Le méga concert organisé par la Fondation Peace full nation vendredi dernier au Palais des Congrès de Yaoundé a été l’occasion pour une bonne brochette d’artistes musiciens et humoristes de passer le message contre la vie chère au Cameroun et dans le continent.
Chantal Ayissi tremblote. Elle a du mal à tenir la feuille de papier A4 qui porte son discours de bienvenue. Drapée dans une jolie robe de soie de couleur mauve qui cache mal ses talons aiguilles, l’ambassadrice de la première édition de Peace full nation qui arbore pour la circonstance des lunettes optiques, parvient tout de même à boucler (laborieusement) son discours qui s’articule autour d’un seul et unique sujet : la préservation de la paix et de la cohésion sociale, chère aux Camerounais dont elle félicite au passage le courage et la bravoure. Pour la Pretty diva du Bikutsi, « la paix et la stabilité sociale sont indispensables pour assurer un développement économique, social et culturel durable. Elles ne sont pas seulement absence de conflit mais aussi l’existence de conditions de vie permettant aux citoyens de s’épanouir et de vivre en harmonie. Nous devons aussi unir nos forces pour combattre la vie chère », prescrit-elle avant de saluer la présence remarquée de Ama Tutu Muna, ministre des Arts et de la culture confortablement assise à la tribune d’honneur. Le public, pour encourager l’artiste musicienne, déclenche une salve d’applaudissements.
Il est 22h. Le show peut enfin commencer. Marole Tchamba est la première artiste à monter sur scène. La reine des plateaux sacrés de l’Ouest qu’accompagnent deux danseuses aux coups de reins électriques, fait lever l’assistance à travers un ben skin interprété avec dextérité et enthousiasme. Le public est chaud. En seulement dix minutes, la princesse Bangoulap a réussi à mettre tout le monde (ou presque) d’accord sur sa performance vocale et ses pas de danses dont elle seule en a le secret. Vient ensuite le tour de Narcisse pryze qui va illuminer le palais des sports de sa voix puissante et raffinée. Le « garçon toujours mignon » qui arbore un pantalon bleu très à la mode (yorobo), enchaîne un slow suivi d’un Makossa avant de boucler son passage par une version live de son titre à succès Elegancia. Le public est conquis et salue la prestation de l’artiste par des cris, des applaudissements et des mots d’encouragement.
Hystérie
Chantal Ayissi signe son retour sur scène cette fois accompagnée de danseurs qui séduisent littéralement les spectateurs. C’est l’occasion pour la mère de « éthique et déontologie » de revisiter son riche répertoire. Lequel ne manque pas de faire vibrer la salle. « Vacances amoureux », « maikon », « après l’heure, ce n’est plus l’heure » ; «la femme d’aujourd’hui » provoquent l’hystérie. On danse à en perdre la tête. Tellement la mélodie est entraînante. Lorsque l’artiste entonne « la vie chère », elle court serrer la main de ses fans qui fredonnent en chœur la chanson phare du dernier album qui fait des « cardiaques ».
C’est à 23h 30 que Serge Beynaud surgit sur la scène avec ses trois danseuses aux formes généreuses et aux pas de danses inégalables. C’est l’extase. Le boy sexynini va faire danser toute la salle à travers ses titres à succès tels « fais ton malin », « saper saper » ; « loko loko » ; « coriger » et le tout dernier « côté sensible », en featuring avec colonel Reyel. Le public se régale et ne voit pas le temps passer. Au moment où il crie à tue-tête « bisser » ; la star ivoirienne se retire au grand regret de ses jeunes fans qui crient à la combine. Il reviendra quelques minutes plus tard pour recevoir des mains de l’ambassadrice du projet, le premier trophée Peace full nation.
Le grand maître Rabba Rabbi alias Effata, fidèle à lui-même, débarque à 00h 30 min. Vêtue d’une salopette noire rayée de gris et d’une chemise rouge, l’avocat défenseur des femmes commence son show en compagnie de ses musiciens. La première partie de son spectacle est une séquence nostalgique. « Fais moi câlin » ; « tue moi ce soir » sont repris en chœur par ses fans qui supplient l’artiste de leur donner un peu de sa bénédiction. Demande accordée. Petit pays va se muer en pasteur pour accorder sa grâce à ces « pauvres pécheurs ». Ça fait partie du show. La deuxième séquence nouveauté fait le tour des derniers succès de l’artiste fortement salué par le public émerveillé. C’est le terminus. La soirée s’achève en beauté.
Pari tenu donc pour cette première édition dont le but était d’exhorter tout un chacun, sa manière à accompagner le projet dans son désir de « promouvoir la solidarité et l’esprit citoyen, sensibiliser sur l’utilisation quotidienne de l’eau et de l’énergie électrique, promouvoir la créativité et l’innovation des jeunes notamment l’éthique et la déontologie ; contribuer à la promotion de la lutte contre la vie chère ; sensibiliser sur l’utilité de la préservation des acquis nationaux tels le patrimoine ». Rendez-vous a été pris l’année prochaine avec, on l’espère, moins de couacs et plus de professionnalisme.
Christian TCHAPMI