Intimidation: Paul Eric Kinguè entendu à la DGRE à Douala

Par Blaise Djouokep | Mutations
- 25-Jan-2011 - 08h30   52953                      
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La police lui reproche d’avoir lié son intension de s’immoler à l’élection présidentielle de 2011.
Drapé dans un costume couleur sombre, le responsable régional pour le Littoral de la Direction générale des Renseignements Extérieurs (Dgre) s’est rendu hier, 24 janvier 2011, aux environs de 10h, à la prison centrale de New Bell à Douala. Son but : rencontrer Paul Eric Kinguè, l’ancien maire Rdpc de Njombé-Penja, à la suite de sa notification du premier président de la Cour Suprême et à l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun de son intension de s’immoler avant les élections présidentielles de 2011. La visite a été fructueuse après la tentative manquée de samedi dernier où Paul Eric Kinguè lui a adressé une fin de non recevoir. Tous deux, ils se sont rendus à la Dgre, à Bonanjo. Au cours de l’entretien qui a duré un peu plus d’une heure, «il m’a dit qu’il est le responsable régional de la Dgre. Pendant près de 60 minutes, nous avons eu un échange courtois. Il m’a demandé pourquoi est ce que je voulais m’immoler et pourquoi est ce que j’ai mis cet acte en rapport avec l’élection présidentielle de 2011. Il était question pour lui de me faire changer d’avis», raconte Paul Eric Kinguè. «Quant à moi, je souhaite que le dossier de l’affaire de détournement de 1.4 millions Fcfa à la mairie de Njombé soit ramené de Nkongsamba et que cette affaire soit jugée sans pression politique. Ce n’est qu’à cette condition que je peux revenir sur ma décision», confie t-il. En plus de cette visite peu ordinaire, celui qui menace fermement de s’immoler dit avoir reçu plusieurs coups de fil de nombreuses Organisations non gouvernementales (Ong) des Droits de l’homme qui veulent s’enquérir de la situation. Malgré ces soutiens multiformes, l’homme a le moral bas. «Je suis d’habitude très courageux, mais cette fois ci, je ne suis pas du tout bien moralement», confie t-il, le visage pâle et l’air abattu. Né le 20 août 1966 à Douala, Paul Eric Kinguè a fait son cycle primaire à l’école publique de Penja. Il décroche un baccalauréat A4 en 1988 au lycée de Ngoumou. Puis une licence en droit privé et finance en 1991 à l’université de Yaoundé. Il s’envole par la suite en République Sud africaine (Rsa). Là, il s’inscrit à l’université Witwa Desnand de Johannesburg où il obtient une maîtrise en droit de l’environnement. S’en suivent alors une quarantaine de stages en immigration dans le pays de Nelson Mandela. «Je vais en Afrique du Sud en 1992 d’où je passe trois années. Après mon retour, je gère la South African Foreign Trade Organisation (Safto) qui représente les 12 Chambres de commerce que compte la Rsa de 1995 à 2002. Je gérais aussi la South Africa Chamber of commerce qui est la Chambre de commerce Sud africaine au Cameroun dont j’étais le représentant», indique t-il. C’est en 1993 que commence la carrière politique de Paul Eric Kinguè, alors qu’il s’occupe encore de la promotion de l’économie Sud africaine et de l’octroi des visas pour ce pays. En 2001 et 2002, il est élu et réélu président de la sous section du Rpdc. «En 2002, je suis élu député aux primaires, mais je ne suis pas investi. Néanmoins, je vais me représenter aux municipales et aux législatives en 2007. Je remporte les élections et je choisi d’être maire plutôt que député et je suis installé le 12 juillet 2007», indique t-il. Il dirige la mairie pendant sept mois. Grande gueule, il dénonce surtout les entreprises françaises qui payent au rabais les taxes dans le Moungo. En pleine «émeute de la faim», il téléphone et passe en direct sur les antennes de Canal 2 où il donne sa version des faits. Pour beaucoup, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Le 29 février 2008, au lendemain des émeutes de la faim, il est interpellé. Au-delà de sa vie politique, M. Kinguè était avant son arrestation, «importateur de meuble de luxes en provenance d’Italie et de la Rsa», dit-il. Celui qui menace aujourd’hui de perpétuer le syndrome Tunisien au Cameroun est père de deux enfants.




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