Matériaux de construction: Les prix du fer à béton baissent

Par Marie-Noëlle Guichi | Le Messager
- 03-Aug-2007 - 08h30   90804                      
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C’est le résultat d’une concertation entre les opérateurs de la filière et le ministre du commerce à Yaoundé, hier 2 août 2007.
Le fer à béton, denrée incontournable dans la construction d’immeubles qui sortent de terre à un rythme vertigineux dans les métropoles camerounaises depuis un certain temps, est devenu hors de portée pour ses consommateurs. C’est que, unilatéralement, les opérateurs du secteur ont décidé, depuis le mois de juin dernier, d’une augmentation de près de 25% sur les prix pourtant concertés et arrêtés avec leur accord, un an plus tôt. Pour le fer de 8 par exemple, qui devrait normalement coûter 2450 francs selon la mercuriale, les opérateurs ont ostentatoirement décidé de le vendre à 3245 francs Cfa ; le fer de 10 vendu à 5225 francs au lieu de 4200 francs ; le fer de 12 à 6655 francs Cfa au lieu de 5100 francs etc. Dans les différents marchés de Yaoundé, les plus véreux y ajoutent même encore 200, 400, voire 700 francs Cfa supplémentaires, selon leurs humeurs. Ainsi, un fer de 12 est parfois acheté au-delà de 10 000 francs Cfa. N’en déplaise aux démunis qui n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Ces immuables vendeurs, en plus de la surenchère, prennent parfois du plaisir à sélectionner leurs clients pour ne satisfaire que les plus gros consommateurs. Le 10 juillet dernier, le ministre du commerce a voulu mettre fin à la jungle. Il a rappelé, à travers un communiqué de presse que les prix concertés et arrêtés le 16 juin 2006 n’ont subi aucun changement “ jusqu’à nouvel avis ”. Il a alors déclaré nul et de nul effet les nouveaux prix imposés par les opérateurs à leurs clients. Car ces hors-la-loi ont continué, imperturbables, leur enrichissement illicite. Des concertations se sont multipliées au ministère du Commerce pour les ramener à la raison. Au sortir de ces réunions, ils ont, à chaque fois, continué à dicter leur loi sur le marché. Finalement, sur instruction des autorités, ils ont été contraints à geler les ventes jusqu’à ce que le gouvernement voie plus clair dans cet entêtement. Mais, les ventes ont continué à se faire sous le manteau, à des prix plus qu’exorbitants. Répression Entre temps, les responsables du ministère du commerce ont, point par point, étudier les éléments des dossiers techniques exigés de ces opérateurs. Ceci afin de comprendre les multiples contraintes qu’ils brandissent pour justifier la hausse des prix. A l’analyse, souligne M. Leuyou Maurice, cadre au ministère du Commerce, il a été constaté que ces opérateurs imputaient aux consommateurs de “ faux frais ” tels que l’amande qu’ils paient à l’importation pour avoir utilisé abusivement le navire transportant leurs marchandises. Il y’a aussi des frais fantaisistes comme ceux du stationnement et du déchargement de la marchandise au port de Douala, qu’ils imputent aux consommateurs, alors que la structure des prix ne le prévoit pas. Pour Leuyou Maurice, appuyé par le ministre du commerce, il n’en n’est pas question. Le consommateur doit payer le juste prix, quitte à ce que les opérateurs, “ qui s’approvisionnent actuellement chez des fournisseurs très chers dans un environnement où il en existe de moins chers, changent de partenaires pour augmenter honnêtement leurs marges bénéficiaires, sans ruiner le consommateur final, sans qui ils ne sont rien ”, lance le patron du ministère du Commerce. Il pense que ces opérateurs ne doivent pas engraisser l’économie étrangère au détriment de la leur. Luc Magloire Mbarga Atangana leur conseille des ajustements internes afin de ne plus, trop facilement, imputer aux consommateurs des charges supplémentaires qu’ils auraient pu éviter, à travers un bon management de leurs entreprises. De même il leur suggère des achats groupés, car plus ils prendront de grandes quantités, plus ils obtiendront des prix bas à l’importation. En fin de compte, à l’issue de la concertation d’hier, la 4ème réunion du genre en l’espace de deux mois, le ministre du Commerce, visiblement excédé, a frappé du point sur la table. “ La concertation n’a que trop duré. Il faut en finir. Il faut des prix de raison pour les consommateurs ”, a-t-il martelé. D’où les nouveaux prix arrêtés d’accord partie (voir encadré). Des prix avec une différence d’environ 100f entre Douala et Yaoundé, pour pallier la difficulté liée au transport de la marchandise entre les deux villes. De plus, ces nouveaux tarifs demeurent légèrement au dessus des prix concertés de l’année dernière, et qui étaient en principe encore d’application jusqu’à la décision conjointe d’hier qui a connu la participation des sociétés les plus représentatives du secteur, telles que Fokou, Quifeurou, Cogeni, Sorepco etc. “ Il fallait prendre en compte certaines de leurs contraintes justifiées, telles que l’augmentation du prix à l’international ”, tranche-t-on au mincommerce, en promettant de lancer aux trousses de ces commerçants, dans les tous prochains jours, la brigade de contrôle et de répression des fraudes pour traquer les têtus, comme ils ne manqueront pas. Voici les nouveaux prix publics applicables depuis hier: Douala Fer de 6 : 1200 Fcfa ; Fer de 8 : 2660 Fcfa ; Fer de 10 : 4150 Fcfa ; Fer de 12 : 5850 Fcfa ; Fer de 14 : 8100 Fcfa ; Fer de 16 : 8800 Fcfa. YaoundéFer de 6 : 1250 Fcfa ; Fer de 8 : 2700 Fcfa ; Fer de 10 : 4225Fcfa ; Fer de 12 : 5950Fcfa ; Fer de 14 : 8250Fcfa ; Fer de 16 : 9000 Fcfa.




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