Régions: Le Sud a mal à ses routes

Par Jeanine FANKAM | Cameroon Tribune
- 28-May-2007 - 08h30   54594                      
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C’est le constat qui se dégage après la visite effectuée la semaine dernière dans cette province par le ministre des Travaux publics...
Du 23 au 25 mai 2007, le ministre des Travaux publics, Bernard Messengue Avom, a sillonné les différents axes routiers de la province du Sud pour avoir, une idée précise de leur état. L’option de parcourir davantage les axes non bitumés en cette saison des pluies permettait de mieux apprécier la situation sur le terrain. De Ngolbang à Sangmelima, en passant par Zoétélé, Ekong, Bengbis ; De Sangmelima à Ebolowa via Mengong ou encore d’Ebolowa à Dipikar en passant par Lolodorf, Kribi, Campo, le ministre et sa délégation ont mesuré les difficultés des populations. Un petit cliché du premier jour du périple: on vient à peine de dépasser Zoétélé, dans le village Nkoumadjap. La route commence à étaler l’autre visage du réseau routier du Sud. Le bourbier qui tient lieu de route, nargue, à fréquence régulière, la robustesse des 4x4 qui transportent la suite ministérielle. Les passagers à bord comptent davantage sur l’adresse des chauffeurs. Les populations attirées par l’inhabituel cortège se placent devant les maisons pour scander presque le même message : " Il nous faut de bonnes routes. Transmettez nos doléances à qui de droit une fois de retour à Yaoundé ". Par endroits aussi, les conducteurs sont obligés de sortir pour réajuster les planches sur certains ponts avant le passage. Au bout de trois jours de parcours, une remarque s’impose : certains tronçons sont désastreux par rapport à d’autres. C’est le cas de l’axe Ekong-Bengbis. Il en est de même du tronçon Ebolowa-Lolodorf, mauvais à partir du village Efoulan jusqu’à Mbango et celui de Mengong-Sangmelima est en piteux état sur 60% du tronçon, nous confirme un fonctionnaire du ministère des Travaux publics. Dans un face-à-face avec les forces vives du Sud dans la salle de conférence de la délégation provinciale de la CNPS d’Ebolowa, le 24 mai, le ministre a rassuré : " votre préoccupation est prise en compte. Des études sont en train d’être actualisées pour passer à l’étape du bitumage des axes importants. Ce n’est pas dans la province du Sud que je viendrais tenir la langue de bois ", a-t-il répété plusieurs fois sous la pression des élites. D’ailleurs, le chef de service provincial des routes du Sud confie au reporter qu’un crédit non négligeable est disponible pour une intervention urgente sur les axes Mengong-Sangmelima et Nsimi-Zoétélé en attendant le début du nouveau contrat pluriannuel. On attend la fin des pluies pour commencer les travaux. C’est au cours de la rencontre avec les élites que le ministre Bernard Messengue Avom a situé sa visite dans son contexte. La préparation du budget de l’exercice 2008 commence bientôt. Il est donc venu prendre connaissance de la réalité de l’état du réseau routier de cette province afin de définir les priorités pour l’an prochain. La visite dans la province du Sud est la deuxième étape d’un périple qui a commencé par les provinces septentrionales du pays. Messengue Avom sillonne les routes du Cameroun afin que les entrepreneurs sachent que l’appréciation de la qualité de l’exécution de leurs travaux ne se fera plus seulement à partir des rapports envoyés au ministre à Yaoundé. Autre information forte, le ministère des Travaux publics compte renforcer les moyens de la Société de développement du cacao (SODECAO) afin que dès 2008, elle s’investisse dans l’entretien des pistes cacaoyères. Mais les populations du Sud restent accrochées à un rêve qui leur est cher : relier directement Ebolowa à Kribi et Ebolowa à Sangmelima... Ebolowa-Kribi, Ebolowa-Sangmelima, Vivement le bitume ! Ces axes, lorsqu’ils seront construits augmenteront les flux commerciaux entre le Cameroun, le Gabon et la Guinée équatoriale. Le député François Essam, du département du Dja-et-Lobo dans le franc-parler qu’on lui connaît, a profité du séjour du ministre des Travaux publics, Bernard Messengue Avom, pour le prier de lui "indiquer le tiroir où sont coffrés" les études de faisabilité pour le bitumage des axes devant relier Kribi-Ebolowa et Sagmelima-Ebolowa. " Indiquez-le moi, pour que j’aille les sortir de là en ma qualité d’élu du peuple. Les populations sont fatiguées de nos promesses sur la question ", a-t-il lancé avant d’ajouter qu’il n’est pas judicieux pour les administrés du Sud, (les populations de Sangmelima et Kribi notamment) de contourner par la province du Centre pour rejoindre leur chef-lieu de province et leurs administrateurs. De Sangmelima à Ebolowa, les populations passent par Mbalmayo (une ville de la province du Centre) pour contourner Mengong où la route est très mauvaise sur plus de la moitié du tronçon. Pourtant, le trajet Sangmelima-Megong-Ebolowa est long de 112 Km. De Kribi à Ebolowa (et vice-versa), Yaoundé est aussi le passage obligé pour les voyageurs en attendant le bitumage de l’axe Ebolowa-Lolodorf-Kribi, à peine 170 à 180 km de long. Joseph Blaise Abolo Abolo, délégué du gouvernement auprès de la commune urbaine d’Ebolowa, a joint sa voix à celle du député pour porter haut cette doléance. Ce faisant, et en tenant compte du poids agricole du Cameroun, considéré comme le grenier de l’Afrique centrale, le commerce avec le Gabon et la Guinée équatoriale pourrait s’intensifier à travers les marchés frontaliers d’Abang-Minko et de Kyé-Ossi. D’autre part, le bitumage du tronçon Ebolowa-Lolodorf permettra de rejoindre la route bitumée Eséka-Lolodorf, un raccourci pour les populations du Sud en partance pour Douala. Mais déjà, ces populations se réjouissent de la construction du pont sur la Lokoundjé (Lolodorf) dont le ministre a visité le chantier. Le coût de construction s’élève à plus de 1,27 milliard de Fcfa, financés par la Banque africaine de développement et le budget d’investissement public. Sur l’axe Kribi-Campo, 59 autres ouvrages ont été identifiés dans le cadre d’une réhabilitation progressive. Comme à Eking, dernier village camerounais avant le Gabon, où il a été, Messengue Avom a étendu son périple jusqu’à Dipikar, une île camerounaise située à la frontière avec la Guinée équatoriale. A Dipikar, la route s’arrête après le pont construit sur un bras du fleuve Ntem. Le préfet de l’Océan, qui a accompagné le ministre sur ce tronçon de son terrotoire de commandement, explique que la forêt qui s’étale en face du pont est en territoire camerounais sur 40 km encore. Elle fait partie de la réserve forestière de Campo. Il a insisté sur la nécessité de prolonger la route après le pont pour affirmer la souveraineté nationale sur cette parcelle et briser tout quiproquo au sujet de la limite frontalière qui, pour certains, s’arrête sur le pont.




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