Pénurie de Ciment: Le Dg de cimencam s'explique...

Par Alexandre T. DJIMELI | Le Messager
- 27-May-2008 - 08h30   56746                      
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"...l’ensemble des équipes de Cimencam travaille d’arrache-pied depuis bientôt un an et demi à augmenter les capacités. Le premier stade où on va voir un tout petit peu le bout du tunnel, c’est la nouvelle ensacheuse. On va pouvoir accélérer le rythme de chargement des camions et les distribuer. La deuxième sortie du tunnel c’est le résultat des 23 milliards de Fcfa engagés dans l’atelier BK 5 en cours de construction et pour lequel la totalité du génie civil est terminée..."
Au coeur de la Crise: « Afin de remettre un minimum d’ordre et de transparence sur le marché du ciment, caractérisé depuis les dernières semaines par une spéculation à large échelle, entretenue par un circuit de distribution déstructuré et des opportunistes et aventuriers de tous bords, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, a rendu public ce jour, 12 mai 2008, un arrêté bloquant le prix du ciment Cpj 35 fabriqué par Cimencam à son prix actuel, et ce jusqu’à la date du 30 octobre 2008. A titre d’exemple, le ministre du Commerce rappelle que pour les villes de Douala et de Yaoundé, le prix public du sac de ciment Cpj 35 de 50 kg est respectivement de 4.600 et 4960 Fcfa. » Ce communiqué avait été publié après que le gouvernement ait rejeté la décision d’augmentation du prix du ciment par les Cimenteries du Cameroun (Cimencam), estimant que le pouvoir d’achat des Camerounais aujourd’hui ne leur permet pas de supporter une hausse de prix. Cette décision rejetée, le prix du ciment n’a pour autant pas baissé dans les différents points de vente publique. Les spéculateurs ont continué à s’enrichir sur le dos des consommateurs, le produit se faisant en plus très rare. Et deux semaines après le communiqué formel de Luc Magloire Mbarga Atangana, les commerçants du ciment le vendent toujours cher, malgré quelques saisies pédagogiques opérées par les délégués du Mincommerce chez des spéculateurs. Aujourd’hui, on observe un certain retour à la normale dans des points de vente agréés à Yaoundé et à Douala. Mais l’essentiel du ciment consommé au pays reste cher. Les prix pratiqués dans les quartiers (autour de 6.000 Fcfa) sont de très loin supérieurs à ceux arrêtés par le gouvernement. De plus, le ciment reste presqu’introuvable, eu égard aux importations faites par Cimencam et d’autres opérateurs. En conséquence, certains travaux publics et autres chantiers continuent d’attendre. Dans ce contexte de crise que le Cameroun peine à traverser, Le Messager a sollicité le directeur général des Cimenteries du Cameroun, Jean-Pierre Le Boulicaut, pour expliquer, du point de vue de l’entreprise, cette conjoncture et proposer des voies de sortie du tunnel. Cet ingénieur (science de la terre et exploitation des ressources naturelles) arrive en effet à Cimencam en août 2006, quand la crise de production et d’approvisionnement du marché atteint déjà son paroxysme. Il accepte le challenge et se met au travail. Sa conviction de réussir tient certainement à sa longue expérience en France, au Canada et en Turquie, au sein du Groupe Lafarge dont Cimencam est une filiale. Avant son arrivée au Cameroun, il a par exemple travaillé de janvier 2000 à juillet 2006 comme « Executive vice president Lafarge Turquie ». L’activité dans laquelle il a surtout investi son génie c’est le béton et granulats. Dans sa fonction de manageur, il a œuvré, entre autres, pour le redressement des résultats financiers et l’optimisation du dispositif par recentrage sur les activités de base des entreprises dont il a eu la charge. Les résultats obtenus se justifient probablement par sa formation complémentaire en management sanctionnée par un certificat d’aptitude à l’administration des entreprises. Mais à la tête de Cimencam, c’est la première fois qu’il doit travailler dans la fabrication et la vente de ciments. Son objectif : redresser cette entreprise qui commençait déjà à battre de l’aile par une production en deçà de la demande, et des performances financières à l’avenir incertain. Y parviendra-t-il ? En attendant de le juger sur la durée, il se penche aujourd’hui sur la crise de production de ciment et d’approvisionnement du marché camerounais. Pour lui, Cimencam produit, perd de l’argent, et les commerçants profitent. Il annonce tout de même la sortie du tunnel pour septembre, avec l’augmentation des capacités de production. Lecture. ATD Le ciment est rare. Il est cher. Les prix auxquels le traditionnel Cpj 35 est vendu sont de très loin supérieurs aux prix souhaités. Que se passe-t-il réellement dans le secteur du ciment au Cameroun aujourd’hui ? Depuis avril 2007, il n’y a plus de prix homologué du ciment. Mais il existe plusieurs problèmes dans le secteur du ciment aujourd’hui au Cameroun. La question majeure c’est celle de l’offre et de la demande. Du point de vue de l’offre, Cimencam est passée d’une production de 940.000 tonnes en 2003/2004 à 1.220.000 tonnes l’année dernière et on envisage faire jusqu’à 1.270.000 cette année. Ces volumes supplémentaires n’ont fait que se substituer, pour une partie, aux quantités qui étaient importées par les opérateurs économiques à ce moment-là [2003/2004]. A peu près 120.000 à 150.000 tonnes de ciment entraient au Cameroun chaque année parce que les importateurs pouvaient générer une activité commerciale et dégager des marges bénéficiaires relativement raisonnables. Mais du fait du blocage des prix [de Cimencam] depuis 2005 et du durcissement des conditions sur le marché international, ils ont déserté le Cameroun puisqu’ils ne peuvent plus vivre de leur activité. Malgré l’augmentation de nos capacités de production d’à peu près 30% ces quatre dernières années donc, la moitié des 300.000 tonnes supplémentaires produites chaque année a ainsi été utilisée pour pallier la défaillance des importateurs. Ensuite, le phénomène du « siphonnage » absorbe chaque année 150 à 250.000 tonnes de ciment produit à Cimencam. Des écarts de prix très importants existent en effet – ils avoisinent 30 ou 40% voire plus – au niveau des zones frontalières entre le Cameroun et les pays voisins [Tchad, République Centrafricaine, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, qui forment un marché commun sous-régional avec le Cameroun, la Cemac ]. Un exemple : la tonne de ciment Cpj 35 mis à la disposition des consommateurs à 110 ou 115.000 Fcfa à Kousseri (frontière avec le Tchad) ou Garoua-Boulaï (frontière avec la RCA ) est cédée de l’autre côté de la frontière à des niveaux de prix avoisinant 150, 160, voire 180.000 Fcfa ! Les frontières ne sont pas hermétiques – elles ne sont pas contrôlées comme il le faut – ce qui fait que le ciment fuit le Cameroun puisqu’il a des prix plus attractifs à l’extérieur. Ceux qui réalisent cette opération font des marges astronomiques. A l’intérieur du Cameroun, l’écart observé entre la liste des prix de gros affichée par Cimencam et les prix auxquels les consommateurs finaux accèdent au ciment pourrait d’abord s’expliquer (avec ou sans spéculation) par le nombre d’intervenants dans la chaîne de transport et de distribution (entre 5.000 et 6.000 personnes) jusque dans tous les villages du territoire camerounais. Tenez-vous compte, dans vos opérations (vous êtes encore en situation de monopole dans la production au Cameroun), du niveau de la demande réelle ? Autrement dit, quel est l’écart entre votre offre actuelle et la demande en 2008, puisqu’on a l’impression que la pénurie de ciment s’accentue dans les villes à fort potentiel de construction à l’instar de Douala et Yaoundé ? Actuellement, notre capacité totale de production est d’à peu près 1.250.000 tonnes par an. Le « siphonnage » vers les pays voisins absorbe environ 150.000 tonnes. Seulement 1.100.000 tonnes sont effectivement consommées sur le territoire camerounais. Nous pensons donc que la demande actuelle au Cameroun se situe autour de 1.300.000 tonnes par an. Il y a donc un déficit réel de 200 à 250.000 tonnes. Et là, notre capacité de production [offre] est juste « tangent-limite » par rapport à cette demande. C’est vrai qu’au mois d’avril on a eu quelques petits problèmes techniques. On était un peu en dessous de cette demande et cela a accentué un tout petit peu le phénomène de déséquilibre