La Cameroon Telecommunications est menacée de dépôt de bilan. Elle doit 15 milliards de FCFA aux opérateurs privés de téléphonie mobile. Les usagers payent les frais...

Une réunion s'est tenue le jeudi 23 novembre dernier à Yaoundé. Elle a regroupé les responsables des sociétés qui exploitent les réseaux téléphoniques mobile et fixe au Cameroun ainsi que le directeur général de l'agence de régulation des télécommunications (ART). L'objectif était de trouver un terrain d'entente pour le règlement du litige qui oppose la CAMTEL aux deux promoteurs privés SCM et MTN. Ce litige a été porté sur la place publique à travers l'augmentation vertigineuse du prix des appels urbains. Ces appels sont passés de 100 F/6mn à 100/90s (le prix a donc été multiplié par 4) lorsqu'on utilise le téléphone fixe. Mademoiselle Joly, gérante d'une téléboutique au quartier Nsam à Yaoundé, raconte la mésaventure qui a été la sienne mercredi dernier: "à l'ouverture de la caisse, j'ai été surprise de constater que le taxeur marquait plus d'impulsion que d'habitude alors même que le client a fait moins de 6 mn. Cela est arrivé avec un premier, puis un deuxième et un troisième client qui n'a pas hésité à me passer un savon en me traitant de tous les noms d'oiseaux…". Ils sont nombreux dans les centres urbains, ceux qui comme Joly ont eu à faire face à ce type de situation. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la nouvelle tarification a surpris tout le monde. Et pourtant, une explication formelle existe. C'est le directeur général de l'ART qui la donne: "pour appeler d'un poste fixe à un poste mobile, la convention d'interconnexion prévoit un prix de 200 F/mn. Là dedans, CAMTEL a 56 Francs et l'une ou l'autre société mobile a 144 Francs. Or, il se trouve que quand CAMTEL attend une facture de 2000 F résultant de la consommation de dix abonnés, il y a au moins cinq qui ne payent pas parce qu'ils ont appelé d'un téléphone fixe de l'administration…En définitive, la société CAMTEL n'a pas de recettes pour faire vivre les sociétés du téléphone mobile. A terme, cette situation peut amener CAMTEL à une faillite". Jusqu'à jeudi encore, il n'était pas donné à "ceux qui ne payent pas en priorité de pouvoir appeler à partir d'un fixe… Les lignes non ouvertes à l'international ne pouvaient non plus appeler le cellulaire". Pour sortir de cet étranglement, l'entreprise CAMTEL a choisi unilatéralement d'augmenter les tarifs des appels locaux transitant par son réseau, sans bien sûr avoir pris la peine d'informer les consommateurs. CAMTEL a dénué de tout fondement le slogan d'il y a quelques années "téléphonez plus, voyagez moins !".