Une centaine de victimes sont passées dans son bloc opératoire de fortune au quartier Anguissa à Yaoundé. La dernière, une dame de 62 ans à qui il a demandé 228 000 F CFA, a fait découvrir le pot-au-rose...

Patrick MESSOBO
Photo: © PM/Cameroon-Info.Net
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Je ne suis pas médecin”. Cet aveux aux journalistes dans les locaux du GSO, le Groupement Spécial d’Opération où il est détenu, contraste avec sa pratique quotidienne. Patrick MESSOBO, 27 ans (il dit lui-même en avoir officiellement 29), "exerce" pourtant depuis environ 7 ans. Sans diplôme de médecin, son “
ex-copine” aurait emporté tous ses diplômes “
obtenus a l’Université Catholique de Louvain en Belgique”, ni autorisation quelconque d’opérer. En fait d’opération, il utilise une lame rasoir dans ce qui lui sert de bloc opératoire. Il le fait tout seul, parfois avec un photographe qui permet d’immortaliser ses «expériences».
Son dernier forfait date de deux semaines environ. Lorsqu’une dame de 62 ans, aidée par sa sœur elle-même ancienne patiente de MESSOBO se rend chez lui pour un léger mal de dos. Sur place, le «chirurgien» lui propose de l’opérer pour un autre mal dont elle souffre à seulement 42 000 F CFA. Convaincue, la dame passe sur la table. C’est alors qu’il «ouvre son ventre», puis annonce que l’opération s’est compliquée. Et pour cause, une poche de pus a été découverte dans les trompes. Il faut quatre flacons de médicament nommé «lift», a raison de 57 000 F CFA l’un. Le «médecin» juge la situation très préoccupante, mais ne délivre pas d’ordonnance. Il est le seul à pouvoir acheter le médicament dit-t-il fabriqué par les chinois. C’est alors que paniquée, la dame alerte sa famille dont un de ses enfants animateur radio à Yaoundé.
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Les oeuvres de MESSOBO
Photo: © PM/Cameroon-Info.Net
Dans l’impossibilité de trouver 228 000 FCFA à l’immédiat, son fils contacte un médecin de l’Hôpital Général pour une intervention rapide en attendant de trouver de l’argent. Lequel médecin prend attache avec son «confrère». Et là, le langage, la démarche et les explications de Messobo inquiètent le vrai chirurgien qui demande a voir la patiente. Entre-temps, cette dernière a déjà été libérée pour aller à la recherche de l’argent. Dr TIEMENI puisqu’il s’agit de lui se rendra compte que l’opération supposée concerner les trompes n’en est pas une. Sa discussion avec Messobo dans ce qui lui sert de bloc opératoire fait aussi ressortir la supercherie.
Laquelle n’est cependant pas connue de ses patients. Ils sont en moyenne une centaine par jour qui défile chez lui. Le cas d’une jeune fille de 27 ans, opérée pour des miomes à l’Hôpital Central de Yaoundé et qui n’a pas retrouvé la santé. Sa mère raconte que le mode opératoire a été le même. L’ordonnance aussi à quelque exception près. Trois flacons de son fameux «lift» soit 57 000 FCFA multipliés par trois. La jeune fille, à la différence de l’autre dame va très mal.
Arrêté par les éléments du GSO ou une première plainte a été déposée, le pseudo-chirurgien, parfois aussi psychothérapeute a demandé pardon. Filleul d’un député de la République, parrain de son mariage, ce dernier a même bénéficié d’une intervention de son protecteur pour tenter un arrangement en vain.
Les faits sont nombreux et graves: usurpation de titre, escroquerie, tentative d’assassinat pour ne citer que ceux-là. Il dit craindre de faire la prison, peut-être qu’il pourra finalement retrouver la liberté. Une intervention d’une haute personnalité étant venue à la rescousse. La suite nous dira.