Ens de Maroua : La " Noël " de Paul Biya au Septentrion

Par | Mutations
- 19-Dec-2008 - 08h30   62334                      
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Plus de 4 800 ressortissants de l'Adamaoua, du Nord et de l'Extrême Nord admis dans les listes additives publiées hier.
Ce sont bien 5615 candidats ressortissants des régions de l'Adamaoua, du Nord et de l'Extrême Nord qui sont finalement admis dans les cycles A et B de l'Ecole normale supérieure (Ens) de Maroua pour le compte de la prochaine année académique, soit 4855 sélectionnés dans les listes additives publiées hier par le ministre de l'Enseignement supérieur (3222 au 1er cycle et 1633 au second cycle). Un chiffre auquel il faudra ajouter les 760 de la première vague des étudiants admis dans les premières listes rendues public. On est donc loin et même très loin des 1420 places réclamées par les élites et dont les noms ont été communiqués à la présidence de la République en fin de semaine dernière par les services du ministre de l'Enseignement supérieur (Minesup), après les travaux du jury spécial qui avait été mis sur pied à la demande du président de la République. Un jury constitué à la suite de la contestation née des élites et élus de ces trois régions après la publication des premiers résultats du concours d'entrée dans cette école récemment créée au sein de l'Université de Maroua. On est donc passé des 760 admis, chiffre officiel publié par le Minesup dans la guerre des statistiques qui l'a opposé aux élites des trois régions concernées, à près de 6 000, soit tous les ressortissants de cette partie du pays qui ont postulé à une place dans cette école. Une décision prise en toute souveraineté par le chef de l'Etat après la transmission des conclusions du jury spécial, selon nos sources. Une première dans les annales de l'histoire des concours administratifs au Cameroun… De même que ce sera sans doute la première fois qu'une liste additive dépasse de très loin, celle du résultat définitif du concours. Des étudiants qui sont admis "sous réserve de la présentation des originaux des diplômes requis" comme indiqué dans le communiqué du Minesup. Sur les chiffres, on peut relever 527 admis au rang des conseillers d'orientation pour le second cycle, alors que 555 candidats sont retenus en première année du 1er cycle de Science de la vie et de la terre. Les " listes additives " publiée hier sous la forme de communiqués signés par le ministre de l'Enseignement supérieur hier en fin de matinée tombaient comme par hasard, à la veille de l'ouverture officielle dans la ville de Maroua du Festival national des arts et de la culture (Fenac). On se rappelle à cet effet que les élites envisageaient une marche de protestation contre les premiers résultats publiés par les autorités de l'Enseignement supérieur ce jour à l'ouverture de cette rencontre culturelle. Embarras Comme nous l'indiquions déjà dans notre édition de mercredi dernier, le problème que posera la décision rendue hier est celui des infrastructures d'accueil de tous les étudiants sélectionnés. Une situation qui avait déjà été soumise à l'appréciation du chef de l'Etat selon des sources proches du ministère de l'Enseignement supérieur dans le cas du recrutement des 1420 initialement prévus. On imagine que celui-ci se posera encore avec plus d'acuité avec le nombre de candidats retenus pour les régions de l'Adamaoua, du Nord et de l'Extrême Nord. La publication hier des listes des admis des régions septentrionales vient ainsi mettre fin à un ensemble de manifestations organisées depuis une dizaine de jours par les élites de cette partie du pays. Des manifestations qui ont eu pour principaux théâtres, l'Assemblée nationale où les députés avaient initié la correspondance adressée au chef de l'Etat. Paul Biya avait en effet reçu ce pli des mains de Cavaye Yéguié Djibril, le président de l'Assemblée nationale et porte-parole des manifestants. Ce qui avait permis d'éviter une paralysie de l'institution parlementaire. On les avait ensuite retrouvé au palais des Congrès de Yaoundé il y a une semaine au cours d'une rencontre avec le secrétaire général du Comité central du Rdpc au cours de laquelle ils avaient exigé et obtenu de ne pas voir assister le ministre de l'Enseignement supérieur, par ailleurs secrétaire à la Communication du parti au pouvoir. Avant de bouder une invitation à dîner du Premier ministre chef du Gouvernement qui recevait l'ensemble des parlementaires à sa résidence le même jour pour marquer la fin de la session parlementaire consacrée à l'examen et au vote du budget de l'Etat pour l'exercice 2009. Les résultats publiés hier par les soins du ministre Jacques Fame Ndongo vont au delà des attentes des élites et autres élus des régions septentrionales. Elles qui se sont engagées à pourvoir la région en infrastructures pour l'accueil des nouveaux étudiants vont devoir faire face à une demande pour le moins inattendue et somme toute embarrassante. Jean Francis Belibi

