Cameroun - Alternance au sommet de l’Etat/Lynda Raymonde (artiste musicienne): «les artistes camerounais d'essence ont le droit et la liberté d'exprimer leur opinion aussi, acceptons-le»

Par Claude Paul TJEG | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 28-May-2020 - 14h42   10975                      
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Lynda Raymonde Lynda Raymonde
La chanteuse de Bikutsi estime que l’alternance ne doit pas être un sujet tabou. Elle devrait même être constamment évoquée dans un pays qui se veut démocratique.

Pour avoir osé évoquer son désir ardent de voir  le Cameroun gouverné par un autre régime que celui de Paul Biya, qui tient les rênes du pays depuis près de 40ans, Charlotte Dipanda est la cible des critiques et des quolibets de la part des soutiens inconditionnels de Yaoundé. Jadis vierge de toute déclaration politique,   l’artiste est aujourd’hui au centre d’une vive polémique entretenue par les partisans du pouvoir qui la calomnient pour avoir tout simplement donné son avis, et les pourfendeurs du renouveau qui célèbrent sa lucidité.

Héroïne ou ennemie de la patrie? Pour le moment, Charlotte ne prête visiblement pas une oreille attentive à ce genre de considérations. Depuis ses dernières déclarations, l’auteur du tube à succès «My Sister» a préféré s’emmurer dans le silence, laissant les gens parler d’elle au gré de leurs envies et de leurs considérations politiques.

Tout de même, au sein de la corporation des artistes, Charlotte Dipanda peut compter sur le soutien de certains de ces confrères, à l’instar de la chanteuse Lynda  Raymonde. Dans une déclaration publiée sur Facebook, ce jeudi 28 mai 2020, l’auteur de la chanson «Forme O no limit in love», soutient qu’évoquer l’alternance au sommet de l’Etat, dans un pays qui se veut démocratique ne devrait pas faire l’objet d’un tabou, mais plutôt être considéré comme quelque chose de normal.

«Décidément ce mot "alternance", au Cameroun pose un véritable problème alors que tout le monde y pense secrètement. Pendant que certains s'offusquent à sa simple évocation, d'autres s'en inquiètent, s'interrogent ouvertement ou non. Certains choisissent d'en parler, d'autres préfèrent se taire. À chacun son choix, respectons le. Et moi aussi évidemment, je m'interroge "l'alternance au Cameroun" et quelque soient les systèmes, les secteurs, les domaines, les ministères, est-ce un sujet tabou?», s'interroge-t-elle.

«Aidez-moi, je vous prie à y répondre. À mon avis, on devrait librement et même naturellement en parler au lieu de faire du Cameroun, un champ de bataille, de camps, de clans et de théoriciens contradictoires qui nous épuisent sur les réseaux sociaux à longueur de journée. Comprenons que le mot "contradiction" est un mot français qui existe dans le dictionnaire alors laissons le exister dans le jeu politique de notre pays.Par ailleurs, les artistes camerounais d'essence ont le droit et la liberté d'exprimer leur opinion aussi, acceptons-le», déclare l'artiste.

 Ci-dessous l’essentiel de sa communication

LE SYNDROME CAMEROUNAIS!!!

Dans une république où chaque jour on parle de liberté d'expression comment expliquer que certains aient le droit de tenir tout genre de discours et pas d'autres?

L'alternance! Un terme anodin qu'on manipule généralement sans difficulté dans différents domaines. Mais, il devient chargé de sens lorsqu'on le situe dans le contexte camerounais. Plusieurs décennies après, la même danse recommence. Cette danse me rappelle une histoire que m'avait contée ma grand-mère il y a plus de 30 ans: il y avait eu un discours de démission qui avait semé la terreur au Cameroun, plusieurs l'avait perçu comme un piège pour déceler les traîtres, d'autres n'y avaient pas cru, certains étaient même restés cachés sous leurs lits durant des jours au terme desquels, ils avaient été contraints de comprendre que c'était l'alternance qui entrait à grands coups.

Décidément ce mot "alternance", au Cameroun pose un véritable problème alors que tout le monde y pense secrètement. Pendant que certains s'offusquent à sa simple évocation, d'autres s'en inquiètent, s'interrogent ouvertement ou non. Certains choisissent d'en parler, d'autres préfèrent se taire. À chacun son choix, respectons le. Et moi aussi évidemment, je m'interroge "l'alternance au Cameroun" et quelque soient les systèmes, les secteurs, les domaines, les ministères, est-ce un sujet tabou?

