Cameroun – Propos du président français sur la situation du pays/Me Claude Assira: «Si le président Macron vient dire ce qui m’arrange, j’aurais tendance à être content»

Par Pierre Arnaud NTCHAPDA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 30-Nov-2020 - 15h17   12117                      
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Me Claude Assira archives
Le juriste estime qu’un Etat qui se fait régulièrement aider par un autre, ne devrait pas s’offusquer de ce que celui-ci s’intéresse à ses affaires intérieures.

La dernière sortie d’Emmanuel Macron dans les colonnes de l’hebdomadaire Jeune Afrique fait réagir au Cameroun, un des pays dont le président français a commenté l’actualité dans les colonnes du journal panafricain. L’on se rappelle qu’il avait demandé à Paul Biya « d’effectuer des gestes d’ouverture » vis-à-vis de son opposition interne.  Le sujet était en débat dimanche 29 Novembre 2020 dans le programme de Canal 2 International Canal Presse. Me Claude Assira , l’un des intervenants a défendu et expliqué l’ingérence de la France dans les affaires du Cameroun.  « Comme tout Camerounais, j’aurais préféré mille fois  qu’il n’y eut jamais d’interférence dans la politique interne du Cameroun. Mais force est également de  reconnaître qu’aujourd’hui le droit international est un droit largement ouvert, que le monde est mondialisé si je peux employer ce pléonasme.  Aujourd’hui c’est un village planétaire, pour reprendre l’expression habituelle. Donc tout le monde se mêle de tout y compris quand ce n’est pas à l’intérieur de votre pays.  On critique les Etats-Unis, nous on ne se gêne pas pour avoir une opinion sur ce qui se passe dans les pays voisins. C’est aussi cela, qu’on puisse avoir le regard d’autrui », a entamé l’avocat au Barreau du Cameroun.

Il a ensuite insisté sur le fait que la situation du Cameroun est la même que d’autres nations connaissent ou ont connu. Il a rappelé que pour ce qui concerne les relations bilatérales, il arrive qu’un pays sollicite le soutien d’un autre, ce qui d’emblée lui donne un certain droit de regard sur ses affaires internes. « Le monde n’est pas né à l’intérieur du Cameroun. Le ciel ne s’arrête pas au-dessus du Cameroun. Les problèmes que nous avons sont des problèmes que d’autres connaissent ou ont connu autrefois. Donc parfois leur jugement, leur analyse peut nous être utile.  Ne vivons pas fébrilement là sur ces questions en se disant : « il ne faut surtout pas, il ne faut surtout pas ». Je voudrais juste signaler en passant que lorsque nous avons besoin nous, de leurs aides, qu’elles soient financières, militaires ou autres, on ne se gêne pas pour y aller. Vous ne pouvez pas demander à des gens de n’avoir qu’un regard à sens unique à l’égard de votre intérieur. A partir du moment où vous ouvrez votre porte ou votre fenêtre, vous demandez à quelqu’un d’autre de venir voir ce que vous êtes en train de faire, c’est évident que vous lui donnez la possibilité d’avoir un droit de regard même lorsque vous n’avez pas envie qu’il vienne le faire. Et c’est le cas aujourd’hui malheureusement », constate Me Assira.

Le célèbre avocat prescrit aux Etats à défaut de résister à l’envie de tendre la main, de s’assurer qu’ils ont une gouvernance irréprochable qui ne suscite pas les remarques ou ma réprobation de leurs partenaires. « Mais en même temps, pour terminer, disons les choses comme elles sont. Si vous rentrez dans un environnement qui est mondialisé, adaptez-vous aux standards de la vie mondialisée parce que vous avez choisi. Le Cameroun a adhéré à un certain nombre de choses, d’outils internationaux de gestion qu’on appelle aujourd’hui la gouvernance. La gouvernance des personnes, la gouvernance des biens etc. Si vous ne respectez pas ce qui est des standards minimum de comportements, je suis désolé. Si le président Macron, même si je ne veux pas qu’il intervienne vienne dire ce que j’ai envie qu’il dise sur la gestion des libertés publiques, libertés fondamentales, la question de l’injustice, la question de la gouvernance, je ne serai  pas d’accord qu’un tiers vienne se mêler, mais s’il vient dire ce qui moi m’arrange, je suis désolé, j’aurais tendance à être content. Plutôt que d’aller critiquer le comportement de celui qui est venu regarder dans votre maison essayez   peut-être déjà un peu d’assainir, d’ouvrir les  fenêtres, de balayer pour que ça puisse être propre, pour que vous ne prêtiez pas le flanc aux critiques des gens que vous n’avez pas envie d’entendre », propose le célèbre avocat.

 

Auteur:
Pierre Arnaud NTCHAPDA
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