Des journaux dont la survie dépend moins de la crédibilité et de la pertinence du contenu que des revenus publicitaires, inondent le marché médiatique.
" Urbain ", le dernier-né de la série, essaye de grappiller des parts de ce marché où pourtant sévit une concurrence des plus féroces. 20 pages entièrement en quadrichromie sur papier glacé, le journal dont la première édition est en kiosque depuis la mi-novembre se distingue par son contenu très people. Malgré la présence d'une équipe rédactionnelle constituée de plumes bien connues, Stéphane Tchakam et Aretha Louise Mbango, autour de Paul Mahel, le directeur de publication délégué, " Urbain " souffre cependant de l'absence à la fois de clarté, couverture attrayante, classement des annonces simple et cohérent... Le montage est proche de celui d'un livre où les textes sont jetés en vrac.
Dans le secteur de l'économie et des services, " FinancEco en Afrique Centrale " s'affirme bon an mal an. Tiré à 20.000 exemplaires par la Société de presse et d'édition du Cameroun (Sopecam), ce mensuel d'informations financières et économiques compte 16 pages entièrement en couleur. Il est ensuite encarté dans Cameroon tribune avec la mention " ne peut être vendu séparément ".
Pourtant, si le modèle de la gratuité suscite un engouement dans la presse, il n'a pas encore fait ses preuves en termes de rentabilité. Au Cameroun du moins. Le marché publicitaire pourra-t-il financer la multiplication des gratuits d'information ? On est tenté de le croire à l'analyse des différents contenus. " FinancEco en Afrique Centrale " que dirige M. Didier Planche, mise gros sur des publi-rédactionnels. L'actu y est brièvement traitée, et des opinions recueillies. Pas moins de six pages de publicité pour une seule édition, de la téléphonie mobile aux assurances, en passant par des produits de consommation…
Tiré à 5000 exemplaires quadrichromie, format tabloïd, " L'Equatorial ", qui se veut un gratuit d'informations générales (société, politique, économiques, culture…), est distribué dans tous les endroits publics : restaurants, hôtels, grands magasins et marchés, ambassades, Ong... Et les annonceurs? Ils se bousculent aux portes du directeur de publication, M. David Mengue Ela. Son gratuit a fait une entrée fracassante sur le marché, avec sept pages de pub sur 16. Les principaux annonceurs se recrutent toujours dans l'industrie des télécoms, hôtelière, dans les travaux publics et les agences de sécurité…
Les gratuits montent en puissance dans un contexte de désaffection des lecteurs pour les journaux payants. Les intéressés prétendent ainsi cibler une population qui ne lisait pas la presse quotidienne, à savoir les jeunes actifs urbains de moins de 35 ans. Seulement, l'info véhiculée par les gratuits est-elle crédible ? Pour Jacques Juniors Schule, le rédacteur en chef de " FinancEco en Afrique Centrale ", " Il faut arrêter de croire que seuls les journaux commerciaux sont choyés. Pour qu'un journal soit viable, il lui faut une certaine légitimité, de la crédibilité, et donc un contenu auquel le lectorat puisse accorder sa confiance et sa fidélité. La pub génère certes de l'argent, mais vous savez, un journal sans lecteurs… et surtout sans véritables journalistes… ".