Aidez-moi, je vous prie à y répondre. À mon avis, on devrait librement et même naturellement en parler au lieu de faire du Cameroun, un champ de bataille, de camps, de clans et de théoriciens contradictoires qui nous épuisent sur les réseaux sociaux à longueur de journée. Comprenons que le mot "contradiction" est un mot français qui existe dans le dictionnaire alors laissons le exister dans le jeu politique de notre pays.

Par ailleurs, les artistes camerounais d'essence ont le droit et la liberté d'exprimer leur opinion aussi, acceptons-le. Même s'il est vrai que dans le système auquel nous appartenons actuellement, quand tu décides de dire la vérité, sache que tu as décidé de marcher seul, d'être incompris, rejeté, insulté, dénigré et traîné dans la boue et aux oubliettes toutes les bonnes œuvres que tu as pu réaliser, tous les grands titres que tu as pu glaner, tout l'engagement et l'amour que tu as toujours donné. C'est le syndrome camerounais! Lui il ne pardonne pas et n'agit que pour détruire et dévaloriser. Il va te rappeler tes échecs, tes divorces, tes balbutiements, ton célibat, ton aigreur, ton impertinence, ta double nationalité, ta frilosité intellectuelle. Prépare toi, car il va te créer des crimes, des infidélités, une double vie, il va te faire pleurer, il va te dégoûter du Cameroun et parfois de la vie par ce qu’il va tout tenter pour te voler ta fierté. À ce stade de la bêtise, Dieu lui-même finira par nous tourner le dos. Comment s'étonner que de valeureux camerounais commencent à fuir leur nationalité, à se radicaliser alors que ça ne faisait pas partie de leur agenda?

Jadis "Être camerounais" était un esprit positif, un esprit de combativité, de persévérance, de démarcation positive. Aujourd'hui ce terme a perdu tout son sens: "Être camerounais" renvoie désormais à être envieux, méchant, jaloux, injurieux, menteur, malhonnête, malveillant, mauvais, malsain, aigris, manipulateur, conspirateur...

Nous sommes malheureusement aujourd'hui devenus des chiens! Nous sommes devenus des animaux! Nous sommes pour la plupart atteints du "syndrome camerounais", oui nous sommes malades. Nous sommes devenus des chiens souffrant de cécité politique, démocratique et systémique, nous avons été dressés pour manger et détruire nos propres frères, nos propres soeurs, nos mères, nos parents, nos épouses et parfois même nos enfants. Il n'est pas question de tenir un discours contradictoire de part et d'autre, chaque clan est là prêt à la riposte, prêt à donner des coups bas peu importe, on ne fait plus de différence entre hommes, femmes et enfants Non! Tous les coups sont permis et place à la sorcellerie et au vampirisme. Exprimer son désir de voir une alternance à la tête d'un pays a quoi de criminel? Qui est éternel ? 

La politique n'est qu'un jeu qui ne mérite pas qu'on s'étripe si profondément. L'alternance lorsqu'elle arrivera par ce que ce sera le cas, se fera par un mécanisme libre qui nous imposera un nouvel "ÉLU" et ce processus se discutera certainement aussi sur les réseaux sociaux, mais les actions fortes se feront sur le terrain politique. Nous sommes arrivés  à un stade où nous, camerounais ne nous tolérons plus, ne nous supportons plus, ne nous écoutons plus, n'arrivons plus à produire des analyses objectives tellement nous sommes animés par la rage. Oui, nous ne sommes plus des passionnés, nous sommes désormais des enragés! Alors autant mieux accepter de se faire vacciner! Par un vaccin anti covid19 ou par bien pire?

Nous avons besoin d'un vaccin originale et pure à base d'une culture saine, d'éducation, de sensibilisation positive et de morale pour redevenir des hommes, des femmes et des enfants empreints de l'esprit camerounais d'antan, car ce mal qui nous ronge est bien plus dément que le sida, que le corona. C'est un cancer métastasé orchestré par les acteurs politiques qui utilisent tout genre d'armes pour nous manipuler: le tribalisme qui sévit actuellement en est la forme la plus grave et les dégâts nous les voyons tous. Ce qui est sûr, c'est qu'il y a urgence dans l'alternance des mentalités, alors enfants du Cameroun, Ressaisissons-nous!!!

Je suis Lynda Raymonde, un rayon de soleil pour agrémenter  votre journée. Love u all

 

 

Auteur:
Claude Paul TJEG
 @T_B_D
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