
Invité de l’émission «Entretien avec», jeudi sur Spectrum Television (STV), le général Pierre Semengue est revenu sur un épisode douloureux de l’histoire du Cameroun: la guerre de l’Indépendance. Pour cet ancien officier supérieur de l’armée camerounaise, les combattants qui sont restés au maquis après le 1er octobre 1961, date de la réunification du Cameroun, loin d’être des nationalistes luttaient pour le pouvoir.
«Après l’indépendance du Cameroun oriental, le 1er janvier 1960, après l’indépendance du Cameroun occidental, le 11 février 1961, après la réunification du Cameroun, le 1er octobre 1961, ceux qui étaient encore au maquis l’étaient pourquoi ? Moi, je pense que c’était une lutte de pouvoir entre ceux qui ont obtenu le pouvoir à l’époque et ceux qui estimaient que c’est eux qui devaient être au pouvoir», a-t- indiqué.
Semengue appelle à faire la distinction entre les «vrais» nationalistes qu’étaient Ruben Um Nyobe et «probablement» Félix Moumie, «qui sont morts dans des conditions particulières» et les autres qui sont rangés dans la même catégorie. «Um Nyobe, je trouve que c’était normal qu’il aille au maquis. Il a été assassiné dans des conditions qu’on connait. Mais je dis que ceux qui étaient au maquis à partir de l’atteinte des objectifs de l’UPC c'est-à-dire l’indépendance du pays et la réunification, à mon avis, n’étaient pas des nationalistes. Ils luttaient pour être au pouvoir au lieu d’Ahidjo et les autres. Ce n’est pas la même chose». Il estime alors qu’Ernest Ouandie, exécuté à Bafoussam en 1971, et les autres «maquisards» qui ont poursuivi la lutte n’étaient plus dans leur droit, d’autant plus que l’UPC a été rétablie dans sa légalité le 25 février 1960.
Le général camerounais souhaite même qu’il y ait un débat national sur cette question. Concernant les massacres qu’il y aurait eu en pays Bamiléké et Bassa à cette époque, l’actuel président de la Ligue de football professionnel du Cameroun reste catégorique: «Moi, j’ai toujours dit qu’il n’y a jamais eu de massacre. À notre époque, je veux dire après janvier 1961, il n’y a jamais eu massacre… Pour l’armée française, je ne peux rien dire. Je parle de l’armée camerounaise que je connais et que j’ai commandée», a-t-il nié sur le plateau de Dipita Tongo.
Le général Pierre Semengue avait déjà soutenu ces positions au cours de l’émission «la Tribune de l’Histoire», édition du 16 août 2015 sur les antennes de Canal 2 International. Une émission qui avait suscité une sortie musclée du député Jean-Michel Nintcheu du Social Democratic Front (SDF) dont nous retenons cet extrait: «ces négationnistes d’un genre nouveau de l’Histoire du Cameroun ont laborieusement tenté de nier la réalité du génocide ou de susciter le doute chez un public qu’ils espèrent mal informé et non averti. En recourant à des déclarations volontairement scandaleuses sur la période sombre des années 60 au cours de laquelle de vaillants compatriotes ont été massacrés par les colons et leurs collabos en service commandé dans l’armée camerounaise, ces deux personnages se sont honteusement livrés à un exercice pitoyable et hideux de reniement de la réalité, de l’ampleur, et des modalités de l’extermination de nos compatriotes en pays Bassa et Bamiléké», avait écrit le parlementaire. D’autres réactions ne tarderont certainement pas.
Wiliam Tchango