Cameroun/Suisse - Colère: L’écrivain camerounais Timba Bema veut voir la statue de Leclerc «tomber»

Par Pierre Arnaud NTCHAPDA | Cameroon-Info.Net
YAOUNDE - 27-Jul-2020 - 12h18   6327                      
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L'écrivain Timba Bema facebook
Le lauréat du Grand Prix littéraire d’Afrique Noire en 2018 a émis son avis dans la dernière édition de l’hebdomadaire Jeune Afrique.

«La statue du maréchal Leclerc doit tomber». Ainsi est intitulé le texte du poète camerounais Timba Bema, publié dans la rubrique «le courrier des lecteurs» de l’édition de Jeune Afrique en kiosque cette semaine. Le lauréat du Grand Prix Littéraire d’Afrique Noire en 2018 rappelle que des activistes camerounais ont déjà tenté de dégager la statue de l’officier français. «Installée depuis 1948 en plein cœur du quartier des affaires à Douala, la statue du maréchal Leclerc a été décapitée puis recollée à sept reprises. Elle a notamment subi les assauts successifs des activistes Camille Mboua Massock et André Blaise Essama, sans que les autorités camerounaises ne se décident à la déboulonner», écrit l’écrivain installé en Suisse.

Il pointe une certaine faiblesse du pouvoir camerounais désireux de ne pas froisser Paris ainsi que la jeunesse camerounaise dont l’inaction le sidère. «Elles (les autorités camerounaises) ne veulent surtout pas fâcher la France – laquelle, d’ailleurs, assure l’entretien du monument à travers la fondation Maréchal-Leclerc. Le plus surprenant est l’apathie des jeunes. Ils répètent comme des perroquets fiers qu’ils sont camerounais, mais ne se sentent pas humiliés par la présence de cette statue, alors que leurs ancêtres enrôlés de force n’ont même pas une plaque en bois commémorant leur sacrifice».

Timba Bema croit que la chute de la statue de Leclerc est inévitable. Il pense que ce moment qu’il attend sera le symbole de la libération définitive de son pays. «Tôt ou tard, ils devront faire tomber Leclerc. «Ne devrait-on pas éviter de réécrire le passé?», se demandent certains. «La mémoire coloniale ne devrait-elle pas être préservée?», renchérissent d’autres. Répondons-leur ceci: un pays pauvre n’a pas droit à l’oubli, surtout quand cet oubli le maintient dans un état de vulnérabilité. Leclerc doit tomber pour que le corps camerounais se redresse enfin et que, comme lui, un pied en avant, une main sur la hanche, l’autre tenant une canne, il scrute l’horizon avec le sourire radieux de celui qui est confiant en sa destinée», écrit Timba Bema.

Auteur:
Pierre Arnaud NTCHAPDA
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