare depuis une vingtaine d'années; Hit Radio lancé en 2008 et la chaîne de télévision Camnews24 sur satellite qui compte plusieurs millions de téléspectateurs dans le monde entier. La chaîne sera bientôt présente dans le bouquet Canal + Horizons et lancera prochainement sa version anglaise.
Dans ce groupe multimédia, vous avez la page Facebook de Camnews24, la première au Cameroun et qui touche près de 8 millions de fans; un site internet Camnews24, l'un des quatre premiers en Afrique centrale avec une moyenne de 25.000 internautes par jour. Ce groupe multimédia permet une constante visibilité et un réseau d'influence où nous distillons des messages positifs pour attirer davantage les investisseurs au Cameroun et informer les Camerounais de la diaspora.
Ma deuxième passion concerne l'élevage bovin axé sur la production de la viande autour de la Sogedel. Je me suis évertué ces dernières années à transformer les installations de Goumjel en plusieurs centres de performance dans les domaines de la santé, de la nutrition animale, de la transformation génétique du bétail par paliers. C'est un élevage qui est associé à l'agriculture avec la culture du maïs pour l'ensilage du bétail dans le but de réduire les pertes; une agriculture mécanisée qui répond aux attentes et directives du Président Paul Biya dans le sens de l'agriculture de seconde génération. Nous invitons d'ailleurs le Gicam à visiter ces installations pour s'inspirer de cet exemple unique à son genre.