Frappé par la sanction ministérielle, l'incriminé qui ne veut pas mourir seul dénonce toutes les filouteries et l'affairisme qui existent autour de l'examen BTS.
Dans un communiqué laconique sur les ondes de la Crtv et dans le quotidien gouvernemental, le ministre de l’enseignement supérieur réagit à la fraude à l'examen BTS 2011. Jacques Fame Ndongo frappe du poing sur la table: des enseignants sont sanctionnés, le complexe Siantou blâmé; les épreuves incriminées sont annulées et reprogrammées. Les sanctions du ministre sont diversement appréciées. Les victimes regrettent que le ministre de l'Enseignement supérieure qui est un «brillant journaliste et qui a toujours suggéré la critique des sources» n'ait pas usé du contradictoire. L'un des enseignants frappé pense qu'il a une porte ouverte et que les cas de fraudes aux examens BTS sont légions. «Croyez moi, ils sont nombreux, ceux qui sont même allés jusqu’à vendre les épreuves qu'ils ont ensuite proposées à cet examen de BTS 2011». C'est ainsi le récit de Frédéric Tchoko, chef de département de comptabilité et gestion à l'Institut Siantou supérieur.
Il dit être victime d'un lynchage et d’un acharnement inexpliqué. Et commence par s'expliquer sur ce qu’il qualifie d'accident, car soutient-il à la fin de son récit, «l'erreur est humaine». Pour la petite histoire, lors de la préparation de ses étudiants à l'examen de BTS, il compose au total quatre épreuves dont il ôte une pour la proposer en composition d'examen blanc à ces derniers. Seulement, au moment de remettre ses trois propositions d'épreuves au ministère de l'Enseignement supérieur, il imprime aussi sans s'en rendre compte celle qu'il avait déjà proposée à l'examen blanc à ses étudiants. C'est l'un de ceux-ci qui l'informe «de ce que l'épreuve qu'ils ont reçue à l'examen blanc est revenue intégralement à l'examen officiel. C'est donc ainsi que je suis informé et que je me rends compte de mon erreur, mais les dés sont déjà jetés», explique-t-il. Lorsque l'affaire commence à faire du remous, il dit s'attendre à ce qu'on le convoque au ministère pour entendre sa version des faits, avant qu'aucune décision, quelle qu'elle soit ne soit prise. Malheureusement pour lui, ce n'est pas le cas et le verdict tombe, irrévocable.
Pourtant, poursuit il, ils sont nombreux à être dans la même situation et parmi eux, certains l'ont fait pour des raisons pécuniaires. «Mais je suis le seul sur qui on s'acharne depuis le début de cette affaire», déplore-t-il. Poursuivant son discours, il brandit deux épreuves identiques sur lesquelles on peut lire «examen national du brevet de technicien supérieur session de juin 2011, spécialité l’option: action commerciale, épreuve: outils de gestion commerciale» d'une part, et «Institut de technologie appliqué et de gestion», avec la même suite, d'autre part. D'après les précisions ajoutées au stylo à bille sur la feuille, ladite épreuve serait passée dans cet établissement le mardi 12 avril 2011, en guise de préparation à l'examen de BTS 2011. Il dénonce ainsi un autre cas de fraude qui selon lui, est passé inaperçu, ou a volontairement été ignoré. «Je souhaite que le même sort soit réserve à tous ceux qui sont dans la même situation que moi. Et surtout que des enquêtes approfondies soient menées pour voir un peu plus clair dans cette histoire. De même, qu'après enquête, que toutes les épreuves incriminées soient recomposées dans les mêmes conditions», insiste-t-il.
Complots et jalousies
Pour lui, il faut remonter aux années 96 pour mieux comprendre cette histoire. En ces temps, il est alors enseignant à Siantou et également dans un établissement tenu par un promoteur de Dpes dans la ville de Douala. Promoteur qui est par ailleurs expert comptable, mais qui bien évidemment compte sur l'incriminé pour dispenser des cours de comptabilité à ses étudiants. Car, quand bien même il s'y essayait, ses dispensations ressemblaient plus à un atelier de recherche où il était la plupart du temps aidé par les élèves, qu’à un cours préparé en bonne et due forme. Chemin faisant, une situation tendue éclate entre son actuel employeur (Siantou) et son rival (de Douala). Il est contraint d'y suspendre ses enseignements. A présent, quelque peu jaloux de ses performances et de ses connaissances, ces derniers ont profité de l'incident dont il est victime pour «pousser les enfants dans la rue. Mais, je répète que je n'ai aucune leçon à recevoir en comptabilité des étudiants en BTS, encore moins de leurs encadreurs du même établissement. Sur quoi se basent-ils pour affirmer que l'épreuve a été mal structurée, mal conçue et pas au niveau de la classe ? Car je suis parmi ceux qui ont contribué à la restructuration de l'épreuve de comptabilité à l'examen de BTS, jusqu'à ce qu'elle soit acceptée au niveau international comme examen de référence », lance-t-il courroucé. De plus, ces derniers seraient poussés par le fait que ce soit son épreuve qui ait été retenue à l'examen cette année, et pas la leur comme les années précédentes. Il affirme n’avoir pas propose d'épreuves depuis quatre ans pour ces examens, et que malgré cela, ses étudiants sont toujours sortis majors à cet examen. C'est donc l'incapacité dé ces enseignants de Douala et leur goût pour la fraude qui les a poussés à manipuler ces enfants, car ils sont conscients de l'incapacité de leurs étudiants à obtenir de bonnes notes, tant que l'épreuve ne vient pas de leur établissement. «Il serait d'ailleurs important d'ouvrir l'œil sur cette nouvelle épreuve qui sera proposée. Je ne serai pas étonné qu'elle vienne de Douala», conclut-il.