Cameroun - Décès de Mgr Bala: Les silences gênants de la Conférence Épiscopale

Par Géraldine IVAHA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 19-Jun-2017 - 16h29   9172                      
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Mgr Kleda W. Musa
Comment faire «toute la lumière sur les circonstances et les mobiles de l’assassinat de Mgr Jean Marie Benoît Bala» si tant de zones d’ombre sont entretenues par ceux-là mêmes qui pourraient détenir des clés de l’énigme?

Selon le bihebdomadaire Repères paru le 19 juin 2017, les premiers indices de   l’enquête   semblent  donner   raison aux évêques. «...Nous, évêques   du   Cameroun,   affirmons   que   Mgr   Jean   Marie Benoît Bala ne s’est pas suicidé;   il   a   été   brutalement   assassiné», avaient-ils déclarés le 14 juin 2017. En   effet, susurre-t-on,  l’autopsie révèle des traces de strangulation   sur   le   corps,   il   y   a aussi   cette   langue   pendante... Eu égard aux nombreux cas   d’assassinat   de   dignitaires de l’Eglise enregistrés ces   dernières   décennies,   la déclaration   de   la   CENC   se laisse aller à une conclusion sentencieuse : «Nous avons le sentiment   que   le   clergé   au Cameroun est particulièrement persécuté   par   des   forces   obscures et diaboliques».

Le journal fait remarquer qu’il est tout de même étonnant que ces «forces pernicieuses» s’attaquent uniquement à l’église catholique, en   épargnant curieusement     dignitaires musulmans   et   autres   pasteurs   des   églises   protestantes. «Par   ces   morts l’Eglise   catholique   paie-t-elle     le     prix     de     ses connexions   et   collusions avec certains cercles? S’agit-il de simples victimes d’une Eglise   qui   donne   parfois l’impression de fonctionner comme une secte? Des questions et d’autres auxquelles le   clergé,   qui   n’est   pas   un modèle   de   transparence, pourrait lui-même apporter des réponses». 

Pour le journal, les évêques dans leur déclaration   s’en   prennent   particulièrement   à   l’Etat   et   aux hommes   de   médias.   A   ces derniers,   «les   évêques   leur demandent de renoncer à la diffamation,     aux     mensonges,   aux   calomnies,   et leur   recommandent   le   respect de la dignité de la personne humaine, de la vérité, de la pudeur et du discernement dans le traitement de certaines informations». Beaucoup d’utilisateurs de réseaux sociaux sont également  mis aussi en cause.

Mais   comment   oublier par   exemple   que   l’exposition     publique     de     la dépouille   de   Mgr   Bala   est surtout imputable aux rares personnes   chargées   de   son identification   dès   sa   sortie des eaux qui ont pu filmer et publier les images sur les réseaux   sociaux.   Comment perdre aussi de vue l’attitude   suspicieuse   de   l’Eglise catholique,   qui   dans   la confusion créée par le décès de Mgr Bala affecte le nonce apostolique   en   Indonésie.

Quitte à être taxée de complicité, l’Eglise catholique choisit très souvent la voie du   silence   canonique. Si l’on en croit une source judiciaire proche de l’enquête, «le nonce apostolique soutient que les dernières correspondances   écrites   par Mgr   Bala   quelque   temps avant sa mort ne lui étaient pas destinées, et qu’il les a transmises   à   leurs   destinataires. Or,   révèle   une   autre source,   l’exploitation   des brouillons de certaines correspondances retrouvés par les enquêteurs ne laisse pas de doute sur la volonté de Mgr Bala de renoncer à sa charge.   Du   coup,   l’enquête veut établir un lien entre le décès de l’évêque et celui du recteur   du   séminaire   de Bafia,   dont   le   corps   trouvé dans sa chambre a été porté sous   terre   sans   autopsie imposée   par   le   caractère suspect   du   décès», fait savoir le journal.

Auteur:
Géraldine IVAHA
 @givahaCIN
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