DGRE: Léopold Maxime Eko Eko prend les commandes

Par François Xavier Eya | La Nouvelle Expression
- 02-Sep-2010 - 08h30   71824                      
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Il hérite d’une Direction générale de la recherche extérieure en mutation ; passage d’un lieu de torture et d’humiliation à une unité d’intelligence géostratégique.Le départ de Bienvenu Oubelabout ne tombe pas sous le coup du calendrier, selon des observateurs.
La nomination d’un nouveau responsable à la tête de la Direction générale de la recherche extérieure (Dgre) était attendue depuis de longs mois. Le président de la République a fini par nommer quelqu’un d’autre à ce poste.Il a jeté son dévolu sur le commissaire divisionnaire Léopold Maxime Eko Eko. La cinquantaine, ce fin limier était jusque-là directeur des renseignements généraux à la Délégation générale de la sûreté nationale (Dgsn). Il hérite d’une maison assez sensible, avec une très mauvaise image au sein de l’opinion qui a toujours en mémoire les humiliations et autres brutalités infligées il y a des décennies aux Camerounais. Indiscrétions Des indiscrétions rapportent que le nouveau patron de la Dgre doit pouvoir décanter l’ambiance délétère au sein du sérail, en identifiant et établissant les responsabilités des uns et des autres dans les batailles de succession à la tête de l’Etat. Il lui revient également de garantir l’encadrement sécuritaire des prochaines grandes échéances électorales, notamment la prochaine présidentielle, en 2011. A sa charge, on cite également des efforts à fournir pour la mise en perspective du rôle du Cameroun dans l’émergence géopolitique du Golfe de Guinée, sous l’impulsion de Paul Biya et en coordination éventuelle avec le Conseil national de la sécurité. S’il est vrai que le limogeage à la fois d’Emmanuel Edou à la Délégation générale de la sûreté nationale et celui de Bienvenu Oubelabout sont un fait inhabituel et de nature à traduire des manquements, il n’en demeure pas moins vrai que le départ de Bienvenu Oubelabout, après pratiquement une décennie, peut aussi traduire un souci de rotation des effectifs. Ce d’autant plus que des sources concordantes au fait des enjeux sécuritaires du Cameroun au cours de la décennie écoulée retiennent trois empreintes majeures du passage de Bienvenu Oubelabout à la tête de la Dgre. D’abord son acharnement pour la restauration d’une certaine conscience morale et d’une certaine hauteur d’esprit. On dit de lui qu’il a en effet fourni des efforts pour mettre la Dgre au-dessus des velléités de corruption, de népotisme, de concussion et de manipulation intéressée des données qui caractérisent bien souvent les milieux du renseignement et de l’analyse. Dans la pratique, il semble difficile de soutenir que les résultats du travail de la Dgre reflètent toujours ces orientations. Mutations On lui reconnaît également des efforts en vue de la modernisation progressive de cette institution sensible, au moyen de la rénovation de son image de marque qui devait passer de l’idée répressive à l’idée d’intelligence stratégique, c’est-à-dire d’accompagnement professionnel des mutations en cours dans notre société aux plans politique et social. Il avait en effet pour leitmotiv de répéter que la Dgre doit devenir un véritable service d’intelligence, de réflexion au profit de l’Etat. Sur ce chantier également, des observateurs trouvent à redire et croient savoir que le patron de la Dgre sortant se serait heurté à des pesanteurs mentales qui, aux yeux du système, voyaient toujours le service spécial comme un instrument de violence. La corporation des journalistes a en mémoire les nombres arrestations de ses membres et la brutalité qui suit très souvent, comme ce fut le cas avec Bibi Ngota de regrettée mémoire. Troisième chantier, et non des moindres, dicté par les évolutions actuelles, l’ouverture à l’international. Héritant d’une institution quelque peu focalisée sur les enjeux internes, le Dgre sortant a mis un point d’honneur à cerner les connexions entre les acteurs locaux et certains pôles internationaux, à anticiper sur les modalités du rapport à divers partenaires au plan externe, sur la base des options idéologiques arrêtées loin de nos frontières. Probablement influencé par sa longue pratique diplomatique (il fut en poste aux ambassades camerounaises d’Addis-Abeba, de New-York et au consulat de Paris). Il est apparu, soutient-on, comme un flic. C’est un commissaire divisionnaire de compromis et de subtilités plutôt que de rudesse et d’agressivité. Son rôle fut de gérer la transition conceptuelle entre un service spécial en contexte monolithique et un service spécial à l’ère du pluralisme et des libertés étendues. Le bilan au terme de plusieurs générations d’élections 2002, 2004 2007, et d’une crise frontalière avec le Nigeria, porte à croire que ledit chantier est loin d’être clos. Toutes choses qui relèvent désormais de la responsabilité de Léopold Maxie Eko Eko.




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