Dans un communiqué publié le 23 mai dernier, le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle (MINEFOP), Zacharie Perevet invite les chefs d’entreprises utilisatrices de la main d’œuvre temporaire à cesser toute relation professionnelle avec certaines entreprises de travail temporaire et offices privés de placement. Deux motifs principaux sont évoqués. Les agréments détenus par les promoteurs des structures ciblées (34 entreprises de travail temporaire et 10 offices de placement privés) ne sont plus valides. De plus, parmi ces établissements, 17 structures sont purement et simplement suspendues, certaines depuis 2011 d’ailleurs.
Offices privés de placement
Après agrément du ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle (MINEFOP), ils sont habilités à mettre à disposition des travailleurs permanents, comme le Fonds national de l’emploi (FNE). Les chercheurs d’emplois peuvent donc s’enregistrer dans ces offices qui se chargent de les placer « gratuitement ». C’est dire que la personne placée ne débourse aucun franc. Il revient plutôt à la structure employeuse de rémunérer l’office de placement. Hélas, dans la pratique, les syndicats regrettent des abus de tous genres : « certains offices exigent du chercheur d’emploi un pourcentage sur son salaire avant de consentir au placement. Ce qui est illégal », regrette une source au MINEFOP.
Entreprises de travail temporaire
Elles doivent au préalable obtenir l’agrément du MINEFOP. Leur activité consiste à recruter des personnels qu’elles mettent à disposition de structures demandeuses de main d’œuvre, pour un délai défini au départ. Il n’est pas question de placement, mais de simple mise à disposition. D’où la notion de travail temporaire. Dans la pratique, la structure demandeuse de main d’œuvre signe un contrat avec l’entreprise de travail temporaire qui récupère son personnel à la fin du contrat. Le salaire du travailleur est assuré par son employeur temporaire, qui verse également une paie à l’entreprise qui lui a fourni la main d’œuvre. Ici également, des abus existent, allant jusqu’à la traite humaine.
En dépit du travail d’assainissement mené par le MINEFOP, beaucoup de clandestins infiltrent le système et sont généralement à la base des abus décriés. Néanmoins, le ministère constate que diverses sociétés emploient des travailleurs mis à disposition par des entreprises non-agréées. L’agrément en question passe par la fourniture d’un certain nombre de documents administratifs et juridiques et un mandat de 50 000 F pour les offices de placement et 150 000 F pour les entreprises de travail temporaire, valable deux ans.
Félicité BAHANE N.
Comment le placement fonctionne
Des sociétés indépendantes insèrent environ 100 chercheurs d’emplois par an au sein d’entreprises.
L’enseigne, discrète et logée en contrebas d’un établissement public à Yaoundé, est un carrefour entre les offres et les demandes d’emploi. A l’entrée de cette société de placement de travailleurs, un babillard listant les offres d’emploi à saisir. A l’intérieur, le personnel est aux petits soins pour les visiteurs. L’un des chercheurs d’emploi joue carte sur table : « Combien ce poste peut-il rapporter financièrement ? », interroge-t-il. 15 ans déjà que les responsables de la société Cible RH Emploi ont l’habitude de ces préoccupations. L’entreprise fait dans les recrutements, placements, mises à disposition et la formation du personnel au Cameroun. Selon Eleonore Tientcheu Tientcheu, directeur régional Centre-Sud-Est, les insertions se font dans la quasi totalité des secteurs : électricité, agroalimentaire, communication, BTP etc. et intègre chaque année 100 travailleurs environ pour des emplois permanents et 700 pour des emplois temporaires ou mises à disposition.
Pour être mis en relation avec des entreprises, le chercheur d’emploi soumet un dossier de candidature. Les offres sont triées et les candidats retenus sont convoqués pour entretien. Le personnel peut se faire recruter de façon ponctuelle ou être mis à la disposition de l’entreprise. Deux options de rémunération se présentent. « Soit l’entreprise pour laquelle il postule se charge de le rémunérer, soit l’entreprise le recrute et nous nous occupons de ce travailleur sur tous les plans (administratif et salarial) », explique la responsable. Lorsque l’entreprise se propose de rémunérer elle-même le personnel, elle a droit à des frais de gestion. « Nous signons un contrat et nous nous entendons sur ce qui doit être payé. Ces frais dépendent de la rémunération de l’employé. La quote-part que nous allons recevoir pour un employé qui va toucher 100 000 F n’est pas la même que celle de celui qui en touchera 500 000 », explique-t-elle.
Après leur séjour en entreprise, la responsable de l’agence affirme recevoir des retours positifs venant des travailleurs insérés. Actuellement, Cible RH Emploi fournit principalement des ressources humaines aux multinationales et entreprises étrangères. « Plusieurs PME locales sont réticentes et se disent qu’elles peuvent faire elles-mêmes ce travail de recrutement. Mais au final, beaucoup d’employés se plaignent de maltraitances salariales », déplore-t-elle. Avant d’ajouter : « En ayant recours à une entreprise tierce et impartiale, employeur et employé ont la possibilité d’être un peu plus exigeants».
Marilyne NGAMBO TCHOFO