Convoquée le 18 avril par le chef de l'Etat, cette instance se penchera entre autres sur le dossier disciplinaire de plusieurs magistrats. Branle-bas chez les robes noires!
Pour les uns, la sentence risque d'être terrible. Pour les autres, ce pourrait être plutôt la foire aux nominations ou promotions. Dans le premier cas, comme dans le second, «chacun ne récoltera que ce qu'il a semé». Il y a longtemps que le président de la République désirait convoquer une nouvelle réunion du Conseil supérieur de la magistrature (Csm). Nos sources généralement bien renseignées affirment qu'il a dû sursoir à sa décision à la suite d'une requête du nouveau ministre de la Justice, demandant un temps conséquent pour prendre une bonne mesure de la maison que lui a laissée Amadou Ali. Laurent Esso se serait remis avec entrain à la préparation du Csm. Si l'on s'en tient à une déclaration faite à l'Assemblée nationale par l'ancien Minjustice, Amadou Ali, le Csm allait être l'occasion d'examiner près de 100 dossiers disciplinaires de magistrats. Les proches de Laurent Esso n'en disent pas moins. Mais la grande nouveauté sera la détribalisation des décisions d'importance. «Il n'y aura plus une région de bons magistrats et une région de magistrats indélicats. Les critères d'objectivité et d'impartialité seront les seuls à avoir droit de cité dans les décisions du Csm du 18 avril prochain», indique-t-on au ministère de la Justice. Il ne sera plus question pour le Directeur des affaires générales de ce ministère de négocier les sanctions ou les promotions des magistrats, comme ce fut le cas dans un passé très récent.
Humaniser la justice camerounaise.
La Météo a appris de source exclusive que les tribunaux connaîtront à l'avenir la présence assidue de «Contrôleurs». Leur mission: Observer si les procès débutent aux heures indiquées par les présidents de tribunal. Plus question, par exemple pour les juges de se pointer à la Cour à 14h alors qu'il a donné rendez-vous aux parties à 08 heures. Le Contrôleur se chargera donc de répercuter ces abus au ministre de la Justice. Lequel agira contre les récidivistes. Cette mesure moderne rentre en droite ligne du processus d'humanisation de la justice camerounaise. Aucun acte de maltraitance ou d'abus d'autorité ne sera plus toléré ? respect des ses droits reconnus par la Charte des Nations-unies et la Constitution du Cameroun.
La prochaine réunion du Csm sera aussi l'occasion de mettre en place le Tribunal Criminel Spécial. Ses responsables seront nommés. Et le Tribunal pourra connaître, les jours d'après, de ses premiers dossiers. Rappelons que le Tribunal est compétent pour juger des infractions de détournement de fonds publics dont le montant du délit est au moins de 50 millions FCFA. Il offre la possibilité pour l'accusé d'obtenir l'arrêt de la procédure contre le remboursement des sommes détournées.
Ni préférence nordiste ni préférence sawa.
Sur le chapitre des nominations attendues à l'issue de la session, l'espoir qu'elles seront fondées sur le mérite et la compétence, et non plus sur d'autres considérations inavouables, est grand. L'ère du favoritisme semble révolue. Plus de parachutage nordiste encore mois sawa, anglophone, bassa, bamiléké, béti... La compétence sera la mesure de toute promotion, qu'importent ses origines tribales. Autre innovation version Laurent Esso : aucun responsable ne mettra plus longtemps à un (même) poste important.
Notons que lors de la dernière réunion du genre, tenue le 08 juillet 2010 au palais de l'Unité, il avait été décidé de l'intégration dans la magistrature des auditeurs de justice de la promotion 2008-2009, mais également de la promotion et des affectations des magistrats. Le 18 avril prochain sera donc le jour des résultats. Et le jour des résultats, les larmes vont couler...