Cameroun - Climat socio-politique/Bernard Tchoutang (Ancien international camerounais): «La politique, ces gens qui mettent des costumes ils vont à l’Assemblée, ils font semblant là, leurs familles vivent bien…donc je vous supplie d’arrêter de vous faire du tort»

Par Claude Paul TJEG | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 28-Apr-2020 - 15h18   9047                      
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Bernard Tchoutang, ancien Lion indomptable Capture d'écran
L’ancien attaquant des Lions Indomptables du Cameroun estime que la politique ne doit, en aucun cas, pousser ses compatriotes à verser dans le tribalisme et les invectives.

Le débat politique au Cameroun n’a jamais été aussi animé que ces deux dernières années. Depuis la présidentielle 2018, deux blocs politiques antagonistes s’affrontent. Les membres desdits blocs, appelés Tontinards selon qu’ils se réclament de l’opposition et du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) et Sardinards, à cause de leur sympathie pour le régime en place, se livrent à des joutes verbales quotidiennes sur les réseaux sociaux. Invectives, insultes à caractère tribalistes et menaces, tout y passe.

Quelques fois, la violence quitte même le monde virtuel d’internet pour se transposer dans la vraie vie. Ernest Obama, journaliste officiant pour le compte de la chaine privée Vision 4, réputée proche du pouvoir en place, s’est fait enfariner à Paris il y a plusieurs semaines par des activistes anti-Biya, qui lui reprochaient son impartialité dans le traitement de l’information.

Ce spectacle désolant, n’est pas du goût de Bernard Tchoutang. L’ancien international camerounais estime qu’aucun combat politique ne justifie l’exacerbation du tribalisme et  la division  de la société camerounaise.

«Mon nom de famille, ce n’est pas Tchoutang. Beaucoup de gens ne le savent pas. Mon nom de famille c’est Yoho. Yoho David c’est le nom de mon père. Mes grands frères s’appellent Yoho, mon petit frère s’appelle Yoho. Moi, je suis le seul qui s’appelle Tchoutang. Mais mon père a fait comme on fait souvent en Afrique. On choisit le nom d’un voisin, d’un cousin… Moi, on m’a donné le nom du chef du village. Le chef de Kondjock chez moi à Yabassi : Tchoutang. Parmi les neuf enfants que mon père avait, je suis le seul qui porte le nom Tchoutang. Tous les autres c’est Yoho».

«Beaucoup vont certainement dire que ce n’est pas possible que Bernard Tchoutang ne soit pas Bamiléké. Je suis Yabassien-Kondjock, je suis fier qu’on me prenne pour un Bamiléké, tellement fier. J’aurais été fier qu’on me prenne pour un Beti ou un tel. Ma fiancée est de l’Est. Dans vos familles, il y a beaucoup qui sont mariés aux femmes Bassa, aux femmes Beti et qui sont Bamiléké. Il y a beaucoup de Beti qui sont mariés aux femmes Bamiléké. Vous allez faire comment ? Maintenant, vous êtes en train de vous tirer dessus, de vous invectiver, de vous envoyer tous les mots du monde. Vous allez faire quoi quand ça va se calmer et qu’il faudrait que vous vous regardiez dans les yeux pour vivre ensemble. Vous allez faire comment alors que vous vous êtes dit toutes les choses les plus méchantes du monde. Donc s’il vous plait, arrêtons», a-t-il déclaré lors d’une live Session diffusée sur la page Facebook d’Afrik-Sport.

«Comme je vous l’ai dit mon papa est Yabassien-Kondjock, ma maman Doumbe est Yigui-Douala. La deuxième femme de mon père est Bassa de Songmandeng. Aujourd’hui, je vais choisir qui et laisser qui ? Dans vos familles, il y a tellement de cas comme le mien. Vous allez faire comment ? Donc s’il vous plait, la politique, ces gens qui mettent les costumes, ils vont à l’assemblée, ils font semblant là, leurs familles vivent bien, ceux qui les supportent vivent bien avec eux. Et vous, le petit peuple-là, vous vous insultez, vous vous tuez, vous faites des choses. Donc je vous supplie d’arrêter de vous faire du tort».

«Ceux qui réclament le changement, c’est leur droit. Ceux qui réclament le statu quo, c’est leur droit mais je pense qu’ils se trompent parce que vous voyez un peu partout en Afrique. Nous tous, on voyage. Nous devrions avancer parce qu’on a la qualité, l’intelligence. Tous les enfants camerounais sont intelligents», a-t-il ajouté.

 

 

 

 

Auteur:
Claude Paul TJEG
 @T_B_D
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