Vie et mort d’Essindi Mindja

Par Alain TCHAKOUNTE | Cameroon Tribune
- 26-Jul-2005 - 08h30   60754                      
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Le célèbre humoriste est décédé très tôt hier matin à Paris alors que les médecins essayaient encore de le sauver.
La nouvelle est tombée tel un couperet et a stoppé net ses confrères qui s’évertuaient encore à régler les derniers détails de l’opération de sauvetage. Essindi Mindja est mort hier à 5h30 mn à l’hôpital Saint-Louis de Paris où il était interné depuis mercredi. Manifestement, les fonds collectés, plus de 22 millions de Fcfa, et le vaste élan national de solidarité que son cas a suscité y compris la médecine n’y ont rien pu faire. Le destin l’a voulu. Selon nos informations, les médecins devant s’occuper de son cas aux urgences de l’hôpital Saint-Louis ont déclaré qu’il est arrivé trop tard pour qu’on puisse changer le cours des choses. Pour les membres du Collectif SOS artistes, l’état d’Essindi Mindja s’est considérablement dégradé dans la nuit de samedi à dimanche, alors qu’un spectacle initié en son nom se tenait dans la capitale française. L’intellectuel s’en est donc allé. Avec ses mimiques, ses sketches et ses prestations dont il avait seul le secret. Sa formation d’enseignant d’histoire-géographie doit y être pour quelque chose. En effet, cet humoriste, ancien pensionnaire du collège Vogt, après un passage à l’Ecole normale supérieure de Yaoundé se lancera dans la comédie avec rigueur et énergie, tout en menant ses activités d’enseignant au lycée Leclerc notamment. Les sketches de l’artiste font rire l’Afrique et le monde, les plus petits et les plus grands. " Intello bar de Warda ", " Mbere Kaki " constituent les meilleures pièces de son répertoire. Leur causticité et leur humour raffiné le font entrer dans le gotha des humoristes les plus populaires et les plus connus d’Afrique. Essindi Mindja, c’était aussi le cinéma. Plusieurs longs-métrages à son actif, notamment " Chocolat " (1988), tourné avec la Française Claire Denis, ou encore " Quartier Mozart " (1992) de Jean-Pierre Bekolo, où il tint l’un de ses rôles les plus célèbres. C’est d’ailleurs avec ce dernier qu’il travaillait encore récemment sur le tournage des " Saignantes ", avant sa grave infection pulmonaire. Pour Claude Ndam, son camarade de lycée et ami de toujours, Essindi Mindja se faisait remarquer par l’originalité de ses productions. " Il aimait la perfection, le travail et se singularisait par sa rigueur. " Pour Bassek ba Kobhio, le coordonnateur du Collectif SOS artistes et responsable des films Terre africaine, une série était en chantier dans laquelle l’humoriste tiendrait le rôle principal. Le décès d’Essindi Mindja vient compléter la liste de ces génies de la culture camerounaise qui quittent inexorablement la scène, les uns après les autres. Alors qu’on avait à peine fini de pleurer Edwige Ntongon à Zock, c’est au tour d’Essindi Mindja. Celui-ci laisse une veuve et deux enfants. Et la culture camerounaise orpheline.




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