Leadership (RDPC): Le retour de Joseph Charles Doumba

Par Jean Baptiste Ketchateng | Mutations
- 15-Jul-2006 - 08h30   54095                      
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Chargé d’organiser le congrès du parti, le SG du Rdpc revient au devant de la scène et fait chuter ses adversaires.
Le pas hésitant de Joseph Charles Doumba ne l’a pas trahi. Sur son visage, il se lisait une joie réelle qui irradiait autour de lui et lui donnait un teint un peu plus clair qu’au naturel. Et comme pour ne pas faire les choses à moitié, en clôturant cette réunion des membres du comité d’organisation du congrès extraordinaire du Rdpc du 21 juillet prochain, qui se tenait hier au palais des Congrès de Yaoundé, le secrétaire général du comité central du Rdpc a tenu à saluer les membres de l’assistance. Une centaine de grosses légumes du parti à qui il a secoué vigoureusement la main, donné des tapes amicales ou chahuté au passage. Aussitôt dit, aussitôt fait, pour celui qui démontrait par là qu’il tient en partie le gouvernail du navire Rdpc. Au point de convoquer la réunion d’hier, qui se résumait en réalité à la lecture des noms des cadres qu’il a retenus dans les différentes commissions où l’on notait des absences remarquables. Grégoire Owona, secrétaire général adjoint du parti, Jean Marie Atangana Mebara, secrétaire général à la présidence de la République, Jean Fabien Monkam Nitcheu, conseiller et ex bras droit du SG passé chez l’adversaire, entre autres. " C’est bien la preuve que Biya garde toujours une carte en main que l’on ne connaît pas ", pavoise un proche de Joseph Charles Doumba qui a commencé à se repositionner sur l’échiquier du Rdpc avec la décision de Paul Biya, président national du Rdpc, de lui confier la charge de " réussir l’organisation " du congrès. Depuis lors, le vieil homme se sent revivre. Et il semble loin le temps où on le considérait comme un has been du landernau politique dirigeant. " Ceux qui parlent, ne savent pas que le vieux (J. C. Doumba, ndlr) avait même déposé sa démission auprès du patron (Paul Biya) et que celui-ci lui a dit d’attendre son retour de New-York (après le récent sommet tripartite au sujet de Bakassi). Vous croyez qu’on peut lâcher aussi facilement un homme qui vous a préparé à aller aux fonts baptismaux du pouvoir, tout en restant à vos côtés aux heures les plus dures ? ", se satisfait un membre du comité central proche de ce politique dont on dit qu’il a l’oreille de Paul Biya. Pourtant, les observateurs qui avaient enterré ce dinosaure de la scène politique, ne se fondaient pas seulement sur des " sources bien informées au palais de l’Unité ". A l’occasion de la cérémonie de présentation des vœux au chef de l’Etat en janvier dernier, les caméras de télévision avaient bien immortalisé cet instant où Paul Biya avait de la main renvoyé Joseph Charles Doumba à la foule, alors que celui-ci tentait de lui dire deux mots. Ceux qu’ils auraient peut être dits au cours de la réunion du bureau politique de mars 2005 à laquelle une rétention d’information l’avait empêché de participer pleinement. En octobre 2004, le SG du parti au pouvoir n’avait pas fait partie de l’équipe de campagne de Paul Biya, qui fit le tour du Cameroun sous la direction de l’ancien Premier ministre Peter Mafany Musonge. Jusqu’alors, tapis dans l’ombre, les prétendants à la succession de cet homme de 69 ans (il est né à Yabassi le 2 février 1936) semblaient donc avoir marqué des points contre lui. Jusqu’à la semaine dernière quand le " Blanc de l’Est " a marqué son retour que certains analysent aussi comme un désaveu de la " Génération 2011 ", du nom de ce groupe occulte de barons du Renouveau qui s’organiseraient pour succéder à Paul Biya, à la fin de son mandat actuel à la tête de l’Etat. S’il n’est pas indubitable que le SG du Rdpc fait partie d’un plan de riposte de Paul Biya, son parcours au sein des sphères dirigeantes du Cameroun, depuis le règne d’Ahmadou Ahidjo, renseigne sur les ressources et les capacités de l’homme à rebondir. Même si la vie ne lui a pas beaucoup souri ces derniers temps (il a récemment perdu un membre de sa famille et souffre du poids de l’âge). Cet administrateur civil principal, a en effet dirigé les ministères de la Justice et de l’Information dans les années 1970, l’école des cadres de l’Union nationale camerounaise (Unc), l’ancêtre du Rdpc dont il sera le secrétaire à l’Organisation dès la mutation de 1985. l’ex ministre chargé de missions d’Ahidjo sait donc mieux que quiconque ce qui se trame chez les stratèges politiques du parti au pouvoir.




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