Nous avons rencontré la chanteuse à Paris...
Même si elle se fait discrète, Charlotte Mbango reste une figure emblématique de la musique camerounaise à travers le monde. Elle nous donne rendez-vous dans le magasin de Monsieur Touré Aladji à 16 heures. L'équipe de Cameroon-Info.Net arrive à 15 heures 55 minutes, dame Charlotte nous attend depuis une demi-heure. Tiens ! Il est rare de voir un artiste aussi ponctuel. A elle de nous dire: «l’exactitude était la politesse chez les rois». Ensuite, elle nous reçoit dans un petit restaurant du dix-huitième arrondissement de Paris, où elle nous parle de ses aventures musicales. Très marrante, très décontractée, elle adresse des salutations à tout le monde, on a l’impression de la connaître depuis des années. Elle nous fait savoir que son album «Massoma» fait fureur en ce moment aux Etats-unis:
Cameroon-Info.Net: Comment êtes-vous arrivée dans la musique?

Charlotte Mbango: Pour ne pas dire que j’y suis née, j’ai commencé à l’âge de deux ans par la chorale, avec les groupes négros spirituals, et les concerts inter-scolaires. Ensuite je suis arrivée en France en 1981. A l’époque, j’accompagnais les différents groupes de différentes nationalités, et c’est par la même occasion que Aladji Touré me proposa de faire un ensemble d’anciens succès d’artistes camerounais, ce qui m’a valu mon premier album «Nostalgie» «dikom lam la moto».
Cameroon-Info.Net: Charlotte Mbango et Sissi Dipoko omniprésentes aux chœurs dans les années 80. Qu’est ce qui vous pousse dans la chanson ?
Charlotte Mbango: J’y suis née. Je suis là dedans depuis longtemps. Nous étions l’équipe nationale du Makossa comme on le disait à l’époque. Sissi et moi étions partout. Quant à la carrière solo, je l’ai dis plus haut.
Cameroon-Info.Net: Votre entrée nationale s’est faite sur «Dikom Lam la moto» qui est une reprise. Pourquoi une reprise ?
Charlotte Mbango: C’était l’époque des remix et c’est cela qui marchait. Tant que les remix étaient bien faits, cela faisait du succès. La preuve c’est un tube qui a beaucoup marché, et qui continue à marcher jusqu’à aujourd’hui.
Cameroon-Info.Net: Que signifie Konkai Makossa pour vous ?
Charlotte Mbango: C’est un jeu d’enfant, d’immobilisation, comme on disait vulgairement au pays: «statut pas de». C’est donc une façon de demander à la jeune fille d’arrêter ses sorties nocturnes, de se calmer en s’immobilisant.
Cameroon-Info.Net: Pourquoi consacrez-vous un album à la musique religieuse tirée du livre des cantiques ?
Charlotte Mbango: C’est ce que j’ai voulu faire à un moment. Je me suis dit que c’est un créneau qu’il fallait exploiter, car cela marche et cela plaît bien. Je suis à quatre volumes, et cela marche très bien.
Cameroon-Info.Net: Etes-vous croyante ?
Charlotte Mbango: Oui je suis croyante.
Cameroon-Info.Net: Que représente Dieu dans votre vie ?
Charlotte Mbango: Une bonne partie de ma vie. Il faut dire que je ne fais rien au hasard.
Cameroon-Info.Net: Vous avez fait plus de reprises. Avez-vous déjà essaye de composer de vous-même ?
Charlotte Mbango: (Elle se redresse) Qu’est ce que vous entendez par reprises ? Il n’y a que mon premier album. Si vous faites allusion aux cantiques, je n’ai utilisé que la mélodie. Sinon j’ai arrangé tout cela à ma façon.
Cameroon-Info.Net: Si je vous dis Massoma (remerciement) votre quatrième album, vous répondez quoi ?
Charlotte Mbango: Je remercie tous ceux qui m’avaient assisté à la réalisation de cet album, parce que je sortais d’une maladie, et plusieurs personnes m’ont soutenue. elles ont cru en moi, et leur soutien moral fut capital pour la réalisation de cet album. Je leur remercie encore.
Cameroon-Info.Net: Dans cet album Masoma, vous parlez beaucoup de vie de couple, d’amour, de rupture… S’agit-il de vous-même ?