entre l’offre et la demande. De nombreux distributeurs affirment verser des pots-de-vin à Cimencam avant d’être servis. Ne s’agit-il pas là d’une stratégie pour épuiser psychologiquement les demandeurs et imposer de fait les prix que vous voulez ? Ça c’est un mensonge. Cimencam a des règles de fonctionnement et d’éthique strictes. Je mets au défi quiconque de démontrer que Cimencam profite de la situation actuelle. Je sais qu’il y a des centaines de gens qui profitent mais sûrement pas Cimencam. Je m’inscris en faux contre cette insulte qui est faite à l’entreprise. Il y a des gens à l’entrée qui peuvent effectivement gérer des transactions parce qu’ils viennent acheter du ciment et utilisent cette situation pour le revendre à la porte de l’usine. Les conditions d’accès et de chargement à Cimencam sont totalement libres. Nous avons simplement un problème de tour de rôle. On organise des convois pour être sûr qu’il y a un minimum de volumes à destination des grandes villes là où il y a des besoins de construction un peu plus importants. Les gens viennent de partout, ici à Bonabéri, pour charger du ciment. Nous avons une capacité de chargement d’environ 120 camions de 30 à 35 tonnes par jour quand tout va bien. Mais, de fois, 300 camions arrivent en une journée. Comme on est obligé d’organiser des convois, il y a des chargements prioritaires ; ce qui laisse peu de places aux chargements occasionnels (les gens qui viennent des petites villes) surtout quand les volumes de chargement prioritaires sont importants. Donc, de fois, il y a eu des files d’attente très longues pour pouvoir charger du ciment. Comme la plus belle femme, Cimencam ne peut pas faire plus que ce qu’elle fait aujourd’hui. On produit à peu près 70.000 sacs [de 50 kg chacun] tous les jours (samedis et dimanches inclus). Ce sont ces mêmes sacs qui sont chargés, expédiés et utilisés sur l’ensemble du marché. Tant qu’on n’a pas de nouvelles capacités, on ne pourra pas solutionner ce problème. Quand nous allons mettre en marche une nouvelle ligne de fabrication, il y aura désormais 600.000 tonnes supplémentaires par an et là on va pouvoir noyer le marché de produit à compter de septembre [2008]. En tout cas, pour le moment, le produit reste presque introuvable sur le marché. On estime que vous avez décidé de réduire les quantités offertes pour asphyxier les Camerounais, éventuellement préparer le terrain d’une crise sociale, et amener de ce fait le gouvernement à « lécher vos bottes »… Là aussi c’est de l’information à sensation contre laquelle je m’inscris en faux. Pour ce qui est d’une supposée organisation de la pénurie, nos coûts de fabrication, le processus et les quantités sont connus. Pour le producteur qu’est Cimencam, les prix n’ont pas bougé depuis trois ans. L’entreprise continue à vendre ses produits au départ de ses deux usines [Bonabéri et Figuil] et de ses huit dépôts aux mêmes prix que depuis mars 2005. Sur les 81.000 Fcfa la tonne ; on a ajouté 5% au mois d’octobre pour compenser une petite partie de l’augmentation des coûts de production. Donc nous livrons la tonne aujourd’hui à 85.000 Fcfa. Pendant que nos prix stagnaient, presque tous les produits ont connu des hausses de l’ordre de 30 % pour certains, alors que nos prix n’ont augmenté que de 5 % en trois ans. Si donc le prix du ciment se retrouve à un niveau beaucoup plus élevé pour l’acheteur final, ce n’est pas le fait de Cimencam mais des distributeurs, et généralement pas les gros distributeurs avec qui on a des engagements contractuels. Il nous est revenu que Cimencam vient d’importer 16.000 tonnes de ciment pour faire face à la pénurie. D’où vient ce produit et qu’est-ce que ce ciment dit spécial peut apporter sur le marché camerounais ? Notre vocation n’est pas d’importer du ciment, mais de le fabriquer à partir de matières premières que nous importons, des matières minérales ainsi que des ressources locales pour créer localement de la valeur ajoutée. Quand on importe, on ne créé pas de valeur ajoutée ; on fait juste un transfert de devises. Mais comme l’administration s’est engagée dans une libéralisation pour favoriser l’importation, on a vu que personne ne s’y engageait, nous avons