Tractations: Akame Mfoumou à l’épreuve du consensus

Par Richard TOUNA | Le Messager
- 15-Sep-2004 - 08h30   50344                      
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Réunion du bureau politique du Rdpc, ce mercredi, pour l’investiture de Paul Biya. Dans la Coalition, l’opportunité de la candidature d’Akame Mfoumou divise…
Il s’appelle Sindjoun Pokam. Il est enseignant d’université et signataire de la plate-forme d’action de la coalition de l’opposition. C’est lui qui a introduit au sein du secrétariat permanent de cette Coalition, la lettre de parrainage de M. Edouard Akame Mfoumou à la candidature du processus de désignation du candidat unique de ladite Coalition à la prochaine élection présidentielle. L’effet surprise de cette démarche n’a pas fini d’ébranler certains esprits aussi bien dans l’establishment que dans le camp des forces du changement. “ On attend de voir que les choses se précisent ”, souligne un cadre du Rdpc qui ajoute que depuis quelques jours, ils savaient que quelque chose allait se passer dans leurs rangs. Sindjoun Pokam, le regard malicieux derrière ses lunettes, raconte qu’au sein de la Coalition, les gens étaient surpris que la proposition vienne de lui. Et pourtant, poursuit-il, “ je suis sûr que dans ses contacts, Akame Mfoumou a rencontré toutes ces personnes avec qui nous travaillons ”. Dans son récit et son argumentaire sur les tractations autour du choix d’Akame Mfoumou, Sindjoun Pokam ajoute : “ Je ne suis pas allé le chercher comme un homme providentiel. J’ai senti que c’est un homme extrêmement déterminé et capable de redresser le pays, surtout, d’organiser une transition tranquille. Nous devons être subtil pour éviter de faire basculer le Cameroun dans une aventure sans lendemain. ” Sur ce, le téléphone de Sindjoun Pokam sonne. C’est un banquier qui le félicite pour la manœuvre. “ C’est ainsi depuis lundi soir. Je n’ai pas pu dormir ”. Dans la façade extérieure du restaurant où nous nous trouvons, un citoyen originaire du Sud Cameroun s’arrête et demande à embrasser Sindjoun Pokam pour la portée historique de son acte. “ Avec lui, je ne parle pas argent ”, se défend le philosophe qui soutient qu’il a fait cela pour déconstruire les clivages ethniques qui empêchent le Cameroun d’évoluer. Au sein de la Coalition, Akame bénéficie de la sympathie d’un bon nombre de personnes, notamment celles qui n’ont pas déposé de dossiers de candidature. Issa Tchiroma, Antar Gassagay ou encore Célestin Bedzigui. “ Tant pis, si Akame se renie. Moi, j’ai accompli ma part de contrat citoyen pour cette élection présidentielle ”, s’avise Sindjoun Pokam. Espoirs et doutes En attendant un acte officiel d’Akame Mfoumou confirmant son engagement dans la bataille de l’élection présidentielle contre Paul Biya, l’évocation de sa probable candidature charrie à la fois des espoirs et des doutes. L’espoir d’une reconfiguration des forces en présence pour ce scrutin. Le doute, quant à la détermination réelle d’Edouard Akame Mfoumou à assumer jusqu’au bout cette intention présidentielle. A 48 heures de la clôture des dossiers de candidatures, le décor psychologique autour de cette élection réserve bien de surprises. Ce mercredi en tout cas, la candidature de Paul Biya, elle, sera rendue officielle. Pendant ce temps, beaucoup d’observateurs redoutent le syndrome Titus Edzoa contre l’enfant de Ndonko. Sauf si cette candidature est une manœuvre du Rdpc pour distraire la Coalition. On n’est pas sorti de l’auberge A 24 heures de la date limite de dépôt des dossiers de candidature à l’élection présidentielle du 11 octobre, l’homme introuvable de la Coalition reste mystérieux. On sait tout simplement que 6 candidats sont en lice : Ni John Fru Ndi (Sdf) Adamou Ndam Njoya (Udc), Marcel Yondo (Mldc), Sanda Oumarou (Arn), George Nyamndi (CSL) et Edouard Akame Mfoumou du Rdpc, l’invité surprise. Les tractations qui ont commencé lundi 13 septembre n’avaient pas encore donné lieu à un consensus jusqu’à 21 heures mardi soir. Les membres de la Coalition en conclave au siège de l’Udc s’étaient donné quelques minutes de répit entre 19h et 20 heures 30, heure à laquelle ils arrivaient un à un jusqu’à 21 heures pour examiner les curriculum vitae des 6 candidats à la candidature. Documents qui permettront de sélectionner l’homme qui répond aux 15 critères définis par la Coalition. Selon un des participants à ces travaux, on entend ainsi éviter le vote classique. En procédant par élimination, on espère aboutir à un choix par consensus. Quitte à avoir recours à un médiateur en cas de blocage persistant. Il y a lieu de craindre, au train où allaient encore les choses hier soir de ne pas aboutir à un consensus et de voir ainsi le candidat du Sdf élu par son parti se passer de l’onction de la Coalition. Et mettre celle-ci devant le fait accompli voire consacrer son éclatement. Et pourtant le Cameroun devra survivre à la présidentielle d’octobre. Parrainage de candidature Je soussigné, Sindjoun Pokam, Membre signataire de la plate-forme de la coalition de l’opposition accorde par la présente mon parrainage à la candidature de Monsieur Edouard Akame Mfoumou à la désignation du candidat de la Coalition pour la reconstruction et la réconciliation nationale à l’élection présidentielle du 11 octobre 2004. Fait à Yaoundé, le 13 septembre 2004. Edouard Akame Mfoumou Né le 14 août 1945 à Ndonko (Sud) 1972-1975 : Chef de service de l’organisation administrative au ministère de l’Administration territoriale. 1975-1981 : Directeur des affaires législatives, réglementaires, sociales et culturelles aux services du Premier ministre. 1981-1984 : Secrétaire général adjoint des services du Premier ministre Mai – octobre 1981 : Conseiller technique à la présidence de la République 1984-1989 : Directeur général de la Banque internationale pour le commerce et l’industrie du Cameroun (Bicic) 1989-1990 : Secrétaire général de la présidence de la République 1990-1996 : Ministre délégué à la présidence chargé de la Défense Septembre 1996 – avril 2001 : Ministre d’Etat chargé de l’Economie et des finances.




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