Les gouverneurs de la Beac et de la Banque de France se sont attelés à le démontrer hier au cours d'une conférence à Yaoundé.
"Monsieur le gouverneur de la Banque de France, que répondez-vous à ceux qui pensent que les Etats qui se sont développés sont ceux qui gèrent eux-mêmes leur monnaie" ? Sur cette question a lui adressée par un journaliste de la Crtv, Christian Noyer, a répondu sec : "ça ne correspond pas à la réalité. Ce n'est pas parce qu'on décide de gérer sa monnaie en commun, qu'on n'en est plus maître". Et le gouverneur de la Banque de France, qui effectue sa première visite au Cameroun depuis le 8 juillet dernier, d'étayer sa thèse en indiquant que depuis l'entrée en vigueur de l'euro, monnaie gérée par plusieurs pays de l'Union européenne, cette communauté à créer plus d'emplois que les Etats-Unis, par exemple. De même qu'elle a réussi à contrôler le taux d'inflation mieux que pendant la décennie ayant précédée l'arrivée de l'euro.
Autant d'explications qui n'ont visiblement pas convaincu cet autre journaliste, qui est revenu à la charge en demandant au gouverneur de la Banque de France s'il n'était pas plus judicieux pour le franc Cfa de la Zone Cemac de s'arrimer "à un panier de monnaie" plutôt qu'à une seule monnaie. Réponse de Christian Noyer : "C'est un dispositif [arrimage du Cfa à une seule monnaie, notamment le franc français d'abord, et l'euro par après] qui a fait ses preuves depuis 50 ans. Il y a des esprits chagrins qui veulent faire croire que ça ne marche pas (…) Techniquement, le maintien de ce choix politique est basé sur des arguments assez solides (…) Moins d'inflation et plus de croissance. Voilà à quoi cela correspond".
Un avis visiblement partagé par Philibert Andzembé, qui n'a cessé d'esquisser un hochement de la tête en signe d'acquiescement, tout au long de l'exposé de son hôte. Avant d'ajouter, lui-même : "l'unité qui définit le panier de monnaie c'est le Dts [droits de tirage spéciaux], et nous l'utilisons déjà. Nous sommes déjà arrimé à un panier de monnaie, puisque l'euro est un panier de monnaie". Philibert Andzembé à ensuite saisi l'opportunité qu'offrait la conférence de presse organisée hier mercredi, 9 juillet 2008 dans les locaux de la Beac, à l'occasion du séjour au Cameroun du gouverneur de la Banque de France, pour indiquer que la suppression de la limite des taux d'intérêt à pratiquer par les banques de la zone Cemac, récemment décidée par la Beac ; ne constituait pas une porte ouverte à la pratique des taux davantage prohibitifs pour les chercheurs de capitaux.
"Cela vise [plutôt] à encourager la concurrence entre les banques (…) Nous allons également encourager les Etats à mettre en place des lois sur l'usure [pratique qui a fait le lit des taux d'intérêt exorbitants]", a déclaré le gouverneur de la Banque centrale.
A en croire le gouverneur de la Beac, la visite du gouverneur de la Banque de France va se conclure par la signature d'un protocole devant formaliser la collaboration entre les deux banques centrales. En trois jours, Christian Noyer, a-t-on appris, a également pris connaissance de la situation économique qui prévaut dans les six pays de la Cemac, et des réformes en cours au sein de cette communauté. Des réformes qui, a confié Christian Noyer, vont en droite ligne de "la nécessité de se positionner au même niveau de gouvernance mondiale".