Au moment où le Cameroun prépare une note conceptuelle à soumettre pour financement au Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme, la société civile lui présente ce qu’elle pense être les besoins à adresser prioritairement.
Subvention effective des centres de prise en charge; normalisation des coûts de soins et de traitement ; baisse des ruptures (Arv, bilan de suivi, etc.) ; rédaction et promulgation d’un texte de loi qui réglemente l’ouverture de dossiers au Cameroun ; réflexion autour de l’application des nouvelles directives nationales sur la prise en charge des personnes vivant avec le Vih (Pvvih), particulièrement en ce qui, concerne le bilan pré-thérapeutique (Bpt). Voilà autant de défis qui selon la société civile camerounaise, interpellent le gouvernement du Cameroun qui s’apprête à postuler d’ici le 7 août 2014 au financement du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme. Afin d’identifier ce qu’elle considère comme «besoins prioritaires», des organisations que sont Positive Generation et 3Sh (suivi des sciences sociales et humaines) ont mis sur pied un observatoire communautaire pour l’accès aux soins des populations dénommé « Treatment Acces Watch (Taw) » en 2010 et publie depuis lors les résultats de ses observations sur le terrain.
Tradition respectée hier mardi 27 mai 2014 à Yaoundé par l’organisation d’une conférence qui vise « à diffuser les résultats des observations de l'année 2013 et du 1er trimestre 2014 à l'ensemble des acteurs impliqués dans la santé au Cameroun afin de les mobiliser pour trouver les solutions aux obstacles identifiés», a expliqué Nicaise Misseke Toumba, vice-présidente de PG.
S’agissant des résultats, le constat est affligeant. Et pour cause, déplore Eugène Eugène Foyeth, secrétaire général, « l’on constate une recrudescence des difficultés liées à l’accès aux soins, des obstacles qui émanent des ruptures des intrants, de la vétusté du plateau technique dans les formations sanitaires. Ce qui ne favorise pas l’accès aux soins par les populations».
Prévenir la résistance
Pour parvenir à ce résultat, le Taw s’appuie sur des indicateurs que sont : la disponibilité et coûts des examens, des intrants et médicaments ; coûts de la consultation et ouverture de dossier, la qualité de service rendu dans une cinquantaine de formations sanitaires sélectionnées dans les 10 régions.
L’observation a couvert 75% des patients sous Arv. Pour ce qui est de l’accessibilité au test de dépistage en termes de disponibilité, surcoût et rupture, aucune région n’a assuré la disponibilité à 100%. Le test de dépistage a été accessible dans 63,2% de centres de prise en charge. Soit 15,4% de plus par rapport à 2012 (47,8%). Cependant 40,7% des centres ont exigé des coûts supplémentaires et 4,7% ont connu des ruptures de ce test. Toujours dans ce registre, jusqu’à 79% des centres observés n’ont pas de réactifs. Ce qui, de l’avis de Flore Ngalamou, chercheure, est un réel problème qui explique : « Quand tu es dépisté positif, pour qu’on te mette sous Arv, tu dois passer par un ensemble d’examens. Parfois on ne peut les faire à cause du manque de réactif ».
Le problème se pose également, au niveau du suivi des patients, car parce que les médicaments se prennent à vie, il faut s’assurer que le médicament se comporte bien dans l’organisme. « Cet examen de suivi nécessite également des intrants. Mais s’il y en a pas, c’est un gros problème ». On a parlé de Cotrimoxazole, un antibiotique large spectre que les personnes infectées au Vih prennent pour réduire leur exposition aux maladies opportunistes. L’étude de conclure qu’au Cameroun, la prise en charge est prise dans un goulot qui ne permet pas le suivi et cela crée les résistances. Or si on est résistant à la première et deuxième lignes (les seuls disponibles au Cameroun), il faut aller à l’étranger où la troisième ligne coûte au patient plus de 500 000 Fcfa par mois. En ce qui concerne l’ouverture du dossier médical, l’observation montre que la gratuité a chuté de 40%. Pire, le phénomène tend à se généraliser. A l’hôpital central de Yaoundé par exemple, il faut débourser 2000Fcfa. Contre parfois 5100Fcfa ailleurs.