Cameroun - Environnement: Comment les stations-services d’essence polluent

Par ALINE DASSYLVA O. | Mutations
Yaoundé - 30-Aug-2013 - 15h54   52733                      
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Ces lieux de distribution des hydrocarbures ne respectent pas les normes environnementales.
En traversant la route qui sépare le supermarché Casino à la station-service d'essence située en face, on est tout de suite confronté à un spectacle désolant. Une marre d'eau noire et stagnante en plein centre-ville. Qui eût imaginé pareille situation? Une rigole saturée d'eau sale, une odeur nauséabonde et infecte qui chassé plus d'un, une pollution pour les yeux. Que de détails qui en disent long sur l'état d'insalubrité dans lequel baignent certaines, sinon la plupart des stations-services qui prolifèrent à Yaoundé. D'ailleurs le constat est le même dans la dizaine de ces espaces visitée. La situation est aussi préoccupante en région. En plus, les sanctions du ministère de l'Environnement, de la protection de la nature et du Développement durable (Minepded) l'endroit des structures opérant dans la distribution des produits pétroliers montrent à suffisance qu'elles constituent une source de pollution à prendre au sérieux. Surtout lorsqu'on sait que depuis mars dernier un rapport dudit ministère a dénombré 31 stations-service d'essence sur les 105 entreprises sanctionnées pour infractions environnementales. Parmi les infractions retenues par le Minepded, l'on note la pollution du sous-sol par le déversement des huiles ou des eaux usées, le défaut de réalisation de l'audit environnemental,, l'installation et le fonctionnement d'une unité de production sans étude d'impact environnemental, la pollution de l'eau et de l'air. Selon Idriss Kouotou Njoya, spécialiste en Eaux, Hygiène et Assainissement, les produits pétroliers libèrent des substances chimiques toxiques et dangereuses. «Tout d'abord, les liquides inflammables tels que le benzène, l'éthyle, le toluène et le xylène ont la particularité d'être volatiles. Ils s'évaporent dans la nature lors des opérations d'approvisionnement en carburant des citernes. Créant ainsi de sérieuses conséquences sur la santé publique», indique-t-il. Et de pour¬suivre: «Lorsqu'on charge les soutes dans les stations-service, si ces soutes ne sont pas suffisamment étanches de telle sorte que le liquide pollue le sol et l'eau, ces produits peuvent s'évaporer pour nuire a la santé». Pour M. Kouotou, les eaux usées contenant les hydrocarbures ne sont pas sans danger pour la santé publique. «Elles causent Chez l'homme, à travers les éléments chimiques qu'elles contiennent (dioxine et furane) les irritations de la peau, de l'Odorat et même des yeux. Plus grave encore, toutes ces substances chimiques toxiques sont prédisposées à donner du cancer», précise-t-il. On est donc là face à une situation préoccupante. Pourtant, un arrêté signé du ministre de l'Environnement et de la Protection de la nature en avril 2005 souligne l'article 2 qu'une étude sommaire ou détaillée de l'impact environnemental doit être préalablement faite avant la réalisation d'un projet. Cette étude d'impact environnemental comprend entre autres l'indication des mesures prévues pour évier, réduire, éliminer ou compenser les effets dommageables du projet sur l'environnement et l'estimation des dépenses correspondantes. Cette décision ministérielle n'est pas respectée par les patrons de sociétés de distribution des produits pétroliers. Une situation que déplorent certains-responsables au Minepded. Idriss Kouotou pense néanmoins que des mesures de compensation peuvent être observées par les stations-service d'essence pour minimiser les dégâts sur l'environnement. «La plante araignée, les dragonniers et le figuier pleureur peuvent être utilisées pour absorber ces gaz qui s'échappent lorsqu'on approvisionne les véhicules ou lorsqu'on ravitaille une station», conclue-t-il.




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