Cameroun: Un évêque saisit le ministre de l’Administration territoriale pour la suppression du croissant lunaire sur le képi des administrateurs civils

Par Frédéric NONOS | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 24-Nov-2021 - 08h14   10826                      
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Mgr Maïgari Elogo Alix Facebook
Mgr Maïgari Elogo Alix, évêque régional de l’Église évangélique luthérienne du Cameroun (EELC) à Ngaoundéré, explique que la marque du croissant lunaire arboré par les administrateurs civils promeut l’Islam au détriment des autres religions.

Sa démarche est inédite ou tout au moins surprenante. « Sauf meilleure appréciation de votre part et s’il n’existe pas un subtil projet de création d’un Etat islamique, je viens respectueusement auprès de vous par la présente requérir la suppression du croissant lunaire sur le képi des administrateurs civils camerounais (gouverneurs, préfets et sous-préfets) », écrit d’entrée de jeu Mgr Maïgari Elogo Alix dans sa requête adressée le 22 novembre 2021 au Minat, Paul Atanga Nji.

L’évêque régional de l’EELC à Ngaoundéré, affirme que l’Etat du Cameroun est laïc et explique que « la marque du croissant lunaire arboré par les administrateurs civils, représentants du chef de l’Etat fait la promotion de l’Islam au détriment d’autres ». Une situation qui constitue aux yeux du religieux une atteinte majeure au principe de laïcité, (…) « et surtout une potentielle d’une guerre de religions que nous ne souhaitons sous aucun prétexte. »

Mes chrétiens et moi-même, poursuit Mgr Maïgari Elogo Alix, subissons déjà assez « l’impérialisme islamo-peulh » dans la région de l’Adamaoua. « Je souhaite de votre part un minutieux traitement du climat social qui caractérise la cohabitation des religions dans la région de l’Adamaoua afin que les efforts actuels  des autorités  de la place  portent meilleurs  fruits, au mieux la création d’un observatoire des religions », conclut l’évêque régional de l’EELC à Ngaoundéré.

Si la requête de ce religieux est perçue par une partie de l’opinion comme une instrumentalisation des chrétiens contre les musulmans, elle est considérée par d’autres comme une alerte aux autorités à prendre leurs responsabilités pour éviter des conflits interreligieux. Il est à relever que l’extrémisme religieux qui remet en cause la cohésion sociale, prend une ampleur inquiétante ces derniers mois dans la région de l’Adamaoua.

On se rappelle qu’en septembre dernier, des leaders religieux musulmans avaient appelé les membres de leur communauté à désinscrire leurs enfants du collège catholique Mazenod de Ngaoundéré, après que les responsables du collège ont imposé le port de l’écusson floqué de la croix, signe identitaire de l’église. Il a fallu la médiation des autorités religieuses et administratives de la ville, sanctionnée par la descente du Minat pour calmer les esprits et ramener le calme dans cet établissement, où le port de l’écusson n’est plus obligatoire pour les élèves musulmans.

 

 

 

Auteur:
Frédéric NONOS
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