Enquête sur les écoles coraniques : Le respect des préceptes

Par | Cameroon-Info.Net
Yaoundé - 22-Oct-2003 - 08h30   52204                      
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L’éducation de la jeune fille musulmane est au centre des préoccupations.
Le son des sourates en provenance d’une véranda salubre aiguise l’ouïe du passant. Lorsqu’on balade son regard là où il provient, on découvre des enfants dont l’âge varie entre 03 et 16 ans. Assis à même le sol, les garçons sont installés dans une ruelle qui jouxte « l’école ». Promiscuité Dans le lieu qui sert de classe, des filles sont agglutinées, avec des friandises dans des petits plateaux qu’elles vendent. C’est dans ces conditions difficiles que les encadreurs Malloum Ousséni et Aboubakar Sidik ben Ousmanou dispensent les cours du coran à l’école d’Al Madarassatou Daroul-Koulou,. « S’asseoir par terre est une manière de respecter la loi coranique, dit un encadreur. Ce n’est pas comme à l’école occidentale » Sise au quartier Briquetterie à Yaoundé, l’école d’Al Madarassatou est l’une des rares à avoir un effectif pléthorique. Environ 150 élèves parmi le dizaine d’écoles coraniques qu’on trouve dans le coin. « On a plus d’une centaine d’élèves », déclare fièrement Aboubakar Sidik. Mise sur pied il y a environ une décennie, l’école coranique d’Al Madarassatou a acquis sa réputation au fil des ans grâce à la stratégie de remise des prix aux lauréats de son école que ses encadreurs avaient instauré. « Ce sont des encouragements qui ont incité beaucoup de parents à nous envoyer leurs enfants ». Dans cet enseignement spécifique, l’éducation de la jeune fille reste la priorité, dans la mesure où elle est basée sur deux volets : le foyer et la religion, qui selon les versets sont deux éléments indissociables. Son imprégnation de la vie religieuse lui assure une bonne tenue dans son ménage. « L’éducation au coran permet à la jeune fille de mieux se maîtriser et de respecter son mari comme il est écrit dans le coran. D’ailleurs, poursuit l’encadreur, une jeune fille qui n’a pas fait d’école coranique affiche toujours des attitudes de dévergondées ». Selon les lois de l’Islam, on se base sur les menstrues pour envoyer une fille en mariage, si elle a déjà un prétendant. Elle doit avoir ses deuxièmes menstrues dans son foyer conjugal. Il n’est pas permis qu’une femme reste célibataire chez les musulmans. Spécificités Ici, il n’y a pas plusieurs salles pour marquer le niveau de chacun. La croissance de l’effectif amène les jeunes filles de jouer le rôle d’assistantes auprès de leurs encadreurs. Celles qui sont au terme de leur formation encadrent ainsi les plus petits. Chaque école coranique de la Briquetterie a un uniforme. C’est la couleur qui donne l’identité de chacune et ce sont les filles qui la portent. On l’appelle « Hidjab », espèce de voile dont elles arborent de la tête au bassin. Le Hidjab couvre la tête de l’élève fille ainsi que ses ras. On ne doit voir ni ses cheveux, ni sa peau. La loi est plus rigoureuse chez les adolescentes. « C’est par la couleur du Hidjab qu’on reconnaît ses élèves, explique Aboubakar. En cas d’écart de comportement, on pourra l’identifier et c’est pourquoi elles doivent le porter » Chez les musulmans, une fille sans voile est une femme qui exhibe sa nudité. L’admission à l’école d’Al madarassatou tient sur deux conditions : pas de désertion pendant les heures de cours quelque soit la raison et être inscrit normalement dans une « école occidentale » L’encadreur met l’accent sur l’école que sur la formation islamique de l’enfant. Tenez par exemple, l’école suit les élèves en fonction de leur emploi du temps scolaire. « Si l’enfant va à l’école dans l’après-midi, il peut suivre sa formation le matin, et vice-versa », déclare Maloum Ousséni. Formation Elle dure trois au minimum pour celle qui ont de la volonté et toute la vie pour les paresseuses ; Les cours ont lieu durant six jours sur sept en semaine sauf le vendredi matin et toute la journée du jeudi. Le matériel didactique utilisé ici est le coran. Quant aux élèves, ils ont uniquement une grande ardoise sur laquelle ils apprennent à écrire et à lire les 14 sourates avant d’apprendre le coran. Les évaluations et le niveau de l’élève sont soumis à l’appréciation de l’éducateur. En guise de réussite, les meilleures reçoivent des prix venant des dons de certains aînés ou parents. La cérémonie de distribution des lauriers a lieu lors de la commémoration de la date de naissance du prophète Mahomet qui se tient le troisième mois lunaire islamique. « Ce sont les dons glanées çà et là qu’on octroie aux élèves, dit Aboubakar. Les aînés nous assistent uniquement de manière ponctuelle, c’est-à-dire à cette cérémonie ». Une attitude que les nantis de ce quartier devraient revoir, s’ils veulent pérenniser l’enseignement du coran. Les espaces abritan,t les écoles demandent aussi un assainissement car, les enfants sont exposés aux maladies. Yvette Mbogo




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