Sectes et pouvoirs: Le Cameroun otage des loges?

Par Joseph Flavien KANKEU | Le Messager
- 02-May-2012 - 08h30   55366                      
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Un hôtel huppé de Yaoundé a servi de cadre à une conférence-débat portant sur les religions, les loges et le pouvoir au Cameroun.
C'est dans le cadre de la 16ème édition de la grande palabre que cette conférence débat a été organisée. Des intellectuels camerounais bien connus y ont pris part, de même que quelques centaines d'étudiants et curieux. Le Pr. Claude Abé de l'Université catholique d'Afrique centrale, le Pr. Mathias Eric Owona Nguini de l'Université de Yaoundé 2, son collègue Armand Essomba L., le pasteur Robert Nkong et Nbombog Nbog Bassong ont au cours de cette rencontre, édifié les uns et les autres sur la place qu'occupent les sectes dans le processus d'accession aux postes hauts placés dans le contexte africain. «Identité, origine et évolution des religions, confessions et loges présentes dans le paysage sociopolitique et socioculturel du Cameroun actuel; le rapport des religions, confessions et loges initiatiques à la problématique de la souveraineté et de la liberté des Etats-nations et peuples de l'Afrique contemporaine; les pouvoirs religieux, confessionnels et ésotériques face à la démocratie et à la souveraineté populaire au Cameroun, ...» sont quelques uns des thèmes débattus lors de ce meeting très couru. L'on y a ainsi appris que les sectes sont une civilisation importée qui s'est déjà fortement enracinée en Afrique, surtout dans la bourgeoisie. Mais elles contribuent plutôt au sous-développement de notre continent, alors qu'elles ont été des moteurs de développement en occident. D'où l'invite de Mbombog Mbog Bassong à un retour à la spiritualité d'origine pour espérer une Afrique prospère. «L'Afrique est battue parce que les intellectuels africains n'ont écrit aucune théorie pour l'Afrique. Ils sont des répétiteurs de la théorie des autres et non des scientifiques comme ils le pensent», explique cet intellectuel qui pense que s'il y a une diversité amicale et une diversité humaine, on ne devrait pas parler d'église universelle. Il rejoint ainsi le Pr. Mathias Eric Owona Nguini qui pense que l'histoire des religions enseignées aux africains doit leur être expliquée. Car pour lui, Mohamed était métis, Jésus noire, donc tous africains. Les sectes, de part leur caractère magique, permettent aux chefs d'Etat africains de réduire au silence leurs compatriotes qui pourtant croupissent sous le poids de la misère. Selon les panelistes, il n'est pas un seul chef d'Etat en Afrique qui n'appartient à une loge. Les «frères» maçons se compteraient d'ailleurs en dizaine: Ali Bongo Ondimba du Gabon, Dénis Sassou Nguesso du Congo Brazzaville, Alpha Condé de Guinée Conakry, Idriss Deby Itno du Tchad, et autres Blaise Compaoré du Burkina-Faso en seraient quelques exemples. Le chef de l'Etat Camerounais lui, aurait été initié à la franc maçonnerie, mais demeure très haut placé dans la Rose croix. Magellan Omballa enseignant des sciences politiques avait peut-être raison de penser que: «Que ce soit dans l'administration, la haute fonction publique, la politique, l'Université, 95% des nominations se font en tenant compte de l'appartenance à une secte». Et si comme pensent certains observateurs bien avertis, ces loges sont si puissantes qu'elles peuvent bloquer le pouvoir révolutionnaire des peuples, pourquoi devrait-on s'étonner que Paul Biya, intronisé par la force du destin en 1984, soit encore au pouvoir aujourd'hui.




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