voulu montrer aux acteurs de la filière qu’il était possible d’importer du ciment. Le bateau est arrivé au port de Douala le 29 avril. Ce ciment qui vient du Pakistan est aujourd’hui disponible à la distribution – mais pas à la grande distribution – puisqu’il s’agit d’un produit de haute qualité qui se vend à un prix nettement supérieur [7.000 Fcfa le sac] à celui auquel le Cpj 35 est actuellement vendu. Il est principalement destiné à l’exportation [vers les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale] et à la réalisation des chantiers de grands travaux qui ont besoin de ciment à très haute performance. Ce ciment contribuera aussi à stabiliser les prix à la baisse dans les pays voisins du Cameroun où il y a également des besoins extrêmement importants. J’étais à Bangui [capitale de la RCA ] il y a quinze jours ; le prix atteint 18.000 Fcfa [le sac de 50 kg Cpj 35] et ce n’est pas normal. Mis sur le marché à Douala à 7.000 Fcfa le sac de 50kg, [ce ciment pakistanais], utilisé dans des créneaux de haute gamme en terme de construction, devrait libérer la pression sur le Cpj35 qui n’y sera plus utilisé en quantités importantes. Nos sources nous indiquent que Cimencam vend ce ciment spécial directement au consommateur, alors que vous êtes fondamentalement une entreprise de production, la commercialisation revenant à d’autres acteurs de l’économie nationale. Qu’est-ce explique cette situation ? N’êtes-vous pas en porte-à-faux avec votre mission classique qui est de produire de la valeur ajoutée ? Vous avez raison de dire que notre rôle principal est de créer de la valeur ajoutée. Mais nous avons trois grands segments de clientèle. Le premier est constitué des entreprises qui construisent les routes, les barrages, les ponts, bref les grandes infrastructures. La quasi-totalité de ces entreprises ont des comptes ouverts à Cimencam où ils s’approvisionnent directement. Cela représente une quarantaine de clients. Le deuxième segment, c’est des entreprises qui font la construction de bâtiments, de logements, et des préfabricants. Pour un certain nombre d’entre eux, nous traitons directement puisqu’ils ont des comptes ouverts en entreprise. Ces deux segments représentent un portefeuille d’environ 90 clients. Le troisième segment est constitué de tout ce qui touche le grand réseau de distribution où il y a des milliers de clients (particuliers, individus, de fois de toutes petites entreprises) qui n’ont pas directement des comptes chez nous et achètent donc chez les grands distributeurs. Sur les deux premiers créneaux, on travaille en direct, mais pour le troisième, on est un acteur c’est-à-dire qu’on met à la disposition des distributeurs, à partir de nos usines et dépôts, le produit qu’ils mettent à leur tour à la disposition du consommateur final. Le gouvernement s’est farouchement opposé à votre vœu d’augmenter les prix. En début février, vous aviez dit que la marche vers une augmentation était inéluctable et que vous aviez le feu vert du gouvernement. On n’attendait plus que le niveau de l’augmentation. A la dernière minute, le gouvernement, s’appuyant sur l’argumentaire développé par le ministère du Commerce, s’y est opposé. Et vous vous êtes rangés. La démonstration de perte que subirait votre entreprise – environ 3 milliards de Fcfa au terme de l’année 2008 si on maintient les prix actuels – n’était donc que du bluff ? Ce n’était pas du bluff. Le Premier ministre m’a dit qu’il comprenait très bien sur le plan économique la décision qu’on voulait prendre. Mais à l’heure actuelle, du fait des engagements pris par le président de République et du souci social qu’il y a dans beaucoup de pays au niveau de l’augmentation des prix des produits de première nécessité… [une hausse n’était pas opportune]. Le fait de ne pas mettre en œuvre l’augmentation des prix n’a pas réduit nos coûts. J’insiste : nous perdons de l’argent sur les sacs de ciment qui sont vendus sur le marché. [Alors que] beaucoup de gens gagnent beaucoup d’argent à revendre le ciment que nous produisons. Ce n’est pas Cimencam qui en bénéficie, pas même l’Etat… Dans l’opinion l’on estime que vous vous êtes engagés à corrompre le ministre de l’Industrie, les