Séisme: La terre a tremblé au Cameroun

Par Thiéry G. Gango et Georgette-L. Assiga | Mutations
- 21-Mar-2005 - 08h30   74397                      
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Les provinces du Centre et du Littoral touchées. L’éclairage du sismologue Jean Victor Hell.
La secousse de faible amplitude a été ressentie dans le Centre et le Littoral. Samedi dernier, 19 mars 2005, la terre a tremblé au Cameroun. Dans les provinces du Centre et du Littoral, si l'on s'en tient à différents témoignages. Et, de manière particulière, à Monatélé dans le département de la Lékié où les secousses ont été ressenties de manière particulière. Ici, la secousse a duré de 5 à 10 secondes, selon les témoignages d'habitants. Certains parlent de fissures de murs dans des habitations. Entre 12h50 min et 13h, "la terre a tremblé. J'ai d'abord cru que c'était un grondement de tonnerre, mais quand ma femme qui faisait la cuisine à l'extérieur a crié que les murs étaient fissurés, je suis sorti", confie Simplice Mvomo Ntoudou, surveillant général au lycée de Monatélé. Dans la région d'Ebeda, village voisin, de fortes vibrations ont également été ressenties. En dehors des fissures sur les murs, aucune perte en vie humaine n'a été signalée tout comme les dégâts matériels sont restés minimes. Dans la capitale, il y a eu, au même moment, des mouvements de panique au marché central par notamment. Certains parlent de vaisselles qui ont bougé en faisant du bruit, de lits secoués, de nacos qui ont vibré, du sol qui tremblait comme si un train passait non loin. Les mêmes effets sont signalés à Douala et dans certaines localités dans les deux provinces. Tremblement de terre ou phénomène d'hallucination collective comme certains, habitués à vivre de loin ce type de mouvement sismique, l'ont pensé ? Plutôt un tremblement de terre, assure Jean Victor Hell, géologue, directeur de l'Institut de recherche géologique et minière (Irgm). "Il y a effectivement eu un tremblement de terre ou, si vous voulez, un séisme qui a provoqué tout ce qu'on a entendu. A Monatelé, où nous avons envoyé des équipes, certains ont parlé de bruit sourd, suivi de vibrations de terrain et, dans certains cas, de sensation d'aspiration par la terre", affirme l'homme de sciences qui ajoute que c'est un phénomène naturel dû aux mouvements de l'écorce terrestre. "De l'Océan Atlantique à la Centrafrique, en passant par Garoua-Boulaï, renseigne-t-il, nous sommes assis sur une zone de fractures. Vous savez d'ailleurs que la Sanaga coule le long d'une faille qu'on appelle le Système de faille de la Sanaga". Répliques Selon des informations recueillies sur place, c'est la première fois que la région connaît un tremblement de terre de ce niveau-là. Le directeur de la protection civile au ministère de l'Administration territoriale et de la Décentralisation, Jean Pierre Mana, est descendu sur les lieux pour sensibiliser les populations sur les mesures préventives en matière de tremblements de terre. Jean Victor Hell appelle quant à lui au calme et à la sérénité. "Avec les informations actuellement en notre possession, il n'y a pas de raison de s'affoler. Nous sommes ici dans une zone à risques c'est vrai. Mais il n'y a pas de raison de s'affoler." Y aura-t-il des répliques? "Je ne peux pas le dire. Il faut simplement rester vigilant", souligne le géologue avant de rappeler la fréquence des mouvements sismiques au Cameroun : une cinquantaine de mouvements remarqués et ressenties par les hommes ces dernières années, apprend-t-on. "J'ai parlé tout à l'heure de zone à risques. A Yaoundé, nous recensons par semaine environ deux à trois événements sismiques, de faible amplitude. Les hommes ne le sentent pas. Mais nous les détectons à l'aide de nos appareils. Dans la zone du Mont Cameroun, nous enregistrons en moyenne trois événements par semaine dont la moyenne se situe entre 1 à 2° sur l'échelle de Richter". Sur l'amplitude du séisme enregistré le week-end dernier, le directeur de l'Irgm a indiqué tard hier que la lecture du sysmogramme était achevée. Et que la magnitude exacte sur l'échelle de Richter sera sans doute communiquée par sa tutelle au courant de la journée.




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