Doualla Alexandre, alias Douleur, face à Cameroon-Info.Net

Par | Cameroon-Info.Net
Paris - 12-Nov-2002 - 08h30   62080                      
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Comme vous ne l'avez jamais vu, comme vous ne l'avez jamais entendu, en exclusivité sur Cameroon-Info.Net. Détendu devant nos micros, Douleur se lache, il parle de sa carrière à rebondissements....
Il est organisé un "show case" pour la présentation de l'album de Douleur aux médias, proches, et fans de Douleur par son manager et la sa maison de production. Tout le gratin de la musique camerounaise est présent: Manu Dibango, Lobè Valery, Robert Brazza d'Africa1, Joseph Andjou de i télévision, Henry Njoh, Eyabè Kwedi, Aladji Touré, Kiki Touré, JPS lui même en personne, et bien d'autres encore. Il faut dire que Douleur est un artiste unique en son genre grâce à un repertoire aussi varié que les rythmes de son pays, du Makossa à l'Assiko, en passant par le Manganbeu, le Bikutsi, l'Essewé, tout y passe. Une vraie leçon de géographie musicale. Magneto. Cameroon-Info.Net : On commence à parler de vous à partir de 1983. Pourtant vous avez une vie avant 1983. Douleur : C'était la vie d'un garçon qui se cherchait, ensuite il y a eu la musique, qui était pour moi un cadeau du ciel. J'emergeais autour de la musique; c'est merveilleux. Cameroon-Info.Net : lors de la présentation de votre dernier album " c'est magique " Manu Dibango avait déclaré je cite: "Douleur est l'un des meilleurs, sinon le meilleur artiste camerounais du moment". Comment apprendez-vous cela? Douleur : On a toujours envie d'être meilleur quelque part. Mais se sont ceux qui sont autour qui voient ce qui se passe. Il faut dire que Manu est mieux placé pour le dire. Cela ne peux que m'encourager et me donner des forces pour continuer. Cameroon-Info.Net : En 1983, c'est le début de votre carrière, Toto Guillaume est votre réalisateur fétiche, il produit vos 3 premiers albums; ensuite c'est la rupture totale. Que s'est t'il passé, sans langue de "bois". Douleur : Humm! (une lègere crispation). Nous avons réalisés des choses merveilleuses avec Toto, sur le plan musicale bien sûr, et je le remercie beaucoup. En fait je n'ai jamais vu les retombées financières de ce que lui et moi avions réalisés. Toto est plus musicien qu'autre chose. Vous savez,l'être humain à toujours ce côté égoïste, on veut toujours plus, voir tout. C'est la vie, et je crois qu'on se reverra un jour, et on pourra éventuellement travailler encore ensemble pourquoi pas; le chemin est long. Cameroon-Info.Net : Un internaute "wad" vous demande pourquoi avez-vous toujours le visage caché, quand on sait que votre premier disque à faillit ne pas se faire, qu'il y a eu beaucoup de difficultés pour sa réalisation, on est tenté de penser que c'est l'une des raisons sauf si... Douleur : Cela vient un peut de mon nom: "Douleur". Je pense que la douleur ne se voit pas, elle se ressent. C'est quelque chose de très profond. J'ai préféré faire ma musique, et garder mon image car en reliant les deux, cela crée un symbole. A partir de là, le thème est fort, et ça garde son côté mystique. Faut dire que cela est arrivée au bon moment. C'est cool. Cameroon-Info.Net : Quand on écoute certaines de vos chansons, on se rend compte que vous vous possitionnez toujours en victime, que vous avez été touché au plus profond de vous même, jusqu'à chanter :" ils m'ont arrosé de pétrole, ils ont mis du feu sur moi, j'ai mal, je n'ai persone à qui me confier ". Pour ceux qui ne comprennent pas la langue Duala, il s'agit de quoi ou de qui? Douleur : Depuis la génèse, le commencement, L'homme a été appeler à se battre. Il y a des chansons que je n'ai pas composées, elles sortaient instantanément de ma bouche. Je n'ai pas chanté cela pour dire ce qui s'était passé. J'ai eu une blèssure au fond de moi, un véritable cauchemar. Ce cri de coeur, quand je l'ai poussé, plusieurs personnes se sont senti consernées, blèssées. Je crois tout simplement que dans un autre monde j'ai véçu des choses que j'essaye d'exprimer dans ce monde, avec les mots et la langue de mes ancètres. Il s'agit de qui, ceux là même qui étaient avec moi à l'époque. Ils se reconnaîtrons. Cameroon-Info.Net : Après votre album intitulé: "Beneground", vous avez attendu 10 ans avant de réapparaitre avec: "Fureur". Pourquoi ce long mutisme? Douleur : Mutisme parce qu'avant, j'avais chanté sur les choses qui devraient m'arriver, je les ai ressenti, un peu comme un prophète. Faudrai savoir que la vie d'un artiste n'est toujours pas rose, il y a des hauts, comme des bas. Quand j'ai quitté Toto, j'ai rencontré Maurice Tagne, qui m'a aidé; merci Maurice. Alors il fallait faire le bilan, qui