Selon le bihebdomadaire Repères paru le 19 juin 2017, les premiers indices de l’enquête semblent donner raison aux évêques. «...Nous, évêques du Cameroun, affirmons que Mgr Jean Marie Benoît Bala ne s’est pas suicidé; il a été brutalement assassiné», avaient-ils déclarés le 14 juin 2017. En effet, susurre-t-on, l’autopsie révèle des traces de strangulation sur le corps, il y a aussi cette langue pendante... Eu égard aux nombreux cas d’assassinat de dignitaires de l’Eglise enregistrés ces dernières décennies, la déclaration de la CENC se laisse aller à une conclusion sentencieuse : «Nous avons le sentiment que le clergé au Cameroun est particulièrement persécuté par des forces obscures et diaboliques».
Le journal fait remarquer qu’il est tout de même étonnant que ces «forces pernicieuses» s’attaquent uniquement à l’église catholique, en épargnant curieusement dignitaires musulmans et autres pasteurs des églises protestantes. «Par ces morts l’Eglise catholique paie-t-elle le prix de ses connexions et collusions avec certains cercles? S’agit-il de simples victimes d’une Eglise qui donne parfois l’impression de fonctionner comme une secte? Des questions et d’autres auxquelles le clergé, qui n’est pas un modèle de transparence, pourrait lui-même apporter des réponses».
Pour le journal, les évêques dans leur déclaration s’en prennent particulièrement à l’Etat et aux hommes de médias. A ces derniers, «les évêques leur demandent de renoncer à la diffamation, aux mensonges, aux calomnies, et leur recommandent le respect de la dignité de la personne humaine, de la vérité, de la pudeur et du discernement dans le traitement de certaines informations». Beaucoup d’utilisateurs de réseaux sociaux sont également mis aussi en cause.
Mais comment oublier par exemple que l’exposition publique de la dépouille de Mgr Bala est surtout imputable aux rares personnes chargées de son identification dès sa sortie des eaux qui ont pu filmer et publier les images sur les réseaux sociaux. Comment perdre aussi de vue l’attitude suspicieuse de l’Eglise catholique, qui dans la confusion créée par le décès de Mgr Bala affecte le nonce apostolique en Indonésie.
Quitte à être taxée de complicité, l’Eglise catholique choisit très souvent la voie du silence canonique. Si l’on en croit une source judiciaire proche de l’enquête, «le nonce apostolique soutient que les dernières correspondances écrites par Mgr Bala quelque temps avant sa mort ne lui étaient pas destinées, et qu’il les a transmises à leurs destinataires. Or, révèle une autre source, l’exploitation des brouillons de certaines correspondances retrouvés par les enquêteurs ne laisse pas de doute sur la volonté de Mgr Bala de renoncer à sa charge. Du coup, l’enquête veut établir un lien entre le décès de l’évêque et celui du recteur du séminaire de Bafia, dont le corps trouvé dans sa chambre a été porté sous terre sans autopsie imposée par le caractère suspect du décès», fait savoir le journal.