Le leader du groupe Macase (la nouvelle écriture), Serge Maboma, est au contrôle de la machine orchestrale de l’événement «Rencontre des Virtuoses» (29 mars et 04 avril 2014) qui dévoile en tête d’affiche, des icônes de la musique camerounaise André Manga et Jay Lou Ava.
Après avoir permis à quatre jeunes compatriotes d’intégrer l’orchestre de Youssou Ndour, Serge se dit prêt à aider d’autres talents du pays.
Votre talent est une fois de plus sollicité et c’est dans le cadre de «Rencontre des Virtuoses» aux côtés de Jay Lou Ava et de André Manga qu’on ne présente plus. Quel commentaire vous inspire cette confiance sans cesse renouvelée au groupe dont vous êtes le leader, «Macase : La Nouvelle écriture»?
Déjà, c’est un grand honneur, mais surtout une grande responsabilité, parce que vous savez, il existe des projets qui vous hissent à un autre niveau. Quand il vous est donné la possibilité ou le privilège de jouer aux côtés des icônes comme Jay Lou Ava et André Manga (qui est une légende vivante de la musique dans le monde), franchement il y a de quoi mettre tout votre génie à contribution.
Quand des sommités de la musique comme celles-là foulent le sol camerounais, ce sont tous les musiciens qui rêvent de prester à leurs côtés, du coup, on n’a pas droit à la faute, on ne peut que tout faire pour être à la hauteur de la tâche. Nous, le groupe «Macase», choisis pour accompagner ces aînés, je dirai que c’est la récompense de toutes ces années de travail sans relâche et cela démontre du sérieux et du professionnalisme de notre structure.
Vous avez mis l’accent sur la formation des jeunes pour une relève compétente dans le domaine et parmi eux, on compte une certaine Léonie Nlanga qui avait remporté le concours télé «Star 2 demain» en 2008, ceci dit, on peut estimer que la qualité n’a pas complètement disparu, comme le pensent certains…
Déjà pour ce qui est du volet de la formation, c’est vrai qu’on peut croire qu’il manque de bonnes structures pour un accompagnement efficace de nos jeunes musiciens capables d’assurer à l’extérieur, pour ne pas dire qui ne soient compétitifs. S’il y en a qui le font ou qui le sont, peut-être qu’ils n’ont pas la chance que nous avons eu, ou que nos jeunes ont. Il faut aussi reconnaître que l’exposition médiatique des «Macase» permet en quelque sorte que les artistes qui sont autour de nous en profitent de temps en temps.
Il y a aussi le «type» de personnes qui viennent travailler avec «Macase» notamment André Manga, Jay-Lou, Wambo, Manu Dibango, Hugh Masekela, Noël Ekwabi(paix à son âme). Donc voilà des gens qui, quand ils passent au Cameroun, jouent avec MACASE et ces expériences acquises auprès d’eux nous permettent de mieux orienter ceux qui arrivent mais aussi et surtout de faire grandir encore le groupe.
Dans ce métier, l’opportunisme n’est jamais trop loin. On sait par exemple que vous avez pesé de votre poids sur le choix du nouvel orchestre de Youssou Ndour dans lequel on compte désormais quatre de nos compatriotes, on imagine que votre téléphone sonne sans arrêt à l’effet de décrocher des contrats à d’autres musiciens aussi, sinon, sans doute ils l’ignorent encore…
C’est très subtile, mais d’une manière ou d’une autre les gens savent ce que j’ai fait, là ils ont juste pu réaliser les bons rapports que j’ai avec l’artiste sénégalais Youssou Ndour surtout que je ne parle pas souvent de ce genre de chose. Vous savez, je me contente d’être musicien et de dire aux jeunes: Venez que je vous montre comment on peut avancer. Il y’en a qui sont opportunistes certes, mais en ce qui me concerne ce sont les mêmes qui tournent autour de moi, et ceux qui ne croyaient pas en notre démarche, aujourd’hui n’y croient toujours pas.
Une fois j’ai cru entendre des gens dire : « On ne sait même pas ce qu’ils ont avec Youssou Ndour (…) Est-ce qu’ils ont même partagé la même scène avec lui (…) Youssou Ndour même c’est qui», etc. En réalité il y a cette mauvaise foi qui habite des gens, mais il y en a aussi qui disent: «C’est bien ce que ces gens font pour que la musique camerounaise soit mieux reconnue à l’extérieur ». Donc moi je préfère ne pas m’attarder sur des commentaires, je sais juste que quand on est ensemble on est fort, et croyez-moi, ce fameux 12 Octobre 2013 à Bercy en France, quand j’ai vu ces jeunes musiciens camerounais jouer sur la scène avec Youssou Ndour, je n’avais jamais ressenti pareille émotion dans ma vie, ma satisfaction était à son comble car je n’avais pas péché dans mon casting proposé à Youssou Ndour.
Et ça m’a donné envie de faire ça pour les autres, et je le ferai d’ailleurs, car ça me grandi. Je leur demande, à chaque fois qu’ils donnent des interviews, de ne pas citer mon nom, mais de parler d’eux, car s’ils sont où ils sont c’est grâce à leur talent et non le mien et eux et moi sommes pertinemment conscients du respect et de l’amitié qui nous animent. Je ne veux pas de cette reconnaissance, de cet «Atalaku» qui ne nous avance à rien.
Tout le monde sait que Bastos, où répète le groupe Macase, est un lieu mythique où défilent de nombreux artistes soit pour travailler, soit pour se former, à quand l’officialisation de l’ «école» Macase ou Maboma?
Vous savez, j’ai un grand respect pour la marche naturelle des choses ; voyez-vous, là je me retrouve dans la position de « leader » que je n’avais pourtant pas voulu au départ, et je me retrouve dans une situation où l’on me voit comme un repère pour les jeunes. Tout ça est venu de façon naturelle. Aujourd’hui, dans le milieu de la musique, quand vous dites que vous répétez à «Bastos», directement on sait à quel calibre vous vous situez.
Donc c’est déjà ça ; pour la suite, oui, je l’avoue, il faut bien qu’on formalise les choses et c’est une exclusivité que je vous livre, le grand-frère André Manga qui commence à être régulier au pays, donne déjà des cours à Bastos (où répète le groupe Macase) et ensemble on a pour ambition de faire venir d’autres icônes de la musique mondiale pour assurer une bonne formation des jeunes.
Dans ce cadre, l’artiste Lokua Kanza s’était aussi prêté au jeu lors de son passage il y a quelques mois au pays. Je l’avais approché et je lui ai dit: Écoutes, tu es là, s’il te plait forme les petits, donnes-leur un atelier de musique. Comme il était logé au Hilton Hôtel, il m’a demandé de faire venir ces jeunes, et on a travaillé de façon free et naturelle. Vous savez, c’est de cette école que je veux, celle du terrain, et après on formalisera les choses.