pour moi était négatif. La musique camerounaise avait prit une autre tournure, avec les producteurs scrupuleux, qui avaient façonné des artistes pour chanter comme... Une profonde reflexion s'imposait. Je suis donc parti, comme Moïse pour me ressourcer quelque part. Cameroon-Info.Net : Que symbolise: "Stop Best of", est-ce la première partie de votre carrière? Douleur : Un peu oui. Je voulais dire "STOP" à celui qui faisait mes chansons comme il voulait, et qui plus est, je ne gagnais rien. A un moment, faut savoir taper: " du poing sur la table ". Mes oeuvres m'appartiennent, et m'appartiendront à jamais. C'est la raison pour laquelle j'ai sorti avec mes moyens, et avec l'aide de ceux qui m'aiment, mon propre " Best of " pour dire stop à tout cela. Cameroon-Info.Net : Parlant de "Beneground"; il n'éxiste pas sur le marché. Cela ne vous heurte pas, malgré la forte demande, êtes vous impuissant face à cela? Douleur : Non, c'est un peu ceux qui sont autour de la musique, qui essayent de me mettre les batons dans les roues. C'est un CD qui sortira. Vous savez, le métier n'est pas fait que de caresses. J'y pense beaucoup, et je le ferais. Soyez patient. Cameroon-Info.net : Après "Beneground" en 1988, vous changez de look, vous passez du monsieur très soigner au monsieur Rasta. Est-ce un révolution, c'est quoi le message de ce changement? Douleur : Le look se fait tout seul. Les rastas, je ne sais pas pourquoi. Je pense par contre qu'il y a un rapport avec mes racines. Je dirai que ce look me permet de fortifier ma personne, sans que je sois en accord avec moi-même. Il y a des choses qui s'imposent en moi. C'est peut-être une révolution, j'en sais rien sinon j'apprends à prendre des décisions, ce que je commence à faire. Cameroon-Info.Net : Wondja un internaute de Douala vous demande: "Pensez- vous à votre famille au Cameroun, il pense que vous vivez assez modestement par rapport à eux? Douleur : Je ne pense pas qu'on puisse vivre sans penser à sa famille, même si le vent nous pousse vers d'autres horizons. Je comprends qu'on pense et croit qu'en parlant de Douleur, tout est beau non c'est moyen. Mais je pense à eux. Cameroon-Info.Net : Dans votre nouvel album, Manu vous prête main forte dans "Wéa Matanda" est-ce pour porter votre musique hors d'Afrique? Douleur : C'est le rêve de tout artiste de faire voyager sa musique, que de rester toujours dans la basse cour. Si je peux rendre cet hommage à Manu, de faire voyager ma musique, il sera très content. Faut dire aussi que si elle ma musique ne voyage pas beaucoup, c'est parce que la promotion ne suit pas. Je n'arrive pas à comprendre qu'on puisse mettre des moyens pour la sortie d'un CD, et qu'après on croise les bras. Il y a des choses à voir dans ce domaine là. Même en travaillant avec J.P.S. qui est un bon producteur, il y a des choses à mettre au point. Cameroon-Info.Net : Expliquez-nous le sens des titres :"Beneground, Fureur, Armageddon", et maintenant "C'est Magique". Qu'est ce qui est magique? Douleur : (Rires). Je me pose aussi cette question; je sortais d'un "coma" quand j'ai sorti "Fureur". Pendant 10 ans, j'étais comme emprisonné dans cette longue refléxion, il fallait que je sorte mes armes pour dire que je suis furieux. Et "Armageddon", quand tu revient, tout est désert, tout se que tu as construit n'est que ruine. Les personnes qui gèrent tout cela ne sont que des avards. Pour arriver à la magie: ils ne prennent plus le temps d'écouter. Je les interpelle en leur disant que: " ce n'est pas seulement un disque, mais de la magie". Comme ils sont curieux, ils viendront voir, écouter cette magie là. C'est cool, le retour est bon. Cameroon-Info.net : Vous avez une manière assez subtile de reprendre vos chansons, en ne changeant que la mélodie. Exemple: "OA PE" du nouvel album c'est "Nja Nu Bi" De "Fureur", "Wonderfull World" c'est "Cherie Coco" du premier album, "Mbaki" de "Armageddon" c'est également "Mbaki de "Fureur",et dans "Fureur" vous dites déjà:"No money, no jigui jigui". C'est une nouvelle téchnique ou alors il y a une autre signification? Douleur : Eh! beh!, je suis très surpris là; faut dire que vous avez fait un véritable travail d'investigation, et de chirurgie, je n'ai jamais pensé qu'on pouvait se rendre compte de la cela. Cela prouve qu'il y en a encore qui prennent le temps d'écouter. Félicitations!. Je ne passe pas du temps qu'à chanter, je compose beaucoup également. Je dirai que les chansons sont comme de la pâte à modeler, on peut les changer comme on veut. C'est tout simplement une téchnique oui. Cameroon-Info.Net : Traduisez-nous "Maka Dibiyé" qui revient assez souvent dans vos chansons. Douleur : Refléchit un peu avant de faire quelque chose; cela voudrait aussi dire: "retient bien la leçon". Cameroon-Info.Net : "Peux Maintenant" expliquez-nous le contenu de cette chanson qui fait tant danser et marrer? Douleur : Elle me rapelle: "Allo Mademoiselle", "Monsieur Mamadou". Avec du recul, je me dis que j'ai fait très tôt ces chansons là. Parce que quand j'écoute: "Premier Gaou", je dis qu'ils se sont peut-être inspirés de Douleur. Alors, je suis reparti au fleuve, et j'ai fait cette chanson. C'est toujours l'histoire de l'homme et de la femme, et qu'en général l'homme parle beaucoup plus qu'il ne réalise; elle parle d'elle même.