Pénurie : La gorge sèche de Boukoula

Par Dieudonné Gaïbaï | Mutations
- 11-Apr-2008 - 08h30   53912                      
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La localité frontalière avec le Nigeria éprouve de nombreuses difficultés d’accès à l’eau.
La fraîcheur dans la localité de Boukoula samedi dernier ne laisse point présager d’un problème d’accès à l’eau. Ce d’autant qu’à l’entrée de Boukoula (via le département du Mayo Louti) un barrage de retenue d’eau a été aménagé à Goloza par les pouvoirs publics et suscite la curiosité des visiteurs. Ce barrage ne parvient malheureusement pas à approvisionner Boukoula, située en amont. Spener Yawaga, enseignant à l’université de Ngaoundéré et élite du coin affirme qu’il " est difficile pour les familles de s’approvisionner en eau, dans la mesure où il faut faire de nombreux kilomètres avant d’espérer avoir le précieux liquide, surtout en saison sèche." Au quartier Djamena, non loin de la grande mosquée du coin, les puits sont asséchés. Il n’y a pas d’eau affirme Siddi, un jeune du coin. Une situation qui dure depuis le mois de septembre, juste après la fin de la saison pluvieuse. Dans le lit du mayo situé à moins d’un kilomètre de là cependant, des fosses sont faites dans la partie asséchée du cours d’eau. Une situation qui contrarie les femmes du coin, obligées de faire la queue durant des heures pour recueillir quelques gouttes d’eau infiltrées dans le sable. Mais pour les plus courageux des habitants de Boukoula, il faut faire près de cinq kilomètres canaris sur la tête ou bidons sur des motos et bicyclettes pour recueillir de l’eau. Le quartier Maboudji accueille en effet, l’unique puits à ciel ouvert à partir duquel on peut s’approvisionner en eau pendant l’année. Dans le pourtour de ce point d’eau, les riverains ont fait construire des puits le long de leurs résidences. Ces puits de fortune, sans commodité particulière sont couverts et fermés à clef. Ils sont également équipés d’abreuvoirs pour les animaux. Adamou Okala, président du Comité de développement de Boukoula, n’a pas cependant perdu tout espoir : " nous nous sommes mobilisés pour faire construire des puits et des forages avec le concours des Ong. Mais cela n’a pas suffi. Nous avons construit ici même dans le cadre de nos projets de développement un mini barrage de retenue d’eau. C’est ce qui permet qu’aujourd’hui on puisse avoir de l’eau à temps plein au puits de Maboudji. " L’on regrette d’ailleurs dans les conversations des villageois que dans le cadre des projets de développement, un puits de 63m ait été construit sans qu’on ne puisse avoir la moindre goutte d’eau. Les infrastructures y afférentes sont encore visibles à Maboudji. Mais les populations de Boukoula s’étonnent quand même de ce que le barrage de retenue d’eau de Goloza ne puisse point permettre de ravitailler leurs ménages, leurs champs et leurs élevages. Dans ce village à partir duquel, sont recueillies les eaux qui alimentent le barrage de retenue d’eau de Goloza et donc du département du Mayo Louti tout entier. Le Comité de développement qui a recueilli au cours du week-end dernier, plus de neuf millions de francs Cfa, ambitionne de construire d’autres infrastructures d’accès à l’eau potable. Mais il reste que ces efforts des populations ne sont pas encore accompagnés par des actions des pouvoirs publics.




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