Dix huit ans après la disparition de l’ancien chef de l’Etat, son fils revient sur les rituels familiaux.
" Il est difficile de vous parler de mon collègue Ahidjo une dizaine de jours seulement après le début des travaux de la Commission des Finances ". Difficile de savoir si Gaston Komba, député Rdpc du Nkam et membre de la Commission des Finances et du budget de l’Assemblée nationale parle du fait qu’en ce début de législature, sa retenue est effectivement due à ce que son collègue de l’Undp dans la Bénoué Ouest arrive pour la première fois à l’hémicycle de Ngoa Ekellé, ou tout simplement à cause des absences répétées de celui-ci au sein de cette commission qui, depuis le début de la semaine dernière, procède à l’examen du budget de l’Etat pour l’année 2008. Mohamadou Badjika Ahidjo est presque toujours parti " J’ai une urgence, je reviens ", lance-t-il à son interlocuteur au moment de s’engouffrer dans son véhicule. Et le voilà parti pour réapparaître une ou deux heures plus tard avant de rejoindre ses collègues qui siègent au deuxième étage de l’Assemblée nationale.
Une salle qu’il quittera d’ailleurs quelques temps après pour se retrouver dans le hall où vous le retrouverez en discussion avec ses collègues, sans distinction de parti politique ou alors avec le personnel de l’institution qui vient l’y saluer avec beaucoup de déférence, voire le ministre des Finances Essimi Menye, qui va y faire une halte pour lui serrer la main. Pour Basile Yagaï, député Undp du Mayo Tsanaga Nord et parent de Mme Germaine Ahidjo, l’ex première dame, " Mohamadou Ahidjo est un homme assez simple dont la contribution à l’Undp est très importante. Il sera également utile à notre pays ici à l’Assemblée nationale parce qu’il est au dessus d’un certain type de préoccupations. " Mohamadou Badjika Ahidjo apparaît comme un député à part : point d’insigne lié à sa fonction comme on en observe chez la plupart de ses collègues, pas de cocarde de l’Assemblée nationale sur le fronton de son véhicule assez singulier par ailleurs. Vous ne le verrez pas non plus traîner une pile de documents comme cela semble être la coutume ici. " Je prendrai ça à la fin des travaux, j’ai déjà une grosse pile de documents sur ma table ", lance-t-il dans un sourire à l’un des agents de service qui essaie de lui faire porter un impressionnant lot d’enveloppes estampillées " Assemblée nationale du Cameroun " pour sa correspondance.
Mon père
Lorsque vous lui demandez de faire un retour sur ce fameux 30 novembre 1989, jour du décès à Dakar de l’ancien président Ahmadou Ahidjo, il lance simplement " Il s’agit de ces jours que l’on n’oublie pas. J’ai perdu mon père et plus tard, je suis devenu complètement orphelin avec le décès de ma mère ". Sur ce qu’il ressent 18 ans plus tard il déclare " mon père me manque "
Sur ce qu’il a prévu de faire ce 30 novembre 2007, il tient à préciser que "En tant que musulman, ce n’est pas un anniversaire à célébrer. Ce sera une journée normale, car je prie chaque jour pour le repos de l’âme de mon père. Plus que d’habitude, nous allons offrir l’aumône après la prière de vendredi (ce jour ndlr). "Il tient tout de même à faire savoir que " Comme tous les membres de ma famille, il m’arrive souvent d’aller prier sur la tombe de mon père à Dakar ", même s’il affirme ne pas vraiment se souvenir de la fréquence de ses déplacements vers la capitale sénégalaise.
Sur ses relations avec le reste de sa famille, il déclare avoir gardé d’excellentes relations avec tout le monde " Il nous arrive souvent d’organiser des rencontres entre nous, au Cameroun ou ailleurs ". Ancien président du conseil municipal de la commune de plein exercice de Garoua, il affirme se sentir plus utile aux siens à l’Assemblée nationale contrairement à son ancienne fonction où il devait se contenter " de valider des délibérations élaborées par d’autres. " S’il déclare de son côté que ce 30 novembre sera un jour comme tous les autres, son collègue Basile Yagaï pense néanmoins que " ce devrait être un jour de méditation pour tous les Camerounais ", même si les instances dirigeantes de l’Undp dont les dirigeants se déclarent être les principaux héritiers de l’ancien président n’ont toujours rien prévu pour honorer sa mémoire.
