Cameroun/France - Immigration: Au cours d’une audition devant l’Assemblée Nationale, Calibri Calibro déclare qu’il est parti du Cameroun pour la France dans le but d’«obtenir» la nationalité française

Par Pierre Arnaud NTCHAPDA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 31-May-2021 - 13h25   23026                      
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Calibri Calibro lors de son audition par des parlementaires français Facebook
Le «commandant en chef» de la Brigade Anti Sardinards (BAS) a soutenu devant la Commission d’enquête sur la crise migratoire que, bien qu’il n’ait pas pu apporter la preuve de sa nationalité, son père est un Français.

Abdoulaye Thiam surnommé «Calibri Calibro» a été auditionné à distance par la Commission d’enquête sur la crise migratoire de l’Assemblée Nationale Française le 27 mai 2021. L’activiste camerounais installé en France a dit pourquoi il a décidé de partir du Cameroun pour la France. «Je suis parti du Cameroun par rapport à ma nationalité, mais beaucoup ne sont pas partis de leurs pays respectifs pour la même raison», a-t-il déclaré aux membres de cette Commission que préside le député Sébastien Nadot.

Abdoulaye Thiam a raconté son périple du Cameroun jusqu’à l’Europe, aux côtés de ceux qui sont partis de chez eux à cause de la tyrannie et la mauvaise gouvernance de ceux qui dirigent leurs pays. Après avoir bravé la souffrance et les dangers, il débarque en Italie en 2016 par la mer puis se dirige vers la France. «J’ai pris tout ce risque pour obtenir ma nationalité française. C’est un droit que je puisse l’obtenir», a-t-il lancé à ses auditeurs.

L’opposant radical au régime Biya décrit une situation «un peu difficile» du fait de son patronyme qui ne se retrouve pas parmi les 4 groupes sociologiques du Cameroun. Selon lui, Thiam, nom à connotation sénégalaise, ne facilite pas son intégration au Cameroun. Il parle aussi de violences qu’il aurait subies de la part des forces de sécurité pour avoir participé à des manifestations. Autant de choses qui l’ont obligé à prendre la route. «Fort de ce constat, j’ai décidé de venir en France me battre pour faire valoir mes droits, obtenir ma nationalité française. C’est ainsi que j’ai entrepris de prendre la route migratoire (Nigeria, Niger, Algérie, Libye)», détaille-t-il.    

Mais, raconte-t-il encore, une fois en France, les choses ne seront pas aussi simples pour lui. «Je suis allé à la préfecture. J’ai apporté tous les papiers que j’avais avec moi. Les papiers de mon père. J’ai demandé un certificat de nationalité, mais la préfecture m’a convaincu de faire une demande d’asile. Elle m’a dit que j’étais en situation irrégulière, que pour pouvoir rester sur le territoire, il me fallait de toutes les façons être en situation régulière. Ils m’ont obligé de faire une demande d’asile. Ce que j’ai fait en 2017 qui a malheureusement été rejetée au motif que je mène des activités sur le territoire».

Calibri Calibro a raconté l’histoire de son père aux parlementaires français. Il leur a dit que celui-ci, tout comme son père, était Français. «Mon grand-père est né à Reims dans la Marne. Mon père a fait son service militaire obligatoire aux citoyens français au 24ème RIMA de Perpignan. A l’issue de son service militaire, il est rentré au Cameroun et il a passé un certain nombre de temps sans régulariser sa situation auprès des services consulaires notamment auprès du service consulaire de Douala. En 1998, il a entrepris des démarches pour régulariser sa situation, mais ça n’a pas marché parce que c’était à lui d’apporter la preuve de sa nationalité. Nous avons saisi le service central d’état-civil de Nantes qui nous a envoyé une correspondance dans laquelle elle disait que la copie intégrale d’acte de naissance de papa ne figurait pas dans ses archives. Le Consulat général bien qu’ayant tous les dossiers de papa et de la famille a refusé de nous fournir ces éléments-là. Nous nous sommes battus comme on a pu avec une avocate française installée au Cameroun, Me Dominique Fousse, qui a pu obtenir certains documents. Nous avons saisi le Tribunal des Français nés et établis hors de France à Château des Rentiers. Le juge a insisté pour obtenir la copie intégrale de l’acte de naissance de papa venant de Nantes. Le juge n’ayant pas eu ce document a rejeté notre demande en 2007», fait savoir le «commandant en chef» de la Brigade Anti Sardinards (BAS).

 

Auteur:
Pierre Arnaud NTCHAPDA
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