Yaoundé : L'immeuble Ane rouge a vécu

Par C. Binéli & N. Mbiankeu | Mutations
- 24-Jul-2008 - 08h30   53582                      
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Une partie de cet illustre bâtiment a été détruite par la Communauté urbaine hier.
Quelques jours seulement après le Carrefour Warda, c'est au tour du Rond-point dit "de l'intendance" de subir les destructions de la Communauté urbaine de Yaoundé (Cuy). Dès la matinée d'hier en effet, les hommes de Gilbert Tsimi Evouna ont investi les lieux aux fins de détruire l'immeuble qui a donné son nom à la montée adjacente et que nombre de Yaoundéens connaissent bien. " Ils ont arrivés vers dix heures et se sont mis à casser le bâtiment. Mais ils étaient déjà là lundi dernier pour signifier aux occupants qu'ils avaient un sursis de 48h pour faire leurs bagages ", assure un témoin qui a ses habitudes dans le coin. A la Cuy, le directeur des services techniques Arnaud Philippe Ndzana argue de ce qu'il sera construit en ce site "un centre international d'artisanat. Les commerçants qui y sont actuellement doivent être recasés derrière l'Oapi, plus précisément dans la vallée de Djoungolo". Non sans préciser que "le propriétaire de l'immeuble ainsi détruit a été dédommagé financièrement" et que le délai de départ des occupants était arrivé à échéance depuis mai dernier. Ainsi, le tracteur de la Cuy a entamé les destructions sans autre forme de procès. Au grand dam de quelques occupants qui avaient visiblement du mal à quitter un lieu où ils gagnaient jusque là leur vie et où ils avaient développé réflexes et habitudes. Dans l'espace, certains qui n'avaient pas pris au sérieux l'avertissement du délégué du gouvernement s'affairaient à sauver qui un meuble qui des produits destinés à la vente. Au dehors, une armée de braves débrouillards rivalisaient d'adresse pour extirper des gravats quelque matériau destiné à une vente future. Le tout sous les regards stupéfaits de nombreux passants qui s'étaient entassés sur le pourtour du Rond-point. Dans une atmosphère bien calme malgré les nuages de poussière qui fardaient les visages et les bruits de l'engin qui à certains moments étaient tonitruants. Surtout lorsque vint l'heure pour lui de s'attaquer à la dalle de l'immeuble. "Cette dalle est vraiment résistante. C'est le signe que ce bâtiment doit être vieux de quelques décades déjà ", analyse un curieux. Non sans espérer " qu'il n'y aura pas d'accidents avec tous ces gamins qui se pavanent ça et là comme s'il n'y avait pas de danger à courir en un lieu de destruction comme celui-ci ". Finalement et après plus de deux heures de casses, l'engin de la Cuy ne pourra plus continuer, ayant connu une panne. Les travaux s'arrêtent donc momentanément. Mais les débrouillards non. C'est le temps de poursuivre leur quête d'objets à vendre. C'est aussi le temps pour le conducteur d'engin de prendre une pause méritée. Lui qui ne manque pas de jeter un regard sur les gravats qui s'amoncellent à ses pieds. Sur la montée, la fameuse " montée Ane rouge ", le ballet des embouteillages se poursuit comme c'est le cas depuis le début des travaux. Car en plus des destructions, la rue est sujette à des travaux de revêtement des trottoirs par la Cuy depuis quelques semaines. Sans compter que les locataires de l'immeuble ainsi détruit ont investit une partie de la chaussée avec les objets et autres meubles issus des magasins. Dans la fournaise, les agents de la circulation essayent quant à eux de limiter les bouchons.




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