Cameroun - Crise anglophone: Nouvelle grève des enseignants de l’université de Bamenda et des avocats

Par Fred BIHINA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 05-Dec-2019 - 12h43   5059                      
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North West Lawyers Determined To Move On With Strike Wilson MUSA
Les premiers exigent le renforcement des mesures sécuritaires à l’intérieur et autour du campus universitaire. Les seconds protestent contre un projet de loi en étude au parlement sur le bilinguisme.

Plusieurs dizaines d’avocats d’expression anglaise ont observé un sit-in le mercredi 4 décembre 2019 à Up-Station, le quartier administratif de Bamenda, capitale régionale du Nord-Ouest.

Ils dénoncent ce qu’ils qualifient d’incohérences contenues dans le projet de loi portant promotion du bilinguisme, en étude à l’Assemblée Nationale.

«Nous avons pris connaissance de ce texte qui dispose en son article 26 que la justice peut être rendue dans n’importe laquelle des langues officielles (français ou anglais). Cela signifie que des magistrats peuvent juger des personnes en français dans les juridictions relevant du code civil du Common Law», s’insurge Maître Éric Mbah, représentant du Bâtonnier des avocats au Nord-Ouest, au micro d’Equinoxe télévision.

L’homme de loi rappelle que c’est ce qui avait provoqué la colère des avocats en 2016. Lequel mécontentement constitue un des éléments déclencheurs de la crise en cours dans les régions anglophones.

«Cela nous ramène aux causes du mécontentement des anglophones en 2016, parce qu’ils pensent qu’ils ne bénéficient pas d’un bon système judiciaire», explique Me Mbah.

Les avocats du Common Law craignent que la loi, si elle est adoptée avec cette disposition, donne le pouvoir aux magistrats francophones de juger les anglophones, avec un risque élevé de biaiser le jugement.

«Nous ne pouvons rester insensibles face à une atteinte aussi grave à la justice. Notre mobilisation vise à interpeller le gouvernement», ajoute le représentant régional du Bâtonnier.

Université de Bamenda

Ce même mercredi, les enseignants de l’Université de Bamenda ont entamé une grève de 48 heures. Ils ont déserté les amphithéâtres pour protester contre la recrudescence des attaques contre le personnel enseignant.

Début novembre, ces enseignants regroupés au sein du SYNES (Syndicat National des Enseignants du Supérieur), avaient servi à l’administration de l’université un préavis de grève.

En réaction, le gouverneur du Nord-Ouest, Adolphe Lele Lafrique, avait organisé une réunion au cours de laquelle il avait promis le renforcement des mesures sécuritaires à l’intérieur et autour du campus universitaire.  

Constatant que ces mesures n’ont pas été mises en œuvre un mois plus tard, les enseignants ont décidé de protester et ainsi de paralyser la tenue des cours.

Fred BIHINA

Auteur:
Fred BIHINA
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