Barrage hydroélectrique de Lagdo, un potentiel électrique sous exploité

Par | Cameroon-Info.Net
Yaoundé - 03-Dec-2001 - 08h30   63794                      
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Sur les 4 groupes producteurs d'électricité, 2 couvrent largement tout le réseau du "Grand Nord". Les 2 autres attendent la demande...
Le barrage hydroélectrique de Lagdo est avec le barrage de Song-Loulou et celui d'Edéa, l'une des principales sources électriques du pays. La localité de Gong située à une quarantaine de kilomètres de Garoua lorsqu'on vient de Ngaoundéré en est le principal repère. Non loin du marché de cette sous-préfecture, un panneau au carrefour indique l'embranchement pour se rendre à Lagdo. Dix minutes en voiture seraient suffisantes pour couvrir la distance si le tronçon, pourtant bitumé, était entretenu. Ce qui impressionne à l'approche du barrage est ce lac immense qui s'étend à perte de vue. Il s'agit du lac artificiel qui sert à alimenter la cuve de retenue d'eau. Cette réserve de 7,7 milliards de m3 d'eau peut mettre tout Garoua sous 2 mètres d'eau, inonder la République Centrafricaine et une partie du Nigeria. Encore quelques détours entre les montagnes et le chef d'œuvre est là. Une architecture gigantesque qui dit son histoire, sa valeur, tout le savoir-faire chinois et aussi la fierté d'un peuple. Rien d'étonnant donc si le contrôle d'accès à ce point sensible est strict. Un visa d'entrée dans la centrale est obtenu auprès de l'administration à Garoua. Une autorisation spéciale peut aussi être obtenue pour les appareils photos. Les caméras sont interdites. Inauguré le 29 novembre 1986 par le président Paul Biya, le barrage de Lagdo est le fruit de la coopération sino-camerounaise. Une œuvre gigantesque réalisée au bout de quinze années d'efforts inlassables et persévérants. Une pièce maîtresse dans le cadre des opérations destinées à promouvoir un développement rapide de toute la partie septentrionale du pays, à préserver aussi l'équilibre écologique par le remplacement du bois par un combustible domestique. La Centrale emploie 72 employés dont une mission permanente chinoise de 4 personnes: un électricien, un mécanicien, un exploitant et un interprète. Pourtant assure le guide "en réalité, les Camerounais s'en sortent bien sans eux. Mais le pays avait signé un accord qu'il faut respecter". Quelques consignes sont importantes avant d'entrer dans la Centrale. Non seulement il faudrait faire avec le bruit des turbines, mais surtout, ne pas paniquer. Des appareils démarrent en automatique, chacun d'eux ayant un ronflement original. Une consigne formelle est de rester sur place en cas de coupure électrique, jusqu'à l'arrivée des secours. En passant, il faut retenir le code des couleurs. Les moteurs sont en vert, tout ce qui est en bleu désigne les équipements à eau, en rouge les équipements à huile sous pression et en jaune ceux qui ne sont pas sous pression. Les conseils pratiques donnés, les portes de la Centrale s'ouvrent. Les 4 groupes producteurs du courant électrique se trouvent dans la première salle au rez-de-chaussée. 2 sont en marche et le bruit est assourdissant. Néanmoins, le guide s'évertue à expliquer: "La force hydraulique implique le mouvement de rotation sur la roue. Un arbre reliant la roue à l'alternateur tourne, crée un champ magnétique. Ces électrons en mouvement donnent un courant égale à 10,5 kilowatt. Les jeux de barre prennent ce courant pour le transporter dans un transformateur élévateur et abaisseur. Tout le courant produit est ensuite dirigé dans le poste. A partir de ce poste, il y a 2 départs pour Garoua, Garoua I et Garoua II, et un départ pour Ngaoundéré", allez-y comprendre quelque chose. La visite continue dans les sous-sols. Il faut un brin de sang froid pour descendre au premier niveau, puis au second. Tout est machines, appareils, conduits, et lorsqu'on sait qu'il s'agit du courant électrique, mieux vaut ne pas y penser. On arrêterait net la visite pour demander à sortir du "coin suicide". A la remontée des bas-fonds, il y a encore la salle de commandes à visiter. Un tableau synoptique donne la configuration générale de la centrale, puis il y a le pupitre de commandes. 2 boutons rouges sont allumés. Le guide explique: "Ces lumières rouges symbolisent les groupes en marche. Pour tout le réseau Adamaoua-Nord-Extrême-Nord, la demande n'exige que le fonctionnement de 2 groupes. Les 2 autres constituent un potentiel à exploiter". L'ingénieur responsable de cette unité agrémente "Il y a un potentiel électrique énorme ici. Il faudrait déjà l'exploiter le plus largement possible dans la sous région. On gagnerait aussi à interconnecter tous les réseaux camerounais. En attendant que soit définie une politique d'exportation du courant vers les pays limitrophes, nous devons faire fonctionner tous les groupes équitablement au cours d'une année. Nous les exploitons 2 à 2. Chaque groupe fonctionne ainsi 6 mois sur 12".




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