Le jardin secret de Marthe Zambo

Par Josy MAUGER | Cameroon Tribune
Yaoundé - 21-Nov-2003 - 08h30   69345                      
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La diva de la chanson camerounaise a accepté de s’ouvrir à CT.
Vous passez pour être l’une des plus grandes chanteuses du Cameroun … J’en suis consciente. Je sais également que les Camerounais aiment ce que je fais. Je fais de la variété et chacun y trouve son compte. Je suis confiante, mais cela n’affecte en rien ma personnalité et ne me donne pas la grosse tête. Cela ne me ressemble pas, au contraire je suis d’un genre plutôt humble. Pourtant vous avez la réputation d’être assez difficile… (Rires). Qui vous l’a dit ? Je le reconnais quand-même, mais ça dépend de la personne que j’ai en face de moi. Si elle n’est pas sérieuse, je le ressens tout de suite. Alors je sors de mes gongs. Je n’aime pas les choses faites à moitié. Comment êtes-vous en privé ? Je cultive la simplicité et la discrétion. J’ai un côté sentimental qui installe en moi un état d’esprit d’adolescente attardée. Jusqu’à présent, je continue de dévorer des romans à l’eau de rose comme ceux de Barbara Cartland ou d’aventures comme Guy des Cars, ils meublent certains moments de solitude volontaire. Il paraît également que vous accordez très peu d’interviews? C’est vrai, je suis fatiguée. Pas parce que je prends de l’âge mais à cause de la monotonie. Certains journalistes me mettent mal à l’aise avec leurs questions. C’est toujours les mêmes questions, beaucoup ne sont pas inspirés. Où avez-vous passé votre enfance ? Je suis née il y a une cinquantaine d’année dans le Sud à Ebolowa dans une famille de huit enfants. J’ai trois sœurs et quatre frères, j’ai perdu mes parents très tôt et je n’avais personne pour payer mes études. Comment vous est venue l’idée de faire de la musique ? J’ai juste suivi mon intuition, je ressentais en moi la fibre artistique. J’ai beaucoup écouté les autres, surtout ceux qui chantent avec leur cœur et j’ai compris très tôt que je pouvais chanter. J’aimais écouter les variétés, ce que je continue de faire jusqu’à présent. Bien après, j’ai pu continuer mes études, je suis allée à Paris. J’ai fait l’Ecole normale de musique, j’étais encore à la Sacem et je touchais mes droits d’auteur. Je pouvais payer mes études, faire face à mes autres charges. Mais brusquement j’ai dû arrêter. Je n’ai pas pu achever ma formation parce que je ne touchais plus mes droits d’auteur. Qu’est-ce que la musique vous a apporté ? La musique est mon oxygène, ma passion et ma vie. Je m’y suis consacrée corps et âme au point où je ne conçois pas mon existence sans elle. A une certaine époque de votre carrière vous avez fait danser bien de couples avec votre chanson " Avec toi "... Oui, c’est vrai. " Avec toi " est l’un des grands classiques de la chanson camerounaise. J’ai reçu un disque d’or en 1979 grâce à lui et j’en suis fière. J’avais reçu des centaines de lettres. Des gens ou des couples qui me remerciaient, ils me félicitaient et disaient que mes chansons et surtout " Avec toi " avaient contribué à leur bonheur. Que pensez-vous du mariage? Evidemment c’est très bien de se marier, mais il ne faut pas le faire pour le seul plaisir de se marier. Il faut être prêt, et puis le mariage c’est une affaire d’entente sinon, ça ne vaut pas la peine de se présenter devant le maire. Sinon, c’est la destruction après. Etes-vous mariée? Non, je ne me suis jamais mariée, c’est un choix. Je n’étais pas prête à le faire. Je ne voulais pas faire de fantaisie, juste pour les yeux des gens, sinon je serais en train de condamner la vie du fils d’autrui. Combien d’enfants avez-vous? J’en ai deux, deux garçons Prosper et Georges Guichard. Le premier travaille dans une société de la place et le second chante avec moi. L’avez-vous vraiment souhaité ? Vous savez, j’ai toujours laissé la latitude à mes fils de choisir ce qu’ils feraient par la suite. Cela ne sert à rien d’exiger de vos enfants qu'ils fassent telles ou telles études. C’est une fausse conception, il faut leur laisser la liberté totale, comprendre et conseiller si besoin est. Sinon ils risquent de rater leur vie. Chez les Occidentaux c’est ainsi, les études ce n’est pas la seule voie de salut. Mon fils et moi avons fait un disque ensemble et celui qui sort dans quelques semaines aussi. Vous êtes en quelque sorte une maman amie … Peut-être. Ce sont les enfants qui peuvent le dire. Je les aime et les respecte. Je suis également attentive à leurs problèmes. En dehors de la musique, quelle est votre autre passion? La lecture et le cinéma. J’ai joué une fois dans un film " Les coopérants " d’Arthur Si Bita. Je lis beaucoup. Tout ce qui peut-être positif, tant que ce n’est pas vulgaire, cela me va. Vous vivez depuis très longtemps à Douala, le Sud ne vous manque-t-il pas? Ebolowa me manque beaucoup. J’y vais de temps en temps, j’ai encore des oncles là-bas. Après mon enfance à Ebolowa, je suis venue m’installer ici à Douala, j’y ai également des parents. L'un de mes oncles a épousé une fille Douala de Ngodi. Quel est votre mets favori ? Ce sont les légumes : le " Zom ", un plat de chez nous. J’aime aussi la sauce de mangues sauvages et le plantain pilé, le " ntouba ". Quel est votre meilleur souvenir ? C’est le jour où j’ai eu le disque d’or avec l’album " Avec toi ". Et le pire? C’était le jour du décès de ma mère, on l’avait empoisonnée au village.




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