Maroua : La marche n'aura plus lieu

Programmée pour le 19 décembre la marche des élus et élites a été annulée en raison de la publication de la nouvelle liste. Jusqu'à hier matin encore, ils s'activaient à travers les rues de la ville de Maroua, les leaders de ce qu'on appelait la marche pacifique de protestation contre la publication de la liste des admis au concours d'entrée à l'Ecole normale supérieure de Maroua. Me Djorwé Paulin, conseiller municipal Mdr confiait que rien ne pouvait arrêter " la marche que nous organisons. Sauf si le ministre de l'Enseignement supérieur procède à la publication de la liste additive instruite par le Chef de l'Etat. " Une épée de Damoclès que nous évoquions déjà dans notre édition de lundi dernier et qui participerait à édulcorer les manifestations du 7ème festival national des arts et de la culture (Fenac). Lequel ne devrait pas connaître de perturbations en raison de ce que, le Minesup a rendu public la fameuse liste additive des admis. Me Djorwé Paulin de déclarer dans la foulée, " notre marche n'aura plus lieu en raison de ce que notre vœu a été exaucé. Nous ne marcherons plus demain parce que le Chef de l'Etat nous a compris. " Une indication que corrobore l'essentiel de la classe politique locale. Notamment Amadou Adji, l'initiateur de la marche. Pour qui, la publication des résultats est la résultante du signal donné par les élus et élites. Dans les rangs du Rdpc, c'est la satisfaction générale. Pour Sali Daïrou, membre du bureau politique du parti de la flamme, " Nous sommes contents. Nous sommes entièrement satisfaits de la publication de la liste additive recommandée par le Président de la République. Cela participe vous savez, du développement équilibré de toutes les régions qui est une préoccupation du Chef de l'Etat. La protestation des députés du grand Nord a laquelle vous faites allusion se situait dans le cadre d'un besoin d'équilibre. Et nous nous félicitions de la réaction prompte du Chef de l'Etat. " Le président de la section Rdpc de Bogo, l'honorable Hamadou Sali est lui aussi très ému. " Nous exprimons toute notre reconnaissance au Chef de l'Etat pour l'attention particulière qu'il ne cesse de porter à la partie septentrionale du Cameroun. Nous pensons que l'acte pris en la faveur de nos enfants est d'autant plus salutaire que cela va permettre de résoudre un important besoin en enseignants dans nos établissements. Nous n'avons plus d'excuse. " Ousmanou B. élite de l'Adamaoua ne cache pas son émotion même s'il formule quelques appréhensions. " C'est bien d'avoir fait la part belle au Grand Nord qui a tous les problèmes d'éducation. L'Ecole normale de Maroua peut permettre de résoudre ce problème. Les élites se sont mobilisées pour une fois. Il faut maintenant qu'elles songent à se donner la main pour les questions de développement. Surtout que les inimitiés entre elles sont nombreuses. " Habib commerçant à Maroua est plutôt ahuri. Il pense que " l'acte qui vient d'être pris est un fâcheux précédent pour lequel il sera difficile de panser les plaies ". Dans les familles cependant, on jubile à l'idée d'avoir un enfant à l'Ecole normale supérieure. Même si les conditions d'accueil des nouveaux étudiants restent floues. La mission d'identification des structures d'accueil du Minesup actuellement sur le terrain devrait nul doute, démêler cet écheveau. Dieudonné Gaïbaï




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