services du Premier ministre, le directeur de la Société nationale des investissements, … afin qu’ils vous accompagnent dans votre stratégie d’augmentation des prix… Ce n’est pas dans nos pratiques, ce n’est pas dans nos manières de faire ; c’est des pures allégations… Le groupe Lafarge dont vous êtes une filiale aurait verrouillé tout processus d’approvisionnement du marché camerounais par des opérateurs autres que Cimencam. Les opérateurs économiques désireux d’importer du ciment affirment que les armateurs refusent de le leur livrer au port de Douala pour préserver les intérêts de Cimencam et maintenir des marchés plus importants avec Lafarge. Comment cela s’explique-t-il ? Lafarge qui est le plus grand cimentier du monde ne représente que 7% des volumes mondiaux. 93% sont fabriqués par d’autres cimentiers que Lafarge. Il y a largement de la place pour trouver toutes les sources d’approvisionnement possible. Je ne souhaite qu’une chose : que les importateurs fassent leur travail ! Cela ne rendrait plus que service ici à Cimencam. Dans tous les pays où Lafarge a une position de leader, on n’a jamais plus de 25 à 30% des parts de marché. Cette situation de monopole aujourd’hui nous fragilise. Actuellement, tous les malheurs du Cameroun en ce qui concerne le ciment retombent sur nos frêles épaules. Pourtant au niveau mondial, le marché du ciment est ouvert et libre. A propos de votre centrale d’achat des matières premières – elle appartient au groupe, on estime que les prix pratiqués par cette centrale qui achète de la matière pour presque toutes les filiales sont très élevés alors que du fait des achats groupés, ces matières reviennent moins et cher et on peut s’appuyer là-dessus pour offrir du ciment à un prix plus bas que ce qui se fait actuellement. Cela conforte l’idée que le groupe Lafarge veut absolument maximiser ses profits sur le Cameroun… Il faut arrêter de se regarder le nombril. Il faut voir ce qui se passe autour de nous avant faire ce genre d’allégations. Tout le monde sait que les prix ont augmenté dans le monde… Et ce n’est pas seulement dans le ciment. Par exemple, il y a trois ou quatre ans, le baril de pétrole valait moins de 40 dollars. En avril 2008, il se baladait entre 110 et 120 dollars. Il nous faut presque deux barils pour fabriquer une tonne de clinker. L’année dernière, notre trader a même fait en sorte qu’au lieu de payer nos matières premières autour de 130 à 140 dollars la tonne de clinker importé, on l’avait reçu autour de 91 dollars toute l’année 2007 parce qu’il avait réussi à nous faire bénéficier d’un contrat signé en octobre 2006. J’ai été convoqué en octobre 2008 par le responsable des Douanes du Littoral qui m’a dit : « M. Le Boulicaut, vous trichez sur les valeurs de déclaration de vos matières premières importées ». Il a dû se renseigner sur Internet et il a compris que je devais payer 135 dollars la tonne si j’étais en contrat spot c’est-à-dire en livraison au coup par coup. Par ailleurs, le groupe Lafarge possède un bateau qui nous permet de transporter du ciment fini qu’on trouve à importer. Plutôt que d’être utilisé aux conditions de marché, il est mis à la disposition de Cimencam aux coûts sans marges. Ça nous permet d’importer du ciment, produit fini, moins cher que le clinker ! A quoi les consommateurs camerounais peuvent-ils s’attendre dans un ou deux mois ? Vous êtes un peu durs avec nous. Un ou deux mois c’est un peu court pour changer radicalement les choses. Par contre l’ensemble des équipes de Cimencam travaille d’arrache-pied depuis bientôt un an et demi à augmenter les capacités. Le premier stade où on va voir un tout petit peu le bout du tunnel, c’est la nouvelle ensacheuse. On va pouvoir accélérer le rythme de chargement des camions et les distribuer. La deuxième sortie du tunnel c’est le résultat des 23 milliards de Fcfa engagés dans l’atelier BK 5 en cours de construction et pour lequel la totalité du génie civil est terminée. On a attaqué le montage du bâtiment ; on va positionner un nouveau broyeur qui, à partir mois de septembre 2008, va nous permettre de faire 50.000 tonnes supplémentaires chaque mois.




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