(Eclat de rire général). Oui elle fait vraiment marrer. Cameroon-Info.Net : On sait que vous êtes croyant; mais dans "gloire aus femmes, vous dites: "Jésus à fait marraton, "Dieu à fait démi tour, il a même jurer ne plus mettre pied sur terre... "Avez-vous changer de cap, avec le fameux refrain que tout le monde reprend en coeur: "no money, no momey, no jigui jigui". Douleur : C'est l'histoire du jardin d'Eden. Quand vous dites que je suis croyant, oui certainement. Mais il faut savoir jusqu'où je le suis. C'est une image que j'ai vu en rêve. Et la seule personne que j'ai vu sur la croix, était une femme. C'est les choses réelles de la vie. Et quand je parle de Jesus et de Dieu, c'est avec beaucoup de respect; ce ne sont pas des insultes, c'est tout simplement un jeu de mot. Il y a rien de médisant, même Jesus pourrait la danser. Elle n'a rien à voir avec ma foi. Cameroon-Info.Net : Votre neuvième chanson: "Njé Mbuki Ndolo" a un air de Toguy et de Missé Ngo; est-ce un hommage aux anciens? Douleur : Les esprits se rencontrent ce sont de grands compositeurs; oui c'est aussi leur rendre hommage. Cameroon-Info.Net : Qu'est ce que cela vous fait d'avoir des fans, des idoles qui ne conaissent pas votre visage? Douleur : Cela me fait plaisir; se sont des gens sincères, ceux là restent toujours. C'est pas ma photo qui est important dans l'histoire, c'est le coeur. Je leur dis merci. Cameroon-Info.Net : Pour un artiste camerounais, vous avez une technique de chant dont on est pas habituée( voix perchées tel un griot madingue). A quels artistes vous identifiez-vous? Douleur : Cela vient de là où je suis né. Mon père avait un cabaret,y venaient des artistes et autres. J'ai grandi dans cette culture. J'ai pas choisi la musique, elle n'est tombée dessus. Je n'ai pas trop lutter pour en arriver là. Cameroon-Info.net : Emile de Paris vous demande: " quel est votre état d'esprit actuellement, on a pensé un moment que vous n'étiez pas bien". Douleur : (Rires). Le moral est au beau fixe; il y a eu des difficultés... Rassurez le ça va. Cameroon-Info.Net : votre maison de production vous satisfait-elle au niveau de la promotion? Douleur : Non, pas du tout; j'ai fait un cadeau à J.P.S., il y a pas de retour, il nous lache comme des bêtes sauvages. Il est plus producteur, faire sortir le support CD, là il y a pas de problème. Cameroon-Info.Net : Quel est votre plus grand succès? Douleur : (Longue hésitation). Je suis comme une mère qui ne saurait dire lequel des enfants elle préfére, quoiqu'on ait toujours un penchant quelque part. Le premier album; au comencement, tout était noir; oui le premier. Voyez-vous le cheminement? Cameroon-Info.Net : Vos qualités? Douleur : j'ai du mal à le dire; on dis souvent que je suis humble, et rigoureux dans le travail. Cameroon-Info.Net : Vos défauts? Douleur : J'ai encore du mal à le dire. Je pense que je ne travaille pas beaucoup. Cameroon-Info.net : Qu'est-ce qui vous attire chez les autres? Douleur : Je ne sais vraiment pas; encore une femme je pourrai dire quelque chose mais là? Cameroon-Info.Net : Qu'est-ce que vous détestez chez les autres? Douleur : Je combat la méchanceté, l'hypocrisie, je reste cependant conscient de la coexistance du bien et du mal. Cameroon-Info.Net : quels sont les mots qui vous aractérisent? Douleur : Musique, foi, Amour. Cameroon-Info.Net : Un dernier mot? Douleur : Je suis très ému, très content que ma musique marche. J'aime tous ceux m'ont ou me donne l'opportunité de chanter, surtout mes fans qui pensent toujours à moi. Je donnerai beaucoup pour eux. Je suis très honnoré de passer sur votre site. Je pense que nous devront nous ouvrir au Monde. Douleur dit avoir plus ou moins compris la vie, il ne pleure plus, il est devenu stoïque. C'est extraordinaire de voir le lien étroit qui existe dans les différents albums, et chansons de cet artiste. Pour le cerner un tout petit peu, écouter tout les albums de Douleur. Son site est en construction. Pour des réactions et messages de soutiens, écrivez à son manager Charles Kozi Cruz: [email protected].




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