A l'approche de la rencontre entre le président de la République du Cameroun M. Paul Biya et le chef de l'Etat français M. Nicolas Sarkozy, des réseaux proches de la Rose-croix et de la Franc-maçonnerie au Cameroun font feu de tout bois pour se faire "adouber" par le nouvel exécutif français.
Réseaux: Les batailles invisibles pour le pouvoir
A l'approche de la rencontre entre le président de la République du Cameroun M. Paul Biya et le Chef de l'Etat français M. Nicolas Sarkozy, les réseaux proches de la Rose-croix et de la Franc-maçonnerie au Cameroun font feu de tout bois pour se faire " adouber " par le nouvel exécutif français.
Comment pénétrer les milieux sarkozystes ? C'est l'équation que cherchent à résoudre en ce moment des proches collaborateurs du président Paul Biya, candidats déclarés ou non à sa succession… Le ministre d'Etat secrétaire général de la présidence de la République M. Laurent Esso, présenté comme nouveau tête de file de la Rose Croix, s'y emploie discrètement, fort de sa position institutionnelle. Ses contacts réguliers avec le secrétaire général de l'Elysée, M. Claude Guéant, alimente la chronique sur son repositionnement stratégique auprès des "maîtres français". Chiraquien affirmé, M. Laurent Esso entend devenir la nouvelle interface entre le président Paul Biya et le président Nicolas Sarkozy. Un rôle que croit déjà jouer M. Marafa Hamidou Yaya, sarkozyste dans l'âme depuis quelques années. La relation particulière qu'entretient le ministre Marafa avec le général français Raymond Germanos (en charge de certains aspects de la sécurité présidentielle) fait dire à d’aucuns qu'il serait l'homme de la situation. S'il est constant que M. Amadou Ali, vice-premier ministre en charge de la Justice et Garde des Sceaux n'est pas indifférent à son avenir dans cet appareillage, le récent séjour du secrétaire d'Etat français Jean-Marie Bockel dans son Kolofata natal laisse prospérer des questionnements.
Dans ces jeux d'influence, les officines de conseil en stratégie et d'image sont sollicitées pour assurer la facilitation des contacts. C'est ainsi que le cabinet Euro RSCG Woldwide de Jacques Séguéla, actuellement dirigé par M. Stéphane Fouks, se déploie pour affiner le " menu " de la rencontre Biya-Sarkozy.
Le déploiement des émissaires entre les deux parties se fait naturellement sous le contrôle de M. Laurent Esso qui semble disposer de toute l'information utile pour le cadrage des intérêts en conflit. Mme Patricia Balme du cabinet de communication (PBC communication) espère aussi jouer un rôle dans cet attelage, en synergie avec M. René Emmanuel Sadi, secrétaire général adjoint de la présidence de la République et secrétaire général du Comité central du RDPC. Psychologiquement proche de Dominique de Villepin et compagnon fidèle du président Paul Biya, le positionnement de René Sadi donne des insomnies à M. Laurent Esso et Marafa Hamidou Yaya. Les nouvelles alliances en construction entre les réseaux français et camerounais vont s'appuyer sur les gages de chaque partie à pouvoir satisfaire les besoins de ses interlocuteurs. Les français, eux, veulent des parts de marché. Les Camerounais, eux, le maintien ou l'accession au pouvoir suprême.
Donnant-Donnant
Paul Biya qui suit de près ces tractations affiche une certaine sérénité, tant il est au courant que M. Nicolas Sarkozy n'est membre ni de la Rose-Croix, ni de la Franc-maçonnerie. Quoique proche de M. Alain Bauer (Grand maître de la franc-maçonnerie), Nicolas Sarkozy semble ne pas partager les démarches de conquête de pouvoir des " mystiques ". Pour Sarkozy, ce sont les intérêts français d'abord. D'où la perspective d'une échange à forte teneur économique avec Paul Biya. La France n'entend plus perdre du terrain sur certaines parts de marché en Afrique. Le chef d'Etat camerounais sait donc qu'il devrait concéder à Nicolas Sarkozy certaines opérations commerciales à l'instar du maintien de la France comme actionnaire de poids de la Sodecoton, offrir à la France la possibilité de reprendre la Camtel.
Quant au président Paul Biya, il devra négocier fermement la construction d'une troisième cimenterie au Cameroun par Cimencam Lafarge. L'arrivée de M. Eric Meuriot (plus favorable à la construction d'une cimenterie Lafarge à Ndjamena) à la direction de la Région Afrique du groupe Lafarge engage les autorités camerounaises à renforcer ce plaidoyer auprès de Nicolas Sarkozy. Les Français qui disent s'inquiéter de l'insécurité qui règne au Cameroun devront être rassurés sur le niveau de protection dont le Cameroun peut entourer leurs investissements.
La visite du président Paul Biya en France ne sera donc pas une banale escapade. Elle met en scène des enjeux de pouvoir et des enjeux économiques.
Le chef de l'Etat semble laisser les nouveaux gourous faire. Eux qui se délectent déjà des meurtres symboliques orchestrés contre d'autres serviteurs de l'Etat, pour déposséder Paul Biya de tout bilan à la fin de son mandat.