Vacances présidentielles: La Baule +, Un gratis pour donner la réplique

Par | Mutations
- 04-Sep-2009 - 08h30   53203                      
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Le "modèle" utilisé par le ministre de la Communication dans l'affaire des vacances du chef de l'Etat n'est que le mensuel gratuit de la ville.
28 pages pour le n° 66 de La Baule + du mois de septembre 2009, dans lequel l'interview du chef de l'Etat Paul Biya apparaît en page 2 avec le titre "Le président de la République du Cameroun en séjour privé à La Baule". Une interview bien évidemment signée Yannick Urrien, fondateur de La Baule + qui est par ailleurs l'auteur de cinq des huit "articles" signés dans le "journal". Les cinq papiers du fondateur étant par ailleurs pour l'essentiel des interviews de vacanciers de passage à La Baule. Les autres contributions étant celles de Thérèse Legendre sous forme de présentation de l'horoscope en page 23, le billet de Dominique Labarrière, et un autre article portant la griffe de Véronique Dromer en page 12. Une page 12 qui est aussi celle qui accueille l' "éditorial fort épicé du journaliste Yannick Urrien". L'essentiel des autres articles étant des contributions de "spécialistes" ou de commerces, quand il ne s'agit simplement par d'articles non signés, à l'instar de l'interview du maire de la ville, Yves Métaireau au bas de celle du chef de l'Etat. Un article dans lequel l'auteur s'insurge contre toute la campagne de "désinformation" contre celui qu'il appelle "un président de la République d'un pays francophone et ami de la France (qui) nous a fait l'honneur de choisir La Baule pour venir se reposer trois semaines…". Un "éditorial" qui est d'ailleurs annoncé en surtitre à la Une de ce magazine "Un chef d'Etat choisit La Baule pour passer trois semaines de vacances, mais aussi pour promouvoir le tourisme et les investissements dans son pays". Le traitement de l'image du président de la République ferait certainement des envieux dans son style du côté du quotidien gouvernemental camerounais "Son Excellence Paul Biya, président de la République du Cameroun à La Baule" comme on peut le lire sur la photo du chef de l'Etat suivi de son épouse et accompagné du maire de la cité balnéaire, alors que le titre indique déjà ce que sera le contenu de l'article de Yannick Urrien en page 12 "Paul Biya à La Baule : un triste exemple de désinformation", l'auteur parle de "vacances modestes", alors que "les Baulois" vivent "en direct un stupéfiant exemple de désinformation". Le caractère gratuit de cette publication inciterait-il les Baulois à lui manifester très peu d'intérêt au point où ses responsables ont pris la précaution d'inscrire au pied de la Une "Ne jetez pas ce journal sur la voie publique : Rapportez La Baule + chez vous". La Baule + apparaît en fin de compte comme un journal de reliance qui permet d'établir un lien entre, soit une entreprise et son personnel, ou encore une collectivité locale et ses citoyens pour établir une cohésion à l'intérieur d'une structure donnée. Les Anglo-Saxons semblent avoir trouvé la meilleure expression pour désigner ce support écrit publicitaire lorsqu'ils parlent de "House Journal", plus simplement "Journal local". Jean Francis Belibi Yannick Urrien: Une barbouze au service de Paul Biya Sans apporter de chiffres contraires à l'enquête de ses confrères, cet éditorialiste de circonstance ignore tout de la réalité camerounaise. Dans son "éditorial" paru mardi, 1er septembre sur les colonnes du mensuel publicitaire gratuit, "La Baule+" à la page 12, Yannick Urrien ne dit aucun mot sur la vie quotidienne des Camerounais pourtant endeuillés par au moins deux accidents sur la voie ferroviaire qui relie le sud au nord du pays. Il n'a surtout pas fait cas de la qualité de vie des populations du Cameroun dont le chef de l'Etat se fait le plaisir de dépenser 27,3 millions de Fcfa par jour. A l'inverse, Yannick Urrien qui au passage donne un cours qui fait pitié sur la profession de journaliste, soutient qu'un "chef d'Etat ami de la France décide de passer trois semaines de repos à la Baule. Comme tout chef de l'Etat, il doit continuer à gérer les affaires de son pays et il se déplace avec une petite partie de son cabinet". Jusqu'ici rien comme pour le reste du texte d'ailleurs, ne renseigne sur le coût du séjour. Plus loin, le "journaliste" compare les coûts du séjour privé de celui qui incarne les institutions de la République et à qui les Camerounais ont confié leur mandat à un rock star de niveau international. Pas étonnant dans ces conditions que d'entre tout ce que la France compte de médias de renom, les équipes de communication du chef de l'Etat et consultants compris: Patricia Balme et Stéphane Fouks, aient choisi une publication publicitaire "gratuite", de surcroît, pour la communication de Paul Biya. Né en 1965, selon des éléments biographiques qu'il communique, recueillis, il se présente comme "journaliste et producteur". Ce communicant dont on dit le rôle controversé entre le journaliste et l'homme de réseaux, se caractérise par un mélange des genres "qui surprend parfois mais qui lui permet d'être très proche d'une centaine de parlementaires Ump. Ancien responsable de l'Union nationale interuniversitaire (Uni), on le dit à l'origine de la campagne "Les étudiants avec Chirac" à la veille de la présidentielle française en 1995. Ses faits d'armes dans l'intermédiation révèlent qu'il a servi comme "médiateur" pour Michel Péricard ancien directeur de l'information à Tf1 et Robert-André Vivien auprès de grands patrons des médias et de la publicité à travers une lettre confidentielle "Actuamédia", qui parut de 1989 à 2005. Son engagement dans ce cadre, remonte à la création de "Radio Solidarité" en 1981. Il officie également comme directeur des programmes avec Bernadette d'Angevilliers à "radio de Jacques Chirac" à Paris. Chroniqueur à Radio Courtoisie (héritière de la défunte Radio Solidarité) où l'on retrouve en permanence dans ses émissions son réseau traditionnel de députés: Thierry Mariani, Valérie Pécresse, Jacques Myard, Lionnel Luca, Richard Mallié, Philippe de Villiers, Jean-Michel Fourgous, Bernard Debré, Didier Julia, avec sa compagne Fabienne Brasseur, il confonde le journal "La Baule+", mensuel publicitaire gratuit qui tire 40 000 exemplaires dont le premier cercle des lecteurs se recrute parmi les administrés de la Baule.. Léger Ntiga




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