Charlotte Mbango: (Elle se redresse a nouveau) Je ne suis pas du même avis que vous. Je ne parle pas de rupture !!! Eclairez moi…Ce sont les conseils que je donne. Mes compositions n’ont rien à voir avec ma vie de couple. C’est le quotidien que tout le monde vit. Dans le second titre, je prône à la paix, parce que les peuples à travers le monde s’entre-déchirent…c’est plutôt politique. Par la suite, j’évoque la mort, le spiritualisme etc. D’ailleurs dans le nouvel album qui sortira, je suis sûre qu’il y aura ce genre de commentaires. Je vous prendrai un exemple très simple: «Konkaï Makossa» est une composition de Guy Lobe que j’interprète. Là aussi on dit c’est mon couple qui est indexé. Je continue avec «Bito», je dis «laissez les maris d’autrui tranquille», encore une composition de Guy Lobe, on me prête les intentions là dessus. Je crois que cela fait partie de la vie d’un artiste, et je fais abstraction de tout cela.
Cameroon-Info.Net: Justement il vous arrive souvent dans vos compositions de parler de vous ?
Charlotte Mbango: Franchement! Non voilà un autre exemple: dans une compilation, où je chante «Moumi» (l’homme); quand je chante ce morceau, j’entends dire: «c’est son problème personnel» pour vous dire, lors de la composition de ce titre, nous nous sommes dis mon mari et moi que les gens diront que c’est notre histoire. Pourtant, ce fut lors d’une tournée en Guinée Equatoriale, qu’une jeune fille me raconta l’histoire qui m’a permis de composer «Moumi».
Cameroon-Info.Net: Que pensez-vous des jeunes qui font du chœur dans la musique camerounaise aujourd’hui, particulièrement Ruth Kotto qu’on voit un peu comme vous dans les années 80 ?
Charlotte Mbango: Je ne veux pas de comparaison. On ne peut pas nous comparer. Cela ne se fait pas. Elle a son parcours, j’ai le mien. Elle est sur le marché parce qu’elle travaille avec Touré qui est arrangeur et producteur. Et quand il s’entend avec quelqu’un, il le fait travailler, voilà !
Cameroon-Info.Net: Vous bougez bien sur scène. Avez-vous été danseuse ou alors vous aimez bien danser ?
Charlotte Mbango: Merci ! Je n’ai pas été danseuse. J’ai pas pris de cours de danse quelque part. La danse est innée en nous et ma façon de danser est adaptée à ce que je fais, d’autant plus que je suis l’une des premières femmes à avoir chanter le Makossa.
Cameroon-Info.Net: Vous êtes mariée. Est-il facile de concilier les deux ?
Charlotte Mbango: (rires) c’est pas évident, c’est pas du tout facile, mais on essaye, je fais ce que je peux.
Cameroon-Info.Net: Chanteuse confirmée. Que vous manque t-il pour avoir la notoriété des Tchala Muana, Miriam Makeba, ou alors Yondo Sister, pour ne citer que celles-là ?
Charlotte Mbango: Parlez-moi de Miriam Makeba. Quand vous parlez de Yondo Sister, je ne pense pas qu’elle ait plus de notoriété que moi. Tchala Muana est une grande sœur que j’ai souvent accompagnée en concert…j’ai besoin moi d’être encadree, de ne faire que ma musique. Parce que pour l’instant, je me produis, et cela me prend assez d’énergie. Alors si je suis bien encadree, je pense que j’aurai la notoriété a laquelle vous faites allusion, et je n’aurai plus qu’à chanter.
Cameroon-Info.Net: Quelques questions à la pivot: Vos qualités ?
Charlotte Mbango: Je n’arrive pas à me juger. J’aime quand on me juge, alors je laisse cela aux autres.
Cameroon-Info.Net: Vos défauts?
Charlotte Mbango: Je suis très impulsive.
Cameroon-Info.Net: On l’a remarqué. Qu’est ce qui vous attire chez les autres ?
Charlotte Mbango: (Rires) La franchise, la spontanéité.
Cameroon-Info.Net: Qu’est-ce-que vous détestez chez les autres?
Charlotte Mbango: L’hypocrisie et le mensonge.
Cameroon-Info.Net: Quels sont les mots qui vous caractérisent ?
Charlotte Mbango: L’ambition.
Cameroon-Info.Net: Qu’attendez-vous de la vie?
Charlotte Mbango: Que de bonnes choses ! Malheureusement, on ne peut pas tout avoir. Il y a des hauts et des bas.
Cameroon-Info.Net: Un dernier mot ?
Charlotte Mbango: Je souhaite que mes propos soient bien analysés, et bien compris. C’est très important !

Charlotte Mbango
Photo: © Cameroon-Info.Net
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